Pourquoi ? (5)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

Nous avons trouvé le Temple de Jehovah et dans ses restes il y avait une très belle statue en ivoire de la Déesse. Selon un article publié dans The Observer, le 10 Juillet 1955, « Découverte du Passé de la Terre Sainte » par T.R. Fyvel, sur le site d’un temple Cannanite (vers 1750 avant J.-C.) se trouvant au bord de la mer de Galilée occidentale, une équipe dirigée par Dr. M. Dothan a découvert un « haut lieu » d’environ quatorze mètres de diamètre… On a trouvé un moule en pierre, ce fut une découverte frappante, la première de son genre en Israël, une déesse cornue avec un couvre chef conique, de longs cheveux et une apparence provocante - il pourrait s’agir d’Ashera de la Mer ou Astarté.  

Un bronze coulé dans le moule en pierre illustre l’article, il s’agit d’une déesse mince, nue, à l’exception de ses ornements rituels, et avec une expression délicieusement espiègle.

Mais après le triomphe du parti puritain dans l’ancienne Palestine, les documents que nous appelons maintenant la Bible ont été soigneusement édités et expurgés pour supprimer toute mention favorable de la Déesse-Consort et ses rites.

Bien des années plus tard, sous l'influence de Saint-Paul et d’autres de son espèce, un grand nombre de personnes a consacré sa vie comme ermites à s’infliger des tortures désagréables. Ils sont devenus incontrôlables dans leur comportement excentrique et ont dirigé des émeutes et des effusions de sang. Ils ont plus tard été enrégimentés dans des couvents et des monastères. Les chefs religieux connaissaient l’idée derrière cela, même si je doute qu’aujourd’hui le clergé et ses élites le réalisent encore. Mais il ne fait aucun doute qu’une grande partie de la force de l’église primitive résidait dans la grande réserve de « pouvoir » qui était constamment créé dans ces établissements dans le monde entier (en s’abstenant de tout rapport sexuel), en dirigeant constamment les pensées vers la volonté de l’Eglise et son accroissement et parfois par des tortures comme le port de ceintures douloureuses et de bracelets à pointes et par la flagellation. Dans le même temps, un tel pouvoir est créé de façon gaspilleuse et comme il ne semble pas y avoir de formule raisonnable pour le préserver et le contenir, il ne cesse de s’échapper et de se dissiper. D’où la fréquence de curieuses histoires de  phénomènes psychiques particuliers dans les monastères et couvents, comme celui de la « religieuse possédée » de Loudun et les autres du même genre, toutes attribuées bien sûr au « Diable » omniprésent ou aux « miracles ». Les Jésuites sont le seul ordre chrétien qui fait aujourd’hui consciemment usage de ce pouvoir et il faut noter que pratiquement tous les pays du monde ont eu à un moment ou l’autre des lois contre cet Ordre, car ils influençaient toujours trop les choses en leur faveur.

Saint-Clément d’Alexandrie, qui, avant de devenir chrétien, avait été initié au culte de la Déesse Cybèle dont le symbole était un croissant de lune en union perpétuelle avec le soleil, a dit que la profession de foi suivante était faite :

     J’ai mangé dans le tambourin,
     J’ai bu dans la cymbale,
     J’ai porté la vaisselle sacrée,
     Je suis entré dans la chambre nuptiale.

Il semble évident que « j’ai mangé dans le tambourin et bu dans la cymbale » signifie qu’un repas sacré ou une sorte d’Eucharistie avec de la nourriture et de la boisson, qui avait été bénies, était consommé dans les « outils de travail » du culte, et l’on sait que ce repas était composé d’ un gâteau d'orge et de vin. Il faut noter que le « repas sacré » des sorcières « les Gâteaux et le Vin » se compose de gâteaux (de tout type) et de vin, qui sont bénis, puis mangés et bus dans les « outils de travail », et cette bénédiction a au moins une signification phallique ou liée à la fertilité. « J’ai porté la vaisselle sacrée » peut être quelque chose de similaire à la coutume sorcière voulant que chacun ait l’un des « outils de travail », en général l’Athamé, à la main lorsque ses mains sont inoccupées autrement. Peut-être qu’à l’époque de Saint-Clément « entrer dans la chambre nuptiale » impliquait plus qu’une bénédiction de fécondité, je le mentionne pour montrer comment les anciens mystères étaient tous liés entre eux.

Dans ces mystères, pour démontrer la réalité que Dieu est masculin et féminin et que le bonheur véritable consiste en leur union, il était d’usage que les femmes lors de leur initiation aux mystères de la Grande Déesse sacrifient leur virginité lors d’un mariage sacré, le hieros gamos, qui était parfois consommé avec une statuette phallique, parfois avec un étranger et parfois avec un prêtre. Il s’agissait de rendre l’acte impersonnel. Le prêtre était considéré comme une incarnation du Dieu, l’étranger aussi.

Il pourrait même être le Dieu lui-même. Ils étaient tous deux étrangers l’un pour l’autre et ne s’étaient jamais rencontrées avant et ne se rencontreraient probablement plus à l’avenir. Même si on accepte l’idée que les premiers écrivains protestants avaient certains préjugés, il ne fait guère de doute que, jusqu’à au moins l’époque d’Henry VIII, il y avait certains couvents où les religieuses ont été considérées comme les épouses des prêtres et se conduisaient régulièrement utilisées comme telles.



 
 

   

 

 

 

 

 

 

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