Les Templiers  (6)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

On nous dit que le Graal est un mystère qui ne doit pas être révélé au non initié. La Haute Histoire du Saint Graal dit que le Graal est apparu sous cinq formes dont personne ne doit parler, car on ne doit pas parler ouvertement des choses secrètes du Sacrement, elles ne sont réservées qu’à celui à qui Dieu les a données.
Est-ce que cela ne signifie pas qu’il y a une signification interne à l'histoire du Graal, que la signification de l'objet sacré varie selon la compréhension qu’en a l’initié, ou, dirons-nous, que les explications différentes des significations d'un objet sont liées à des catégories plus élevées d'initiation et que l'explication la plus vague était qu’il s’agit d’un Calice, mais qu’il y avait toujours une notion « de nourriture » et de fertilité ?
Il y a des indices qui montrent que l'Eglise connaissait ou soupçonnait un rite secret chez les templiers et qu'il était de nature phallique, car c’est avec une grande cruauté qu’ils ont attaché des poids très lourds à cet organe lorsqu’ils torturaient les malheureux Chevaliers, comme pour dire : vos rites se concentrent sur ce membre, donc nous vous torturons là pour en extirper la preuve la plus diabolique. Les hommes du quatorzième siècle avaient bien compris le principe de la « punition adaptée au crime ».
Dans Parsifal, de Wolfram von Eschenbach, le Graal est une pierre qui est sous la protection d'un corps de Chevaliers templiers qui sont choisis par la Pierre elle-même. Sur la Pierre apparaissent, par écrit, les noms de ces gardiens quand ils ne sont encore que des enfants (cela ne fait-il pas référence à des novices que l’on initie dans un culte alors qu’ils sont toujours enfants, comme dans le culte sorcier ?). La Pierre choisit aussi une épouse pour le Roi, que lui seul peut épouser (une Prêtresse du Culte ?). Cette Pierre apporte de la nourriture à ses fidèles. Dans la Version de Diu Crone, Gauvain achève la quête, pose la question que l’on attendait depuis longtemps et rend ainsi la vie au Roi Gardien mort. N'est-ce pas une régénération ou un exemple de réincarnation ?
La Haute Histoire dit aussi : « Après cela, deux prêtres sont venus à la croix et le premier a ordonné à Perceval de s’éloigner de la croix », et quand il l’a fait, « le prêtre s’est agenouillé devant la croix et l’a adorée et s’est penché vers le bas et l’a embrassée longuement et a manifesté une très grande joie. Et l'autre prêtre est venu ensuite et a amené une grande baguette, puis a poussé de force le premier prêtre et a frappé toute les parties de la croix avec la baguette et a frappé toutes les plaies. Perceval observait cela avec le plus grand étonnement et lui a dit : « Monsieur, vous ne me semblez pas être un prêtre. Pour quelle raison faites-vous une chose aussi infamante ? ». « Monsieur, » dit le prêtre, « ce que nous faisons ne vous concerne en rien, vous ne devez pas savoir qui nous sommes ». S’il n’avait pas été un prêtre, Perceval l’aurait battu, mais il ne voulait pas lui faire le moindre mal et il est donc parti... ».
Plus tard, le Roi Ermite a expliqué que les deux prêtres aimaient également le Christ et celui qui a frappé la croix l’a fait car il s’agissait de l'instrument qui fut cause de souffrances et d’angoisse pour Notre Seigneur. Est-ce que cette explication a été donnée pour expliquer et justifier une cérémonie de baiser et de flagellation et où l’on profanait la croix, comme on en accusait les templiers ? La Haute Histoire a été écrite vers 1220. Elle semble montrer qu’à cette époque la cérémonie était déjà ancienne et avait une explication légitime aux yeux de ceux qui y participaient. L'auteur était probablement un prêtre templier ou quelqu'un qui connaissait et approuvait leurs pratiques et qui voulait probablement trouver une explication convaincante à toutes les rumeurs que l’on entendait.
Ca m’est arrivé, les sorcières ont un rite qui implique des baisers puis la flagellation d’un objet, avec l'intention de le charger de puissance. Ce n'est pas une croix et elles n’en parlent pas ou n’y pensent pas comme à une croix ; mais, en lisant ce récit, il m’est apparu qu'un observateur à une certaine distance pourrait facilement le prendre pour une croix. Il est plutôt en forme de croix. Si les templiers utilisaient l’ancienne magie, ils devaient probablement aussi pratiquer ce rite et les rumeurs peuvent venir de là.

Le présumé rite templier où l’on profane la croix ne fut connu de tous que suite à la persécution et au procès de 1307, quatre-vingt-dix ans après que la Haute Histoire ait été écrite. Il y a de nombreuses traces d'un culte de fertilité dans les histoires de Graal. La Sanctification elle-même semble être liée à de tels cultes.
Le Graal, la Coupe ou le Calice ressemblent au Chaudron celtique. Il rétablissait les morts et rendait la fertilité à la terre. Le Roi, dans le Mabinogion, donne à Gauvain une épée dont chaque jour des gouttes de sang coulent.
Il y a une tête et une lance dont coulent des gouttes de sang, en lien avec un chaudron de fertilité dans l'aventure de Peredur, et on dit vaguement que c’est lié au meurtre d'une relation de Peredur par des sorcières à Glaucester.
Une épée ou un poignard dont goutte du sang (ou du vin) dans un chaudron aurait une signification pour les sorcières et elles ont une tradition de tête ou de crâne. L'histoire pourrait-elle être une allusion cachée à un ancêtre de Peredur qui serait passé dans le cercle de la Mort et en est revenu ? Peredur serait donc lui-même de Sang de Sorcier et aurait le droit de connaître le Mystère du Chaudron ? La plupart des érudits s’accordent à dire que la lance qui saigne est phallique.
 

 

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