Les Sorcières et les Anciens Mystères
par Gerald Gardner (traduction Ameth)
Je pense qu'il est pour le moins plausible de croire que tout cela ne se limitait pas à une pièce de théâtre, mais qu'il y avait une raison sérieuse derrière ces pratiques. Qu'ils croyaient que les dieux souhaitaient leur bien, que les dieux n’étaient pas tout puissants, qu'ils avaient besoin de l'aide de l'homme. En exécutant certains rites, les hommes leur donnaient de la puissance et c’est ainsi que les dieux voulaient que les hommes soient heureux, et que ce qui rendait les hommes heureux donnait aux dieux joie et puissance, puissance dont ils pouvaient se servir pour eux ou pour le bien des hommes.
Les
danses sauvages montrent que les dieux souhaitaient que les hommes (même le
Premier Ministre de Chesterton et l'Archevêque) soient heureux et qu’ils ne
soient pas pudiques. Cette danse extatique produisait de la puissance et des
visions concernant l'avenir, visions qui se réalisaient parfois. Pour cette
raison, ces rites étaient importants pour l'Etat et étaient protégés par la loi,
pour qu'aucun étranger ne puisse jamais les connaître. Apparemment, les prêtres
et les prêtresses pouvaient prévoir l'avenir, mais restaient vague, ce qui
pouvait calmer les politiciens les plus dangereux et les faire travailler pour
l'État au lieu qu’ils s'efforcent de le perturber. Voilà ce qui avait la plus
grande valeur.
D'autre part, si on connaissait l'existence de cette puissance, le secret aurait
pu être découvert et utilisé par des ennemis, ce qui pouvait induire des
troubles politiques, une tendance au pacifisme ou la reddition à l'ennemi.
A nouveau, je le répète, je ne dis pas qu'ils pouvaient réellement faire tout
cela, mais je dis que les sorcières croient qu'elles-mêmes le peuvent et je
pense que les grands d’Athènes avaient des croyances identiques.
Comme des gens du monde entier sont aptes à faire certaines choses, et dans
certaines circonstances croient à certaines choses, et bien que ces croyances
puissent être indépendantes, elles sont très proches ; j’en arrive à soupçonner
qu’il y a un lien entre elles. Je m'attends à ce que de nombreuses personnes
attaquent cette idée et j'espère bien qu'ils le feront. La discussion et la
critique sont la seule façon de parvenir à une conclusion satisfaisante.
Le premier argument et le plus fort contre mes vues sera, je pense, la croyance
« que pour gagner de la puissance et inciter les gens à oublier leurs malheurs,
les prêtres et les rois ont encouragé les plus grands excès ». En Afrique, de
nos jours, on a dit que l'action des missionnaires et du Gouvernement dans la
répression des grandes danses tribales pouvait avoir causé l'agitation politique
que l’on connaît et une série de meurtres. Il est certain que les mystères
rendaient les gens heureux et calmes.
Il y avait de temps en temps des orgies, tout le monde le sait; personne
n'essaye de nier les faits, mais était-ce vraiment beaucoup plus que des fêtes.
Voilà un point qui reste discutable. Parfois on buvait du vin, ce qui saoulait,
mais je crois que conformément à la loi il s’agissait d’un mélange composé de
deux parties de vin pour trois d’eau, ce qui ne peut inciter à énormément de
débauche. Ils dansaient de façon primitive et il est possible qu'il ne
s’agissait que d’une sorte de mariage sacré. Mais cela consistait surtout en de
longs services religieux et des cortèges longs et fatiguants.
Ce ne sont pas là les secrets protégés par la loi, ou que les étrangers ou les
criminels ne devaient ni voir ou ni connaître. De nos jours, tout serait
différent. La presse ne parlerait que des parties croustillantes, tout le pays
en ferait de même, toutes sortes de groupes de femmes, des conseils de
départements et des sociétés de protection du Sabbat s’allieraient et le
processus judiciaire s’enclencherait pour empêcher ces rites. Mais, à cette
époque, personne n'aurait pensé à cela ! Tout le monde pouvait organiser une
orgie à la maison.
Chacun était libre d'ouvrir une boîte de nuit chez lui et avoir autant de jolies
esclaves qu'il souhaitait pour distraire ses invités. Il n'y avait absolument
aucune inhibition, il s’en suivait qu’après s’être bien amusé, on revenait à une
vie maritale bien paisible et ayant de nombreux endroits pour, on pouvait se
« détendre » si on le souhaitait. Je pense que ce n'était pas à cause des
répressions que tous les gens adhéraient et ils ne devaient pas quitter leurs
épouses car, si je ne me trompe pas, toute la famille y adhérait et tous
gardaient le secret; et cela a duré ainsi pendant environ mille ans.
wica wicca Gerald Gardner