Pratiques Sorcières

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

Il y a, bien sûr, la théorie des catholiques romains qui veut que le culte ait été inventé par le Diable ou créé par des gens qui détestaient l'Église catholique. Si c'était le cas, je pense que cela se serait vu dans les rites ou dans l'enseignement; mais tout se passe comme si les sorcières n’en avaient jamais entendu parlé. Cela peut aussi indiquer que leur origine est préchrétienne. D'autres disent : « C'était une protestation contre la tyrannie de la noblesse et l'Eglise ».
S'il c’était aussi simple que cela, cela se verrait une fois encore dans les rituels ou dans l'enseignement. Les gens ont pu avoir été incités à rejoindre le culte dans l'espoir d’être protégés – ce qui me rappelle  l'histoire des gens en Cornouailles qui était païens, mais qui allaient à l'Église catholique. Lorsqu’ils ont entendu parler du protestantisme ils se sont réunis et ont décrété qu’ils s’ennuyaient à l'église et se demandaient s’ils devaient rester païen ou devenir protestants. Après une grosse discussion, ils ont décidé qu’ils deviendraient Protestants.
J’imagine très bien qu’à l’époque du Roi Jean, lorsque toute l'Angleterre était sous interdit – quand Smith Minor a dit : « le Pape a fait une loi qui nous empêche de naître, de nous marier ou de mourir pendant dix ans » on peut penser que de nombreux bons chrétiens, privés du réconfort de l’église, aient facilement pu se tourner vers la religion rivale. Après tout, le paradis des sorcières est très attirant pour homme ordinaire.
Sur le continent, de telles causes peuvent aussi avoir incité de nombreuses personnes à se tourner vers le culte et ceux-ci peuvent y avoir introduit de nouvelles idées. Il est possible que le Grand Dieu, le Protecteur, celui qui donne le repos et la paix, s’est peu à peu transformé en un Dieu de la mort et qu’on l’a identifié plus ou moins avec le Diable. Il est difficile de savoir ce qui s’est exactement passé, mais je trouve peu probable qu'un grand nombre de personnes aient changé totalement de croyances au cours des douzième, treizième et quatorzième siècles.
L'Église n’a jamais considéré la Haute Magie comme une rivale comme elle le faisait pour la sorcellerie et on dit que de nombreux Papes et des ecclésiastiques réputés pratiquaient ce type de magie. Avec la renaissance on a commencé à se tourner vers la libre pensée ce qui a induit un retour à la magie mathématique, à l'astrologie, à la Kabbale et aux études classiques et de là un intérêt pour les dieux mythologiques. La légende de Faust s’est inspirée de l'histoire qu’on racontait et qui voulait que pour pratiquer la magie il fallait vendre son âme au Diable.
La version la plus connue de cette histoire dans la littérature anglaise est, bien sûr, le Docteur Faust de Marlowe qui était connu pour être athée. Il y eu en Europe de nombreux livres et de pièces de théâtre sur ce thème et la plus achevée est le magnifique Faust de Goethe. Les gens étaient crédules et ont facilement cru à cette l'histoire : Personne ne semble avoir pensé qu’il était stupide d’endurer des millions d’années de torture pour le plaisir de quelques années. De tels pactes ont été retrouvés, mais on présume qu'il s’agissait de faux destinés à accuser de pauvres malheureux, ou l’acte de libres-penseurs ou de fous.
L'évêque Wilson raconte dans ses notes à la date du 29 novembre 1720 que sur l’île de Man : « John Curlitt de Murlough, de la paroisse de Killough, s'est donné corps et âme à Satan le Diable, qu’on appelle Lucifer. À condition qu'il lui donne autant d'argent qu’il le souhaitait pendant une période de neuf années, il s’engageait à se battre sous la bannière du diable et à se livrer au bon plaisir de Satan au terme des neuf années. Signé de son sang, scellé et remis au Diable. John Curlitt. »
John Curlitt a énergiquement nié avoir écrit cela, et a dit qu’il s’agissait d’un faux. L'Évêque a dit qu'il s’agissait de son écriture et que de toute évidence il y croyait, mais curieusement, il semble ne pas l’avoir poursuivi. Ce peut avoir été une contrefaçon, ou avoir été fait par bravade, puisqu’il existait alors déjà plusieurs Hell Fire Clubs. Mais à cette époque on croyait fermement à l'idée de faire des pactes avec le Diable et les juristes acceptaient l'idée d’une personne assez mauvaise pour vendre son âme pour de l'argent ou autre chose, c'était alors une preuve claire d'hérésie. Et l'hérésie signifiait la mort. Apparemment ils ne réalisaient pas que s'ils ont exécuté le criminel le Diable obtiendrait son âme encore plus tôt.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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