Pourquoi ? (2)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

Nos jeunes gens et jeunes filles doivent être préservés de tout ce qui pourrait leurs donner des « idées ». Ainsi, l’art doit consister en des gribouillis d’enfants avec une signification obscène. En fait, il est préférable que les personnes soient sardoniquement obscènes, plutôt que d’être naturelles et bénies par la Grâce de Pan. Ainsi, leur sens de la beauté du sexe et de la nature doit être systématiquement détruit et ils doivent apprendre que « le mariage n’a été ordonné que pour faire des enfants », réduisant ainsi l’amour humain au niveau de l’élevage du bétail.

Car si ils pensent à la beauté, ils ne seront jamais grands Commissaires. Ils ne seront jamais prêts à trahir leur pays sur ordre du « Parti ». Et par-dessus tout, ils ne pourront jamais occuper un emploi sans âme ou avoir une vocation comme celle de fomenteur de grève, bourreau Nazi, ou être l’un de ces « Chiens de Dieux » Dominicain qui ont mené l’Inquisition. Ils n’auraient jamais permis à Savonarole de détruire tout ce qui est beau. Ils ne seront jamais Puritains, comme ceux qui ont fait un tel désert de l’Angleterre et dont nous continuons de subir les excès (un capitaine de bateau est revenu un dimanche d’un voyage long et périlleux, a embrassé son épouse puis a dû se cacher le reste de la journée car il était harcelé par la foule pour le crime terrible d’avoir « brisé le Sabbat »).

Qu’il s'agisse des Commissaires Rouges en Europe ou des « enquêteurs » du MacCarthysme en Amérique, des chefs de la Gestapo au XXe siècle ou des prêtres qui chassaient les sorcières au Moyen-âge, ils sont tous apparentés spirituellement. Le même poison noir les ronge tous, la soif dissimulée de pouvoir, imprimant dans les profondeurs de l’inconscient la peur et la répression.

Il n’y a pas de place pour ce genre de choses dans le culte des sorcières, ni dans les religions à  mystères qui furent ses prédécesseurs à l’époque du matriarcat de l’Age du Bronze, tant qu’elles  sont restées fidèles à leurs traditions. Le but de l’initiation était de donner aux néophytes l’enseignement ésotérique qui les débarrasserait de leur peur de l’inconnu et les aiderait à trouver une philosophie qui donne un sens à l’Univers, notamment les doctrines de la réincarnation, le karma et l’immortalité de l’âme humaine. Dans les orgies sacrées ils perdaient leurs inhibitions et trouvaient l’extase et la Bénédiction de Pan.

Nous ne savons pas d’où vient la religion puritaine et patriarcale. Dans « La Déesse Blanche », Robert Grave a suggéré qu’elle venait de l’Est. Mais il est certain que c’est à l’époque préhistorique qu’elle a commencé à infiltrer, saper et parfois attaquer les formes les plus anciennes de la religion. Pourquoi est-ce arrivé est une question encore plus ardue. La réponse peut résider dans l’ancien enseignement ésotérique selon lequel les affaires humaines suivent un certain cycle cosmique. Peut-être a-t-il été nécessaire pour la race humaine de descendre dans le « Kali Yuga », ou Ages Sombres comme on l’appelle en Extrême-Orient, ou « L’Ere du Poisson », Le Signe de la souffrance et de l’autodestruction, afin d’apprendre d’importantes leçons.

Les puritains Juifs des temps Bibliques qui voulaient détruire les « Hauts Lieux », semblent avoir initié l’idée que « La Beauté est Mauvaise ». Je suppose que c’est parce que ceux qu’ils cherchaient à détruire, les prêtresses qui adoraient la Reine du Ciel, étaient belles et peut-être parce que leurs jeunes hommes de façon indocile demandaient : « Pourquoi devrions-nous détruire les choses qui sont belles et agréables? »

Ainsi les gens ont été conditionnés à penser que la laideur était sacrée, comme plus tard les chrétiens l’ont déclaré : « La saleté est sacrée, la propreté est du domaine de la sorcière et du Diable ». Ils parlaient des dangereux ennemis des bons chrétiens qui attendaient dans l’obscurité pour s’emparer de leurs âmes pour le compte du Diable et ils décrivaient ces ennemis sous la forme de nymphes des bois, de Lorelei et de sorcières, comme dans la légende de Tannhäuser, avec des yeux comme des étoiles et des dents comme des perles, leurs belles épaules et poitrines blanches brillant à la lueur des étoiles (les histoires de sorcières laides, démentes et vieilles ne sont venues que bien plus tard). Ainsi, les premiers Chrétiens ont poussé leurs convertis à piller et détruire les villas et les temples païens et plus tard, les Puritains ont poussé les foules à détruire les belles églises chrétiennes, à briser les vitraux et dégrader les splendides sculptures à leur portée. Lorsqu’un prêtre ou un ministre outré a entendu « Il y en a toujours qui adorent la beauté, qui disent que l’amour et la mort ne font qu’un car l’amour est plus fort que la mort, qu’il vous suit dans l’autre monde, et s’aventure au-delà de l’espace et du temps, qui disent que la bonté est aussi le bonheur et que le bonheur est un bienfait », un tel culte était voué à la destruction.

Comme je l’ai dit, il y a certaines idées religieuses qui semblent venir tout naturellement aux hommes. Je ne peux qu’en conclure que c’est parce qu’ils en ont besoin de façon fondamentale. Par exemple, chez les Indiens d’Amérique, les garçons passent une longue période dans les bois, soumis à une période de jeûne, de purge et de flagellation. Le garçon subit cela pour se placer en contact direct avec le divin « Quelque Chose ». Les Grecs parlaient du Noumène derrière le monde manifesté du phénomène. Nous pourrions dire qu’il s’agit des couches les plus profondes de l’inconscient. Ce rite est ce qui change un enfant en homme, en conséquence, on parlait d’un « Rite de Passage ». Lorsqu’il quitte la catégorie des garçons et devient un guerrier, il a acquis un esprit gardien, ou un contact avec les Dieux, qui devient un guide pour toute sa vie. En Europe, en Asie et en Afrique, à des périodes où il n’est pas possible qu’il y ait eu des contacts entres eux, pratiquement tous les peuples primitifs avaient à peu près les mêmes cérémonies d’initiation. Il s’agissait d’initiations à la prêtrise, à des pouvoirs magiques, à des sociétés secrètes et aux Mystères. Elles étaient généralement considérées comme nécessaires pour le bien-être de la tribu, ainsi que de la personne. Ces initiations comprenaient généralement une purification et des épreuves de courage ou de force - souvent sévères et douloureuses, l’enseignement des traditions tribales, d’une connaissance sexuelle, de la fabrication de charmes et des questions religieuses et magiques ainsi que, souvent, un rituel de mort et de résurrection. Voici ce en quoi consistait la pratique des Amérindiens.


 
 

   

 

 

 

 

 

 

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