Les Conciles ecclésiastiques étaient eux aussi bien occupés, ils voulaient anéantir l’ancienne religion et prendre totalement le contrôle de l'Etat. Lors du Conseil d'Ancre en 314, par exemple, Vitalis, l’évêque d'Antioche, saint Léon de Césarée et de nombreux autres évêques, ont dénoncé des pactes avec le diable. Ils se sont aussi opposés au végétarisme, en tout cas, son 14e canon ordonne que « les membres du clergé seront punis s’ils refusent obstinément de manger de la viande ou des légumes cuits avec de la viande. » Le 18e canon excommunie ceux qui, ayant été nommés évêques et été refusés par les gens du diocèse dans lequel ils ont été nommés, souhaitent s’approprier d’autres diocèses (une indication sur la façon dont les évêques pouvaient se comporter à cette époque). Le 24e canon condamne à cinq ans de pénitence ceux qui utilisent la bonne parole ou la sorcellerie pour guérir des maladies ou ceux qui suivent les coutumes des Gentils (c'est-à-dire des païens). Le 15e canon décrète que les biens d’églises vendus illégalement par des prêtres lors d’une vacance de l’évêché seront récupérés par l'Eglise (apparemment sans dédommager aucunement l’acheteur innocent, un exemple typique de l’ancienne loi romaine Caveat emptor, « que l’acheteur prenne garde »). L’Eglise ici prend clairement le pas sur le droit civil. Ce fut encore plus évident en 453 lors du Concile d’Angers, dirigé par Léon, Archevêque de Bourges. Son 1er canon dit : « Que comme les évêques ont reçu le pouvoir de juger les affaires civiles, le clergé doit, à chaque fois qu’il y a une différence entre les lois civiles et ecclésiastiques, rendre le jugement à la place de l’autorité civile. En cas de différend entre le clergé et les laïcs, ils devront exiger d’être jugés par leur évêque, mais si l’autre partie ne l’accepte pas ils ne devraient pas porter l’affaire devant un juge laïc sans l’autorisation de leurs supérieurs. » Il s’agit là d’un cas patent de tentative de prendre le dessus sur le régime juridique commun du pays. Le même Concile a ordonné que les moines errants seront excommuniés. Il était interdit aux prêtres de blesser ou de mutiler leur troupeau ! Le 4e canon exclut ceux du clergé qui refusent de s’abstenir de tout rapport sexuel avec les « femmes étranges » (des sorcières ?)
Ainsi, alors que les Papes, les Rois et les Empereurs se querellaient, alors que les villes s’érigeaient en petits états indépendants, alors que différents envahisseurs s’installaient dans de nouvelles provinces (comme les hommes du Nord ont fait en France se faisant baptiser et devenant les « Normands » tout en conservant une grande partie de leurs croyances païennes et liant des alliances, pour ne pas dire plus avec les sorcières). Alors que la grande majorité du peuple jurait fidélité à tout seigneur qui accepterait et pourrait les protéger, l’Eglise a peu à peu créé une foi et utilisa le diable pour faire peur au gens dans le but de se faire obéir. L’Eglise était la seule force qui était présente partout. Elle pouvait malmener ses serfs mais elle les protégeait. La milice de l’Evêque était une formidable force, mais cette sécurité était construite au détriment de l’humanité et de la tolérance.
Lentement, les lois contre l’hérésie et la sorcellerie se firent plus féroces. Le prêtre n’encourait pas uniquement d’être « dépossédé » pour entente avec les sorcières par le Conseil d’Angers mais cinq siècles plus tard il risquait aussi d’être brûlé vif, si son Evêque le souhaitait. (Bien sûr, de nombreux évêques ne le voulaient pas et certains appartenaient peut-être eux-mêmes au culte, surtout les Evêques Normands.) Le Concile d’Ancre a décrété une sanction de cinq ans de pénitence pour l’utilisation de la sorcellerie pour soigner des maladies. En 1576 Bessie Dunlop d’Ayr a été condamnée et brûlée vive pour la même infraction. Personne n’affirmait qu’elle avait fait du tort à quiconque, son seul délit était d’avoir guéri. Le Conseil d'Ancre interdisait aux prêtres de maltraiter ou de mutiler leur troupeau, mais en 1596 une autre Ecossaise, Alison Balfour, a été contrainte d’avouer sous la torture qu’elle usait de sorcellerie puisqu’on a utilisé un instrument servant à écraser les doigts, non sur elle, mais sur sa fille de sept ans. Nous n’avions pas encore atteint ces raffinements à l’époque des Ages Sombres, mais on était en bonne voie, même si le Saint-synode de Paderborn en 785 avait décrété que « Quiconque, étant trompé par la Diable, prétend, conformément à la croyance païenne, que les sorcières existent et qui les mène au bûcher, sera puni de mort ».
Dans les livres scolaires on peut lire que les Romains ont quitté la Grande-Bretagne. En fait, en dehors des militaires, très peu sont partis. Un ou deux fonctionnaires et quelques commerçants sont peut être partis, mais les « Romains » de Grande-Bretagne étaient des Britons qui étaient citoyens romains. Certains d’entre eux avaient peut-être un peu de sang romain, mais leurs familles avaient vécu en Grande-Bretagne depuis plusieurs générations. Ils étaient bien éduqués selon les standards romains, mais il s’agissait de Britons. Dans le même temps ils se sont divisés en différentes tribus dans les régions où ils étaient lorsque les Romains étaient arrivés trois cent cinquante ans plus tôt. Ainsi, ceux du Northumberland devaient résister seuls à toutes les attaques des Pictes et des Scots sans l’appui des autres tribus. De même, ceux qui étaient le long de la côte Est ont dû se défendre contre les grandes attaques des Saxons sans l’aide des autres et sans flotte romaine pour attaquer les navires des envahisseurs. Comme chacun le sait, le résultat fut que les Saxons ont conquis et occupé la plus grande partie de la Grande-Bretagne.
wica wicca Gerald Gardner