Signes et Symboles (6)
par Gerald Gardner (traduction Ameth)
Une autre façon par laquelle les artisans britanniques d’autrefois ont préservés les signes et symboles de l’Ancienne Religion était les « Marques de Tâcherons » qu’ils utilisaient pour marquer les pierres qu’ils avaient taillées. Lorsque j’ai écrit mon petit roman historique, « High Magic’s Aid », j’ai fait orner sa jaquette de quelques marques sorcières. J’ai reçu récemment un moulage de « Marques de Tâcherons » venant d’une pierre dans la voûte de la porte sud de la très vieille église de Bramber, dans le Sussex. Elle est identique à l’un des signes qui se trouve sur la jaquette de « High Magic’s Aid ».
On trouve aussi souvent le signe du Pentagramme en guise de « Marque de Tâcheron ». L’une d’entre elles se trouve sur la porte sud de l’église de Nutfield, dans le Surrey, elle est reproduite dans « Old English Churches » de George Clinch, FGS (L. Upcott Gill 1902). On m’a dit qu’on trouve souvent des graffiti dans les vieilles églises près de la porte nord – la « Porte du Diable » païenne.
J’ai essayé dans ce chapitre de donner assez d’exemples de signes païens dans les églises pour prouver ce que je veux dire. J’espère que des étudiants reprendront tout cela et s’en serviront comme base pour des recherches plus approfondies.
Les artisans du moyen-âge ont non seulement représenté leurs propres croyances dans la pierre des bâtiments qu’ils ont contribué à ériger, mais ils ont aussi représenté des critiques, parfois virulentes allant jusqu’à l’obscénité, des ecclésiastiques pour lesquels ils travaillaient. Dans son livre « The Devil a Monk Would Be » T. Clifton Longworth donne les photos des principales satires du clergé, dont celle bien connue d’un renard-prêtre en chaire en train de prêcher à une congrégation d’oies ainsi que d’autres similaires. Peut-on vraiment croire que ces sculptures ont été faites par de pieux chrétiens ? Les sculptures sont les témoins muets de quelque chose pour le moins curieuse dans les relations entre les ouvriers qui ont bâti les grandes cathédrales et leurs maîtres ecclésiastiques. Beaucoup d’entre elles ont été enlevées ou recouvertes alors que d’autres sont encore en place à des emplacements curieux dans les édifices les plus dignes et sacrés.
Longworth, par exemple, donne une représentation d’une sculpture dans la Cathédrale St. Davids, où un renard encapuchonné donne la communion à une oie à tête humaine et il dit qu’il n’y a que peu d’exemples d’anciennes miséricordes où l’on ne voit pas de renard prêcher en chaire à des oies.
Dans la Cathédrale de Worcester on voit un renard portant une veste donner l’absolution à un mouton à genoux, et, dans la Cathédrale de Chester un renard en habits ecclésiastiques est représenté en rendez-vous galant avec une jeune femme dans un bois. N’est-ce pas là pour le moins une marque « d’anticléricalisme » ! « Une autre scène représente un diable poussant une brouette pleine de moines en chemin vers l’enfer, ils sont accompagnés par un renard avec une oie qu’il a volée dans sa bouche. »
Beaucoup de sculptures étranges dans les vieilles églises médiévales ne sont, bien sûr, que des exemples de l’humour rabelaisien de l’époque, mais nous pouvons y sentir une saveur païenne. On en trouvera plus d’exemples dans le livre de Longworth, déjà mentionné ainsi que dans « Les licences de L'Art Chrétien » du Dr. G. J. Witkowski (Paris, 1921). Beaucoup d’entre elles ne peuvent pas être décrites dans un livre prévu pour être lu par tout un chacun et certaines sont vraiment des plus surprenantes puisqu’il s’agit de la décoration d’une église. Celui qui les reproduirait de nos jours ou même qui les décrirait dans un langage simple, se retrouverait rapidement en prison pour obscénité, en compagnie de son éditeur et des malheureux libraires qui stockeraient ses livres, et pourtant certains commentateurs nous laissent sérieusement penser que ces sculptures étaient autorisées par les Evêques et les clercs afin d’élever l’esprit de leurs congrégations ! Certains n’ont vraiment aucun sens de l’humour.
Peut-on imaginer que certaines, au moins, de ces sculptures extraordinaires étaient la protestation muette des fidèles de l’Ancienne Religion qui n’avaient pas le droit de décorer de lieux de cultes si ce n’est ceux de l’Eglise chrétienne et comme ils n’avaient pas le droit de sculpter des sanctuaires dédiés aux Anciens Dieux, ils plaçaient leurs emblèmes où ils pouvaient dans des lieux où ils étaient maintenant contraints par la loi de suivre la messe, même si ces emblèmes n’étaient qu’un pentagramme gratté dans la pierre ou une « Marque de Tâcherons » ?
« La Cité Promise. » Voilà une expression qui frappe l’esprit de nombreuses personnes, les faisant penser à une Jérusalem céleste, construite avec des pierres précieuses. Là où l’on porte des robes magnifiques et une couronne d’or et qu’on ne fait rien à part jouer toute la journée (et sans doute aussi toute la nuit) d’une harpe en or et où l’on n’est pas obligé de travailler. Toutes les civilisations semblent avoir des visions à peu près semblables à cela. Les Chinois ont des légendes parlant d’une telle ville, c’est la base de toutes leurs sociétés secrètes.
La version chrétienne vient de l’époque où le christianisme était une société secrète, organisée en petites cellules. Ils trouvaient leurs recrues en promettant : « sois fidèle et tu iras peut être dans cette Cité Céleste, si ce n’est pas maintenant, ce sera à la fin de ta vie. Continue à nous être obéissant et quand tu mourras tu iras vers la Gloire. Mais pour l’homme normal ce n’était que des châteaux en Espagne, ce qu’il voulait c’était quelque part où aller tout de suite, même temporairement. Quelque part où il peut oublier tous ses soucis et les frustrations de la vie, même si ce n’est que pour quelques heures.
wica wicca Gerald Gardner