En Afrique Occidentale

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

 

Je me suis rendu au Ghana et au Nigeria au cours des hivers 1952 et 1953. Il est extrêmement difficile de pénétrer les vrais cercles magiques quel que soit le pays où l’on se trouve. La première année, je n'ai pas eu de chance. Après avoir fait une conférence sur la sorcellerie à Accra au Ghana, en janvier 1954, dans les locaux de l’auberge de jeunesse, il y a eu une discussion informelle. L’information a commencé ensuite à arriver jusqu’à moi, petit à petit, et maintenant je vois comment fonctionne là-bas la magie. Je sais bien sûr qu'ils ne me révèlent pas tous leurs secrets. D’après ce que j’ai vu, ils utilisent deux des moyens dont se servent également les sorcières pour produire de la puissance, mais ces deux moyens semblent être utilisés sur la terre entière.

On apprend à une sorcière européenne « qu’il y a de nombreux chemins ou voies menant au but » et elle en utilise plusieurs (ou tous) combinés en une opération pour lever le plus de pouvoir possible. Mais, de nos jours, elle n’est au mieux qu’amateur, elle ne pratique que de temps en temps alors que le sorcier africain est un professionnel.

Peut-être constate-t-il qu'il peut faire tout ce qu'il veut par ces méthodes et qu’il n’a donc pas besoin de l’aide supplémentaire dont se servent les sorcières européennes. Il est aussi possible que les sorciers africains connaissent toutes les méthodes des sorcières et qu’ils les utilisent de temps en temps. Il y a la barrière de la langue. Il y a aussi qu’ils n’avaient aucune raison de me montrer leurs secrets les plus secrets, mais je n’ai pu trouver que deux ressemblances. Comme la Magie n’a été faite que pour me montrer comment ils faisaient, je ne peux pas dire si elle marche ou non. Ils m'assurent, cependant, qu’elle marche. J’ai demandé d’où venait la puissance, ils m’ont répondu qu’elle venait des dieux locaux. Ils ne semblaient pas penser qu’elle pouvait venir d’Egypte.

Il y a de nombreuses preuves de relations entre l'Egypte et la Côte d’Afrique Occidentale, mais selon mes recherches il n’y a des preuves de ces échanges que via les caravanes arabes au cours des mille dernières années, c'est-à-dire à une époque où ces pays étaient déjà établis. Il est tout à fait possible qu’il y ait eu des pays dont nous ne savons rien qui avaient des relations maritimes avec l'Egypte via les Carthaginois et d'autres, mais il n’existe aucune preuve de cela. Les seules relations dont nous sommes certains datent d’une époque où les prêtres égyptiens avaient été remplacés tout d'abord par les Chrétiens puis par les Musulmans depuis près de 1000 ans.

Si je connaissais exactement le système de magie utilisé par les prêtres égyptiens, il serait facile de le dire. Ce qui est décrit dans des livres n'a aucune ressemblance avec les pratiques des sorcières, mais il est plus que probable qu’ils avaient un enseignement secret qu’ils n'ont pas mentionné dans leurs écrits.

Tout ce que je peux dire avec certitude, c’est qu'il y a des ressemblances entre la magie européenne et celle qui est utilisée aujourd'hui sur les côtes d’Afrique Occidentale. Mais, bien sûr, il ne s’agit pas là d’une preuve irréfutable.

Les européens sont allés en grand nombre sur cette côte au cours des 500 dernières années et y ont importé un bon nombre de croyances et de coutumes. Par exemple, Don Alfonso D’Aleiro vivait en 1485 dans la capitale du Bénin. On dit qu’il y a introduit (intentionnellement) les armes à feu et la noix de coco et (involontairement) la pratique de la crucifixion à cause des crucifix portés par lui et les siens.

Le fameux arbre à crucifixion de la capitale du Bénin servait continuellement jusqu'à ce qu'il fût détruit par une expédition britannique en 1897. Les persécutions de sorcières étaient terribles entre 1400 à 1700, est-il impossible qu'une pauvre sorcière se soit portée volontaire pour une expédition exploratoire, dangereuse et malsaine, pour échapper à l’inquisition ? Certains rois du Bénin furent de fameux magiciens et astrologues.

Ils auraient facilement pu protéger un collègue et utiliser son savoir. Ainsi, alors que la théorie de M. Hughes m’intéresse beaucoup et que j’aimerais bien savoir s’il a raison, je ne peux que dire qu'autant que je sache, elle n’est pas prouvée.



 

 

 

 

 

 

 

 

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