Les sorcières disent aussi qu’elles sont
venues car l’homme voulait des rites magiques pour la chasse ainsi que des rites
destinés à fertiliser les troupeaux, pour assurer une bonne pêche et pour que
les femmes soient fécondes. Puis, plus tard, ils ont eu besoin de rites pour
obtenir de bonnes récoltes, etc…, et tout ce que le clan souhaitait, ainsi que
d’aide en période de guerre, pour soigner les malades, s’occuper des grandes et
des petites fêtes, s’occuper du culte de la Déesse et du Dieu Cornu. Ils
considéraient qu’il était bon que l’homme danse et soit heureux, que ce culte et
cette initiation étaient nécessaires pour obtenir une bonne place dans l’Autre
Monde et une nouvelle incarnation dans sa propre tribu, parmi ceux que l’on aime
et qui vous aiment. Ainsi vous pouvez vous souvenir, vous reconnaître et vous
aimez une fois encore. Elles pensent qu’au bon vieux temps, c’était ainsi pour
toute la tribu. Les sorcières étaient entretenues par la communauté et elles
s’occupaient bénévolement de ceux qui demandaient leur aide (une forme primitive
de sécurité sociale ?). C’est en partie pour cela que, traditionnellement, une
sorcière n’accepte jamais d’argent pour pratiquer son art, elle ne se loue pas.
Comme elles travaillaient pour le bien de la tribu, elles avaient tendance à
favoriser un chef ou un roi puissant, quelqu’un qui faisait respecter les lois,
quelqu’un qui veillait à ce que chacun ait son dû et que tout le monde fasse
correctement son travail. Pour cette raison aussi, elles n’appréciaient pas tout
ce qui pouvait faire que la tribu s’entredéchire.
Elles pensent qu’elles n’étaient pas des druides, mais les représentantes d’une
plus ancienne foi, que les druides étaient une prêtrise masculine bonne et
puissante qui rendait, de jour, un culte au soleil et que les druides avaient
tendance à s’occuper de politique, alors que les sorcières rendaient de nuit un
culte à la lune. C’est un peu comme si les druides étaient les évêques qui
séjournaient dans la Maison des Seigneurs, édictaient des lois et avaient une
religion magique ; alors que les sorcières étaient des prêtres paroissiaux qui
ne s’occupaient pas de politique et qui avaient une forme de religion et de
magie qui leur était propre.
Il faut bien comprendre que la sorcellerie est une religion. Son dieu est le
Dieu Cornu de la chasse, de la mort et de la magie. Comme Osiris en Egypte, le
Dieu Cornu dirige l’Autre Monde, son propre Paradis, situé dans une colline
creuse ou du moins en un lieu où l’on arrivait en passant par une grotte où il
accueille les morts et leur assigne une place où ils seront préparés, selon
leurs mérites et leur sagesse, pour renaître dans un nouveau corps sur cette
terre. Cela sera possible grâce à l’amour et au pouvoir de la Déesse, la Grande
Mère, qui est aussi la Vierge Eternelle et l’Enchanteresse Primordiale, qui
accorde renaissance et transformation. Elle donne aussi son amour sur cette
terre. C’est en son honneur et pour elle que l’on créait de la Puissance lors
des rituels, pour l’aider à rendre tout cela possible. Les sorcières pensent que
le Dieu et la Déesse les assistent dans leur magie et, à leur tour, elles
assistent le Dieu et la Déesse en tirant d’elles de la Puissance par leurs
danses et par d’autres méthodes. En fait, elles considèrent les Dieux plus comme
des amis puissants que comme des déités auxquelles on rend un culte.
Pour les Sorcières, le concept d’un Dieu Tout Puissant, un Dieu qui peut dire
tout simplement : « qu’il y ait la paix », « qu’il n’y ait plus de maladie ou de
misère » et que cela fasse disparaître toutes les guerres, les maladies et la
misère, mais qui ne le dit pas pour des raisons qui lui sont propres et qui
laisse donc l’homme dans la peur, la misère et l'expectative, n’est pas digne
qu’on lui rende un culte. Elles réalisent qu’il doit y avoir une Déité Suprême,
mais elles pensent que si Elle ne leur donne pas le moyen de La connaître, c’est
parce qu’Elle ne veut pas être connue. Il est aussi possible que, à notre état
actuel d’évolution, nous sommes incapables de l’appréhender. Ainsi, cette Déité
Suprême a nommé des « Petits Dieux » qui se manifestent sous la forme des Dieux
tribaux des différents peuples, comme les Elohims des juifs, par exemple, qui
les ont fait à leurs images (« Elohims » étant un pluriel), « ils les ont fait
homme et femme » ; Isis, Osiris et Horus des Egyptiens ; le mot à
tiroir de certains initiés « MABEN » qui est MA, AB, BEN ou « Mère, père et
Fils » et le Dieu Cornu et la Déesse des sorcières. Elles ne voient pas pourquoi
chaque peuple ne devrait pas rendre un culte à ses Dieux nationaux, ni pourquoi
quelqu’un devrait les en empêcher. C’est pourquoi elles n’ont que peu d’estime
pour les pratiques missionnaires, que ce soient celles de l’église ou celles des
mouvements totalitaires comme les communistes. Elles pensent que de nombreux
maux de ce monde sont causés par ces différentes organisations qui sont là pour
« que des gens fassent et croient ce qu’ils ne veulent pas et pour leur éviter
de faire et croire ce qu’ils veulent ».
wica wicca Gerald Gardner