Les Templiers  (7)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

Dans le manuscrit de Merlin, Bibliothèque Nationale 337, il y a un cortège du Graal qui passe par une forêt en chantant : « Honneur et Gloire et Puissance et joie éternelle au Destructeur de la Mort ». Ne serait-ce pas un chant en hommage à la déesse ? Ou serait-ce une manière de chanter sans le montrer : « Honneur et Gloire et Puissance et joie éternelle au destructeur de la crainte de la Mort » ? C'est-à-dire ceux qui donnent la Régénération, la Mort et ce qu’il y a après.
Jaffet, un chevalier du sud de la France, a dit qu’à sa réception on lui a montré une tête ou une idole et on lui a dit : « vous devez l'adorer comme votre sauveur et le sauveur de l'Ordre du Temple », et on lui a fait adorer cette tête en embrassant ses pieds et en disant : « Béni soit celui qui sauvera mon âme ».

Cettus, un chevalier reçu à Rome, a raconté à peu près la même chose. Un templier de Florence a dit qu'on lui a dit : « Adorez cette tête, cette tête est votre Dieu et votre Mahomet », et il a dit qu'il l'a adorée en embrassant ses pieds.
Il semble que personne n’a demandé comment on pouvait embrasser les pieds d'un crâne. Est-ce que cela peut être un rite ressemblant à une ancienne pratique de sorcière où il est dit que : « quand le dieu n'était pas présent, il était représenté par un crâne et des os en croix » (« la Mort et ce qu’il y a après » ou « le paradis et la régénération »). De nos jours, c'est symbolisé par la Grande Prêtresse, debout les bras croisés, pour représenter le crâne et les os croisés.
Le fidèle embrasse ses pieds, disant une sorte de début de prière : « Béni soit ... » et la suite correspond à ce qui a été indiqué par Jaffet et les autres, les mots n’étant pas exactement les mêmes, comme cela serait le cas s’ils avaient été prononcés en français, puis traduits en latin de moine, puis traduits en anglais des années après : les paroles sorcières ont sans aucun doute elles aussi été modifiées. Je me souviens des paroles d’une sorcière allemande qui me disait lors de sa première participation aux rites anglais : « mais c'est de la poésie pure ! ». Maintenant cela ne rime plus, mais c'est beau, quoique très inégal, et je pense que cela prouve que quelqu'un ayant un don poétiquement a beaucoup réécrit dans les deux cents dernières années.
Pendant cette prière à la Grande Prêtresse, elle ouvre ses bras en position du Pentacle. Elle représente alors la déesse ou la régénération, ce qui signifie que la prière est accordée. « Ainsi, elle est autant dieu que déesse, masculine et féminine, mort et régénération, on pourrait dire bisexuelle ».
Les illustrations de Richard Payne Knight du Baphomet, que l’on dit être le dieu templier, le montrent autant homme que femme ou bisexuel ; parfois on voit un crâne, parfois la lune. Je ne peux pas dire s’il y a réellement une preuve que ce sont là les dieux templiers. Tout cela peut n’être qu’une simple coïncidence.
Le 5 accuse les templiers de porter des cordes ou des ceintures, avec lesquelles ils avaient l'habitude de lier leur crâne-dieu. Comme nous l’avons vu, l'Eglise accusait les sorcières de la même façon de porter des cordes ou des ceintures, qui ont une signification de rituel pour elles. Je ne vois rien d'impossible dans le fait que les templiers les utilisent de la même manière que les sorcières.

Les templiers venaient de la petite noblesse, celle qui fournissait de bons soldats et qui était généreuse avec l'Eglise, mais qui était aussi souvent en désaccord avec elle. On trouvait souvent dans ces familles une sorcière ou un lien avec la magie. Quand la Chrétienté a été vaincue par le paganisme et que les Croisés, malgré tous leurs efforts, ont été chassés de la Terre Sainte, il y a naturellement eu une période de découragement partout chez les chrétiens, un sentiment que Dieu et le Christ les avaient abandonnés.
Grâce à leurs longs séjours à l’Est, les templiers peuvent être devenus plus tolérants et plus larges d'esprit que leurs concitoyens qui sont restés chez eux. Certains d’entre eux peuvent avoir, après leur retour en Europe, été tentés d'aller parmi les gens du peuple et de leur parler librement, d’autant plus qu’ils les avaient déjà fréquentés pendant leur jeunesse et ils peuvent avoir essayé des pratiques, considérées comme de l'hérésie pure par les sorcières, bien que ces pratiques soient basées sur leurs méthodes.
Je pense qu'il serait tiré par les cheveux de suggérer un lien entre la pratique présumée des templiers de croiser leurs jambes et le crâne et les os, parce de nombreuses tombes de cette période montrent des chevaliers avec leurs jambes croisées, y compris celles de certains qui n'étaient pas templiers et qui n'étaient jamais allés en Terre Sainte.
Cela pourrait simplement être un symbole de la croix, mais ne serait-ce pas plus respectueux pour le faire avec les bras ? On montre très souvent le dieu Mithra avec deux préposés avec des torches, qui ont généralement leurs jambes croisées. C'était surtout un culte de soldats et les templiers et d'autres auraient pu le reprendre, mais je n'ai pas trouvé d'autres liens.


 

 

 

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