Signes et Symboles (5)
par Gerald Gardner (traduction Ameth)
On notera qu’un certain nombre de ces masques feuillus tirent la langue. Lady Raglan suggère que « L’Homme Vert » originel pouvait avoir été le Roi Divin qui était peut-être sacrifié par pendaison, la guirlande verte étant plus tard pendue à sa place, comme à Castleton dans le Derbyshire, où elle est accrochée au clocher de l’église après la fin de la procession du Jour de Mai. Mais il est possible que le thème de la langue tirée pouvait être une blague de potache (peut-être vis-à-vis du côté solennel de l’édifice dans lequel il se trouve ?) puisque les exemples qu’elle montre ont un aspect joyeux et ne semblent pas du tout être morts. Tirer la langue était autrefois un geste phallique.
Lady Raglan dit :
Le fait est qu’un paganisme officieux subsistait à côté de la religion officielle et cela explique la présence de notre Homme Vert dans un vitrail d’église avec la Vierge à côté de lui et le soleil en dessous. Ce personnage extraordinaire peut être vu dans les vitraux du Moyen Age à l'Eglise Ste. Mary Redcliffe à Bristol. Il est couronné et il semblerait que l’artiste qui a fait le vitrail, et sans doute aussi les prêtres qui l’ont commandé, vénéraient autant ce personnage que la Vierge.
Il semble bien que dans ce cas il était considéré comme un être sacré et qu’au moins une partie des fidèles a pu accepter l’image de la Vierge comme une représentation de la Grande Mère à laquelle les prêtres auraient mis des vêtements.
Une tête feuillue sur un toit à Pershore dans le Worcestershire porte elle aussi une couronne.
Dans les notes à la fin du livre de M. D. Anderson, « Looking For History in British Churches » on peut lire :
On peut voir des exemples de masque feuillu dans les sculptures à : Beverley (Yorksire), St. Mary’s et Boxgrove (Sussex), sur la Cathédrale de Canterbury et Congresbury (Somerset), sur les Cathédrales d’Ely et Exeter, Kings Nympton (Devon), sur les Cathédrales de Hereford et Norwich, Patrington (Yorksire); Pershore (Wores), Sherborne Abbey (Dorset), Tewkesbury (Gloucestershire), Warmington (Northantshire), sur les Cathédrales de Winchester et Worcester. Tous ces exemples sont illustrés dans le livre de Mr. C. J. P. sur les sculptures. Le masque feuillu apparaît aussi fréquemment sur les miséricordes comme, par exemple, à King's Lynn, St. Margaret's, Coventry, Holy Trinity, Wingham (Kent) ou à la Cathédrale de Lincoln.
J’ai aussi trouvé un bel exemple « d’Homme Vert » parmi les décorations élaborées d’un manuscrit enluminé au British Museum (BM Egerton MS 3277, f. 126b.). Il s’agit d’une page d’un psautier et livre d’heures, illuminé, peut-être, par un artiste d’East Anglia, pour Humfrey de Bohun, 7ème comte d’Hereford (+1373) et sa fille Mary (+1394) la première femme d’Henry IV. Une reproduction en couleur de cette page a été publiée dans le numéro de Noël de The Sphère en 1954, pour illustrer un article, « La Beauté des Manuscrits Médiévaux », par Julian Brown.
La sculpture, décrite par Baring Gould, sculptée dans le granit au dessus du porche de l’église de Sheepstor dans le Devon est une autre forme sous laquelle apparait l’Ancien Dieu dans les Eglises Anglaises. Il s’agit d’un crâne avec des épis de blé qui lui sortent de la bouche et des yeux. Autrefois, lorsque lors de leurs cérémonies il n’y avait pas d’homme d’un rang suffisant sur place pour représenter le Dieu, les sorcières symbolisaient sa présence par une tête de mort et des os croisés placés sur l’autel lors des Sabbats.
Il me semble que cette pratique peut être à l’origine de nombreuses légendes où il est question de « Crâne qui Hurle ». La trame générale de ces histoires est la suivante : le crâne est conservé dans une ancienne demeure et à chaque fois qu’on essaie de l’en enlever on entend immédiatement un cri surnaturel suivi parfois par de tempêtes et de manifestation d’un « esprit frappeur ». Des légendes de ce type sont situées à Ambleside dans le Lake District, à Wardley Hall dans le Lancashire, à Bettiscombe Farmestead » près de Bridport dans le Dorset, à Warbieton Priory dans le Sussex, dans une ferme à Chilton Cantelo dans le Somerset, à Tremarrow à Cornouailles et à Burton Agnes Hall entre Bridlington et Driffield. Ce sujet curieux « d’objet hanté » peut faire penser que soit les royaumes effrayants n’ont que peu d’imagination et que ses habitants se répètent, ou alors qu’il existait une ancienne coutume voulant que l’on conserve en des lieux différents et avec un grand respect, un crâne, qui était considéré avec une crainte superstitieuse puisque des perturbations surnaturelles risquaient de se produire si on le déplaçait, et plus tard, lorsqu’on avait oublié la raison initiale de ce respect et cette crainte, des histoires romantiques ont été inventées pour en parler.
Puisqu’il est question de sculptures représentant l’Ancien Dieu dans les églises, il ne faut pas oublier le célèbre « Lutin de Lincoln », qui est accroupi sur un tympan au nord « le côté du diable » de la Cathédrale de Lincoln. Il est indubitablement cornu et poilu mais il a un visage humain avec un grand sourire qui va bien avec son attitude nonchalante, une jambe croisée sur l’autre. Il doit être difficile de trouver une meilleure représentation de cette époque de l’Ancien Dieu Cornu.
wica wicca Gerald Gardner