par Gerald Gardner (traduction Ameth)
Les Normands ont remarqué que les
païens avaient une grande connaissance du monde animal ; ils les ont employés
comme domestiques, chasseurs, ainsi que pour d’autres tâches subalternes. Je
pense que les païens avaient une très grande connaissance et un grand amour des
animaux, qu’on a retrouvé plus tard en Irlande chez ceux qui murmurent à
l’oreille des chevaux, qui, selon des témoignages fiables, pourraient
apprivoiser le cheval le plus sauvage en chuchotant simplement à son oreille.
Dans ma jeunesse, en Ecosse, il y avait une sorte de société secrète mystique
connue sous le nom de « Mot du Cavalier » parmi des ouvriers agricoles. On
disait que les membres de cette société faisaient commerce avec le Diable et ils
avaient assurément un pouvoir étrange sur les chevaux. Je crois que l'Eglise et
les Syndicats se sont unis pour les écraser, mais ils peuvent avoir secrètement
survécu. Le secret enseigné dans cette société ou culte consistait en ce que les
hommes et les animaux étaient frères, qu’ils avaient la même valeur et qu’il
fallait les considérer et les traiter comme des frères. Je pense que « Ceux qui
Murmurent à l’Oreille des Chevaux » pensent et agissent un peu comme cela et,
d’après ce qu’ils peuvent faire, je pense qu’on n’est pas très loin de ce qui se
cache derrière toutes les histoires de familiers des sorcières. Tout cela vient
des pratiques des païens, qui elles même remontaient aux peuples préhistoriques
qui ont été les premiers à essayer d'influencer les animaux par magie.
Mais tout cela n’est que ma propre théorie ; je ne peux en apporter aucune
preuve. Comme le pays s'est ouvert, les races peuvent s'être mariées entre elles
et les païens voir leur taille augmenter. Un mélange de races est toujours
meilleur physiquement ; mais, en faisant ces mariages mixtes, ils ont pu avoir
tendance à perdre leurs étranges pouvoirs qui semblent se manifester lorsqu’il y
a une grande consanguinité. On les retrouve très souvent avec les vrais jumeaux
et un peu moins avec les jumeaux ordinaires, mais il ne fait aucun doute que
d'autres personnes les possèdent également.
Ils peuvent être héréditaires, mais les sorcières ont des moyens pour produire
cette forme d'auto-intoxication, d'évasion dans le monde de féerie. Ils ne
peuvent pas être provoqués, surtout si on se méfie, comme tant de Saxons pour
qui ces pouvoirs étaient diaboliques.
Les gens du Petit Peuple étaient vifs, sensibles, prodigues ; le Saxon était
calme, dur à la tâche, religieux et respectable. Le fait que les seigneurs
honnis commerçaient avec le Petit Peuple et participaient à leurs réunions
choquantes n'a rien fait pour qu’ils se rapprochent. Les Seigneurs les plus
sauvages et les moins religieux parcouraient de grandes distances pour
participer à un Sabbat.
Les sorcières racontent des histoires où des gens sortent discrètement de nuit
et empruntent les chevaux de leurs maîtres, ou parfois le maître lui-même
sellait son propre cheval et se rendait à la réunion sans rien en dire à sa
femme. Ces chevaux fatigués, ramenés à l’aube à leur écurie, peuvent être à
l’origine des histoires où les elfes chevauchent des chevaux. Au Musée de
Castletown, il y a une clef d'écurie où l’on a fixé une pierre trouée pour
empêcher les fées de partir à cheval. Ces fées Romano-Britonnes étaient souvent
très belles et de nombreux hommes participant au sabbat en ont ramené une femme
fée et, d'habitude, cela aboutissait à des mariages très heureux. C'était normal
pour les petits cultivateurs qui vivaient en des lieux isolés, mais c’était très
mal vu par la partie plus respectable de la communauté.
Peu à peu les choses ont changé. Les seigneurs n'étaient plus Normands. Certains
avaient épousé des Saxonnes, certains ont eu des enfants légitimes ou non avec
des Romano-Britonnes et c’est cela qui a donné la race anglaise. Les païens
n'étaient plus des sauvages à moitié nus et vêtus de peaux, ils portaient des
vêtements teints avec de la guède et traités à la chaux, ce qui a, comme j'ai
dit plus tôt, produit le fameux vert Lincoln –un excellent camouflage permettant
au Petit Peuple de disparaître en plongeant dans les buissons.
L'histoire de Robin Hood est connue, c’est l’histoire d’un merveilleux archer
qui n'a jamais manqué sa cible. Robin était un nom commun franco-anglais pour
désigner un esprit et Hood était une variante fréquente pour Wood (le Bois), qui
venait du scandinave Hod, un Dieu du vent et un autre nom de Odin/Wotan. Robin
Hood, même s’il a probablement eu aussi une existence historique, était un
personnage mythique en lequel un chef sorcier pouvait facilement s’identifier.
Il avait son coven de 12 personnes, y compris la Grande Prêtresse, Dame
Marianne, et ils étaient tous vêtus de vert Lincoln. Il était peut-être plus
respectable d'aller chez les forestiers qu'à une fête sorcière. Les plus
brillants dans la jeunesse saxonne ont rejoint ces groupes.
Peu à peu ces fêtes sont devenues les Jeux de Mai.
wica wicca Gerald Gardner