Pourquoi ? (3)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

Lorsqu’on se demande pourquoi il y a de telles ressemblances, vous constaterez qu’il s’agit  toujours du Culte de la Grande Mère de tous les Etres Vivants, la Déesse de la Lune. Elle est plus connue sous le nom d’Ishtar de Babylone, mais elle a été adorée sous plusieurs noms dans différents pays où elle était prédominante : Attar en Mésopotamie, Ather en Arabie, Astar en Abyssinie, Atargatis en Syrie et Astarté ou Artémis en Grèce. Elle est la force qui se manifeste en donnant et reprenant (ou en redonnant à nouveau) la vie. Elle est aussi la « force d’amour », la Déesse Sorcière qui se présente ainsi :

Je ne connais d’autre loi que l’amour,
Ce n’est que par l’amour qu’on peut me connaître
Et tout ce qui vit est mien,
De moi tout est issu, à moi tout retournera.

Elle est la Grande Mère de Tout, celle qui apporte la fécondité et le pouvoir de reproduction. Toute vie vient d’elle, tous les fruits et cultures qui sont sources de vie, tous les animaux et tous les hommes sont ses enfants. Elle est Celle qui donne et Celle qui prend, la Déesse de Vie, de Mort et de Renaissance, mais tout cela elle le fait avec amour.

En plaisantant on la présente comme « la Mère qui fesse et embrasse tendrement ses enfants. »
La célèbre « Danse des Sept Voiles » était à l’origine une cérémonie religieuse, l’histoire de
Tammuz et Ishtar, qui était une partie importante du rituel de l’histoire de la Grande Déesse.
Cette cérémonie était pratiquée par les Juifs de l’Antiquité, mais parmi eux des puritains se sont fermement opposés à sa pratique dans le Temple de Salomon et cette danse a été condamnée par les prophètes bibliques. Tous les ans Tammuz ou Adonis (de « Adonaï » qui signifie « Seigneur ») mourait et allait aux Enfers et l’hiver arrivait et les fruits de la terre venaient à manquer. Ni l’homme ni les animaux ni les plantes ne pouvaient plus se reproduire, ils ne pouvaient même plus souhaiter se reproduire. Tous se laissaient aller à une inactivité désespérée.
L’histoire de « La Descente d’Ishtar aux Enfers » est décrite sur des tablettes cunéiformes :

Depuis que Dame Ishtar est descendue au Pays dont on ne Revient pas,
Le taureau ne monte plus la vache,
L’homme n’engrosse plus la femme
L’homme dort dans sa chambre
La femme dort seule.

Nous pouvons penser différemment, mais pour les anciens, la capacité et le désir de fécondité étaient des dons des Dieux. Lorsque la déesse était absente de la terre et qu’elle était au Pays d’où on ne revient pas, tout désir naturel était aussi absent sur terre. Ainsi, l'humanité tout entière se lamentait lorsque la Déesse était allée dans l’Autre Monde pour sauver son amour. A chacune des six portes, des gardiens lui avaient enlevé certains vêtements symbolisés par les voiles. Lorsqu’elle fut nue, à la septième porte, on lui a pris ses bijoux. Ainsi rituellement nue, en Reine des Enfers, elle a rayonné de pouvoir magique et a secouru Tammuz puis l’a ramené dans le monde des hommes.
Certains pensent que la perte de ses vêtements et bijoux représente le déclin de la lune, jusqu’à ce qu’elle croisse à nouveau en beauté et puissance.
La magie et l'inspiration sont ses dons. Elle est la Déesse de la Magie et des Magiciens. Aphrodite a enseigné à son fils Jason « à faire descendre la Lune sombre, invoquer Hécate, car elle n’avait pas le pouvoir de magie. »
Les Rites d’Hécate se pratiquaient de nuit, ils avaient pour but d’éloigner le mal. Elle est la Dea-Triformis des carrefours, la Reine des Fantômes, et elle erre nuitamment suivie d’une terrible troupe d’esprits et de chiens hurlants. Elle est reine de tout ce qui vit dans les parties cachées de la psyché, nous dirions aujourd’hui dans l’esprit inconscient. Dans l’art antique, elle est souvent représentée sous l’apparence d’un personnage triple mais unique, Artémis, Sélène et Hécate. Artémis est la lune croissante, Sélène la pleine lune, et Hécate la lune sombre. Elles ont d’habitude un grand couteau (l’Athamé des sorcières), une torche et un fouet ou une escourge. Le plus grand pouvoir magique réside en Hécate, la lune sombre, dont les rites sont toujours célébrés de nuit.

Le treize août, il y avait un grand festival dédié à Artémis en Grèce et à Diane, la Reine du Ciel, à Rome, pour empêcher l’arrivée des tempêtes d’automne qui pourraient gâcher les récoltes. Aujourd'hui dans ces pays, le même jour, le treize août, on adresse une prière à la Vierge Marie, Reine du Ciel, pour détourner les tempêtes jusqu’à ce que les récoltes soient rentrées.

Des femmes de tous les pays d’Asie occidentale et de nombreux pays du sud de l'Europe portent un croissant comme amulette pour obtenir l’aide de Mère Lune au moment de l’accouchement: Aujourd’hui, ces femmes vous diront que la Mère Lune c’est la Vierge Marie et elles feront une révérence à la lune dans le ciel. Pour la plupart d’entre nous, voir directement la nouvelle lune sans être derrière une vitre porte chance, parce que si vous la voyez à travers une vitre cela signifie que vous êtes dans une maison et non pas, comme vous devriez être, dehors pour rendre hommage à la nouvelle lune. Chez les primitifs, de vieilles histoires racontent qu’ils sortaient de leur demeure pour accueillir la nouvelle lune.
Selon une curieuse superstition c’est la lune qui envoie les enfants aux femmes. Pas directement mais via un oiseau lunaire géant. Peut-être est-ce là l’origine de notre légende voulant que ce soient les cigognes qui amènent les bébés.
Je me souviens d’un grand vol de cigognes au-dessus de Jérusalem quand j'étais là-bas (les ailes font un bruit extraordinaire) et les gens ont dit: « Il y aura beaucoup de naissances dans les prochains jours. »  
Parfois, le croissant de lune a été vu comme un bateau magique qui navigue sur les eaux de l'espace, qui apportait de nouvelles âmes à naître sur terre et qui emportait les âmes des morts vers l’Autre Monde. Les Trois Reines qui ont emporté le Roi Arthur mourant en Avalon étaient la Triple Déesse dans son bateau-Lune.  

Presque partout dans le monde non chrétien, la lune est surtout servie par des femmes, même si les hommes peuvent avoir un rôle subalterne lors du rite. Mais les femmes ont le pouvoir magique de pratiquer les activités fertilisantes de la lune, y compris faire pleuvoir et garder le feu sacré qu’on ne doit pas laisser mourir. Quand un homme est faiseur de pluie, il exerce généralement ces fonctions en vertu d’un mariage avec une prêtresse de la lune. Dans de nombreuses régions d’Afrique, le faiseur de pluie doit être assisté d’une femme qui versera de l’eau. Le roi du Dahomey est l’incarnation du Dieu Lune et le principal faiseur de pluie, mais il ne peut faire pleuvoir seul, il doit être aidé par la prêtresse du Dieu Lune. Dans de nombreuses tribus d’Afrique le rituel de pluie doit être pratiqué par des femmes nues qui prennent de l’eau de sources sacrées et se la jettent sur elles-mêmes.

 


 
 

 

 

 

 

 

 

 

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