Le Petit Peuple

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

La maison n’était éclairée que par la cheminée centrale, qui ne donnait, au mieux, qu’une sorte de crépuscule. Il est certain qu’il y avait de temps à autre une sentinelle sur le toit de cette maison, qui ressemblait vraiment à une colline conique. Comme on peut le supposer, cette sentinelle grimpait à l’aide d’une échelle et sortait par cette cheminée au lieu de sortir par la porte et de grimper à nouveau sur le sommet de la colline. D'autres personnes sortaient aussi par là.
Les visiteurs de races plus grandes devaient noter cette habitude curieuse d'entrer et de sortir par la cheminée et il est possible qu'un souvenir confus de cela ait abouti à l'histoire des sorcières ayant l’habitude de quitter et de revenir chez elles par la cheminée.
Ces gens faisaient probablement partie des nombreuses races qui peuplaient l'Europe à l’époque pré-celtique. Il est possible que les Finlandais et Lapons, qui sont décrits comme petits et très forts dans de nombreuses légendes soient des survivants de ces races. Dans les Îles Occidentales il y a de nombreuses maisons Pictes de forme conique et faites en pierre, et lorsqu’elles étaient recouvertes de gazon elles ressemblaient bien à des collines. À côté de la fameuse Maeshow d'Orkney, à Taransay on Harris il y a une petite pièce à l'entrée où la sentinelle pouvait s’accroupir.
Cette pièce est construite en pierre et mesure environ 75 cm de haut sur 90 cm de large, la sentinelle était probablement du Petit Peuple ! La plupart des couloirs de pierre n’avaient que 1 mètre 40 de haut et certains mesuraient plus de 20 mètres de long. On peut comprendre que pour se défendre une petite entrée était préférable, en plus elle ne laissait pas entrer le froid, mais il est peu probable qu'on ai trouvé intérêt à construire un long passage où il est nécessaire de marcher courbé. La taille moyenne des utilisateurs devait donc être de moins de 1 mètre 40.
L'évêque d'Orkney qui écrivait à Kirkwall en 1443, disait : « Quand Harold Haarfaga a conquis les Orkneys au neuvième siècle ses habitants étaient composés de deux nations, les Papae (des catholiques irlandais) et le Peti (Pictes ou Pehts) et ils les ont tous exterminés » il dit plus loin : « Ces Pictes d'Orkney n’étaient que des pygmées un peu plus grands. Ils travaillaient merveilleusement lorsqu’ils construisaient leurs villes du soir au matin, mais le jour ils se cachaient dans des maisons souterraines car il craignaient la lumière » (Horum alteri scilicet peti parvo superantes pigmeos statura in structuris Urbium vespere et mane mira operantes, meridie vero cunctis viribus prorsus destituti in subterraneis domunculis pro timore latuerent). Dans la tradition des Highlands chaque famille de chefs avait ses propres nains qu’on disait être des gens étranges ou féeriques.
Ils étaient quasiment nus, velus et d’une force immense. C’était des archers puissants et ils étaient malveillants. Ils aimaient la danse et la musique et pouvaient utiliser la magie. Ils travaillaient d'habitude de nuit. La littérature anglaise y fait aussi référence Dans son « lubber fiend » Milton parle d’un démon qui, la nuit, baratte la crème. On parle de cela et d’autres services qu’ils rendent dans « le songe d’une nuit d’été » de Shakespeare. Plus tard on a mêlé à ces légendes des histoires de singes de compagnie et voilà comment sont nés les contes de fées.
Sir Walter Scott se réfère à des clans autochtones ou serviles et les décrit comme vivant « à demi nus, petits et d'aspect misérable ». Parmi eux on trouve les MacCouls, les descendants présumés de Fian, qui étaient une sorte de singes ou les domestiques héréditaires des Stewarts d'Appin. Des manuscrits irlandais du onzième siècle disent qu'au neuvième siècle lorsque les Danois ont envahi l'Irlande, rien de ce qui était caché dans les divers lieux secrets des Fians, ou des Fées, n’a été découvert et volé. Les légendes britanniques racontent que l’ancien peuple qui avait construit les Mégalithes était composé de nains qu’on appelait les Kerions, ils étaient petits par la taille mais très forts. Il y a une expression qui dit : « aussi fort qu’un Kerion », un peu comme ce que disent les Ecossais des Pictes : « très petit mais fort ». Tous ces peuples semblent avoir les mêmes caractéristiques : de bons amis mais des ennemis dangereux, très forts, capables de disparaître à volonté, qui font de grandes fêtes nocturnes et utilisent des flèches empoisonnées. Ils furent persécutés ou bannis par l’église, qui les accusa de pratiquer des rites et des danses indécentes.
Des sorcières ont vécu et se mariaient avec eux et sont devenues les fées des légendes ultérieures.

 

 

 

 

 

 

 

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