Certaines idées de la Bretagne Celtique (6)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

Dans les Chroniques Britanniques, Geoffrey de Monmouth nous parle de la fondation de Londres par Brutus, l’arrière-petit-fils d’Enée de Troie, en l’an 1103 avant notre ère. Tous les Londoniens croyaient en cette histoire jusqu’à ce que Polydore Virgile fut employé par le Roi de France et l’Eglise de Rome pour discréditer les documents prouvant que les Tudor descendaient d’Arthur et des rois antiques ainsi que toute idée soutenant qu’il y avait une civilisation en Grande-Bretagne avant la conquête du pays par les Romains. Il a si bien réussi que nous commençons seulement à redécouvrir la vérité au sujet de l’ancienne civilisation Britannique. Mais à l’époque où Henry VIII se disputait avec le Pape, le parti anti-britannique a fait une « guerre d’intoxication » et cela en faisait partie. Aujourd’hui, le but politique de discréditer les anciennes traditions britanniques est évident. Une Eglise Anglicane tirant son autorité d'Henry VIII était dans une position de faiblesse alors qu’une Eglise tirant son autorité de Joseph d'Arimathie c’était tout à fait autre chose, c’était presque aussi dangereux que la tradition parlant d’une civilisation antique tout à fait indépendante de Rome.

Geoffrey a donné les listes des rois Britanniques antiques et les dates de leur règne depuis Brutus, ainsi l’histoire selon laquelle l’écriture était encore inconnue en Grande-Bretagne avant la venue des Romains ne pouvait être exacte sinon il aurait été impossible que ces noms et textes aient été préservés. De nos jours nous savons que de tels arguments ne tiennent pas. Les Maoris de Nouvelle Zélande font apprendre de longues filiations, par cœur, et elles remontent jusque il y a mille cinq cents ans.

De plus, César dit des druides (De Bello Gallico, VI.) :

Il est dit que dans les écoles Druidiques ils apprennent par cœur un grand nombre de vers et que certaines personnes y suivent un enseignement pendant vingt ans. Ils ne pensent pas qu’il soit bon de mettre cet enseignement par écrit, bien que pour tous les autres sujets et pour leurs comptes publics et privés ils se servent de l’alphabet grec. Je pense qu’ils ont adopté cette pratique pour deux raisons - ils ne souhaitent pas que leur savoir se popularise ni que ceux qui suivent cet enseignement comptent sur l’écriture et négligent ainsi de cultiver leur mémoire.

Plus tard, cependant, une forme d’écriture, les Oghams, s’est développée, apparemment en Irlande. Ensuite, entre les second et septième siècles de notre ère les Oghams se sont répandus au Pays de Galles, en Cornouailles, dans le Devon, l’Hampshire, et l’Ile de Man. Cette forme d’écriture semble propre aux Iles Britanniques et sa connaissance fut préservée dans la mémoire populaire Irlandaise jusqu’au 19ème siècle.

A l’époque de Polydore Virgile on croyait généralement qu’il n’y avait pas eu d’écriture avant l’essor de Rome, cet auteur avait du moins écarté cette idée. On pensait que les Phéniciens étaient les premiers navigateurs à se rendre en Grande-Bretagne, on ne savait pas que les bateaux de Mycènes et de Crète venaient ici régulièrement. Troie elle-même était considérée comme un mythe jusqu’à ce que Schliemann, se basant sur un rêve, se soit rendu sur place et déterre Troie. A sa grande surprise il a découvert qu’il n’y avait pas une mais six Troie. Il y a trouvé un objet en or de facture irlandaise semblable à ceux trouvés par Sir Flinders Petrie à Gaza. Cela montre qu’il y avait des liens commerciaux entre ces villes et les Iles Britanniques. En outre, personne ne savait, à cette époque, que de grandes quantités de perles égyptiennes furent  importées en Grande-Bretagne par des bateaux en provenance de Crète et de Mycènes, ou que les Troyens étaient de grands marchands et des navigateurs. Ainsi lorsque Troie fut détruite il n’est pas impossible ni invraisemblable qu’un certain nombre de réfugiés soient allés là où ils pouvaient obtenir de bonnes terres et se fixer.



 

 

 

 

 

 

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