Il faut bien comprendre qu’à l’époque les Jeux de Mai étaient bien plus, beaucoup plus, que quelques écoliers dansant autour d'un d’un mat de mai. Il y avait souvent ce que les gens appellent maintenant des « orgies ». Par exemple, la personne qui était encore il y a peu le Juge d’Alderney dans les îles anglo-normandes, m'a raconté que, jusqu’en 1900, la vieille coutume a perduré à un point tel qu’une femme célibataire d’Alderney pouvait dire à un homme d’Alderney : « Vous étiez avec moi lors des Jeux de mai, l'enfant dans mon ventre est le vôtre, vous devez m'épouser », et il était forcé de le faire.
Mais, de nos jours, il n’y a plus qu’une seule vieille tradition toujours en vigueur. Toute personne d’Alderney qui a une bouteille de rhum avec lui le 1er Mai peut prendre du lait de n’importe quelle vache pour faire un cocktail de rhum et de lait, sans que le propriétaire ne puisse élever d’objection. Mais même cette tradition tend à disparaître à cause du prix du rhum.
L'auteur puritain, Philip Stubbles, parle du Mat de Mai comme d’une « idole puante » qui représente, ou plutôt dont la signification était phallique. Il dit aussi : « des hommes et des femmes, âgés et jeunes... vont dans les bois et les bosquets, où ils passent toute la nuit de manière fort agréable et rentrent le matin. J'ai entendu dire de source sûre, de vive voix, par des hommes sérieux et de bonne réputation, que seul un tiers des jeunes filles passant la nuit en forêt revenaient pures chez elles ».
Si l’on tient compte de l'exagération des Puritains, il semblerait que les Sabbats Sorcières n'étaient rien de plus que les passe-temps ordinaires du peuple, chaque excès étant délibérément exagéré par ceux qui y étaient opposés.
Si les choses
n’avaient pas dégénéré, certaines pratiques des plus surprenantes auraient cessé
d’elles-mêmes ou n’auraient plus été exécutées qu’en privé. Mais, en 1318 et en
1320, le Pape Jean XXII a publié de féroces bulles contre la sorcellerie, disant
qu’il s’agissait d’hérésie. Il en résulta une persécution qui dura des siècles,
le peuple des bruyères a été pratiquement exterminé. Il n'y avait plus de grands
Sabbats, le culte fut écrasé et on ne le trouvait plus que dans la noblesse ou
chez ceux qui pratiquaient secrètement.
Les premiers procès nous montrent ce qui se passait. Les gens disaient : « nous
sommes de bons Chrétiens, nous avons toujours fait cela afin d’avoir une bonne
récolte ». Souvent c'était le prêtre de la paroisse qui menait les rites de
fertilité et les gens disaient que l'on ne leur avait jamais dit que c’était
mal, le prêtre lui-même disait que c’était bien. Dans un premier temps, seules
des pénitences et des amendes furent infligées, mais l’Église devenant plus
forte, le feu et la torture furent utilisés.
L’ancienne religion a fait une grosse erreur. Il était dit que le paradis était réservé aux initiés, que les gens ordinaires allaient, après leur mort, en une sorte de paradis de l’esprit, un terrain de chasse où l’on était heureux, mais il fallait y travailler, seuls les initiés avaient la capacité d’atteindre un paradis où ils trouvaient repos et régénération, avant d’être prêts à être réincarnés sur terre à nouveau.
Le christianisme a tout d’abord promis ce qu’on a appelé de manière fort irrévérencieuse « le salut bas de gamme ». « Renoncez à vos dieux païens, croyez en trois dieux qui ne font qu’un et vous irez directement vers un paradis glorieux, où vous serez un roi avec une couronne d'or, où vous ne travaillerez jamais, mais vous y jouerez de la harpe et vous boirez à profusion et pour l’éternité ». Tous ceux qui refusaient cette offre étaient destinés à brûler dans les flammes de l'Enfer.
Il y a une vieille histoire d’un prêtre écossais qui prêchait : « Et bien chers frères, après le Jour du Jugement je serai debout sur les remparts du ciel à la droite du Seigneur et nous vous regarderons brûler en Enfer. Et vous crierez en agonisant : « O seigneur, seigneur, nous ne savions pas ». Et le seigneur vous regardera avec infinie bonté et pitié et Il vous dira : « vous auriez dû ».
Nous en rions aujourd'hui, mais ce n'était pas une plaisanterie, les gens croyaient que cela arriverait. Les païens n'avaient pas d’enfer pour faire peur aux gens ; ils disaient simplement que le meilleur paradis et la meilleure réincarnation étaient réservés aux riches et aux personnes intelligentes.
Alors que les gens respectables et travailleurs des villes n'aimaient pas les hommes des bruyères et étaient choqués par leurs pratiques, la petite noblesse n’avait pas honte d’avoir recours à la magie des sorcières ou des sorciers. Ils ne considéraient pas cela comme une violation sérieuse et plusieurs papes étaient réputés avoir pratiqué la magie.
L'Evangile de Saint Jean commence ainsi : « Au commencement était le Verbe ». On a pensé que, par la connaissance de ce mot de pouvoir, le Roi Salomon faisait travailler les esprits pour lui. On vendait des manuscrits à des prix très élevés, dans lesquels on trouvait les rites et les mots de pouvoir qu’il utilisait et dans lesquels il était dit que d’autres pouvaient apprendre à faire de même.
La petite noblesse, qui ne faisait pas de secret quant à ses pratiques, était une proie facile que l’Eglise a spoliée de nombreux biens. La persécution s’en est ensuite prise à la plus haute noblesse, comme Dame Alice Kyteler en Irlande.
Dame Glamis, qui je crois était une ancêtre de la Reine, a été brûlée vive en 1537 pour sorcellerie ! La Duchesse de Gloucester a été condamnée à la Prison de l'Évêque à Peel Castle sur l’Ile de Man, où elle est restée seize ans avant d’y décéder. Sa compagne Margery, la Sorcière d'Eye, fut brûlée vive et Roger Witche (notez son nom) ou Bolingbroke, qui était clerc et ecclésiastique, fut mené de la Tour de Londres à Tyburn et pendu, décapité et écartelé.
wica wicca Gerald Gardner