Sorcellerie Vivante (4)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

Il n'y a aucun crucifix, à l’envers ou à l’endroit, il n’y a pas de sermon, on ne se moque de rien, il n’y a aucune absolution ou d’hostie conservée pour le gâteau et le vin dont j’ai parlé. On utilise de l’encens, mais dans un but pratique.
Il n'y a ni admiration ni hommage rendu au Diable, aucune liturgie, démoniaque ou autre, rien n'est dit à rebours et il n'y a aucun geste fait de la main gauche. En fait, à part le fait qu’il s’agit d'un service religieux et que tous les services religieux se ressemblent l'un l'autre, les rites ne sont en aucune façon une imitation de quoi que ce soit que j'ai déjà pu voir. Je ne dis pas qu'il n'y a jamais eu d’adorateurs du diable. Je dis seulement que, autant que je sache, les sorcières ne font pas les choses dont on les a accusées et, sachant ce que je sais de leur religion et pratiques, je ne pense pas qu'elles l’ont fait un jour.
Naturellement, il est impossible de parler au nom de tous. J'ai lu qu’il y a eu au moins un prêtre ou un ecclésiastique reconnu coupable pour chaque crime qui existe dans la loi britannique et, dans l'Ile de Man, des prêtres ont été reconnus coupables d’avoir chanté des psaumes destinés à causer du tort à des gens (voir The Isle of Man N.M. & A. Soc. Proceedings, vol. v, 1946), ce qui est pour moi un crime ; mais cela ne signifie pas que la majorité de prêtres et des ecclésiastiques sont des criminels.
Je ne pense pas non plus qu’il faille traiter les sorcières des perverties déçues. On peut juste dire que ce sont des disciples d'une religion primitive, en train de disparaître ; elles suivent les traces de leurs pères et savent que l'Eglise désapprouve leurs pratiques, mais y trouvent une satisfaction physique et psychologique. Ne peut-on pas dire la même chose des Bouddhistes ou des Shintoïstes ? Leurs rites sont anciens et leurs conviennent, ils se moquent de savoir si d'autres les désapprouvent. Tout ce qui les intéresse est de savoir s’ils sont sur le bon chemin. Au cours des nombreuses années passées en Extrême Orient, j'ai appris la tolérance et, si quelqu'un trouve le vrai paradis dans les rites Bouddhistes, le Sabbat ou la Messe, cela me va.

S’il m’était permis de révéler tous leurs rituels, je pense qu'il serait facile de prouver que les sorcières ne sont pas diaboliques ; mais les serments sont solennels et les sorcières sont mes amies. Je ne veux pas les blesser.

Elles ont des secrets qui leurs sont sacrés. Elles ont de bonnes raisons de tenir à ce secret. On m’autorise cependant à révéler un échantillon de leurs rites. Cela en dit peu, car, en-dehors des rites, elles en savent elles-mêmes très peu.

Pour une raison ou une autre, elles conservent secrets les noms de leur dieu et de leur déesse. Pour elles, le culte existe sans modification depuis le début des temps, même s’il y a une vague histoire qui voudrait que leurs ancêtres soient venus de l'Est ; il est possible que cela soit lié à la croyance chrétienne que l'Est est le lieu saint d'où tout est venu. A ce sujet, il est à noter que les sorcières commencent à l'Est lorsqu’elles tracent le cercle et celui qui représente le dieu ou la déesse se tient d'habitude à l'Est. Il est possible que cela vienne du fait que le soleil et la lune se lèvent à l'Est, que cela soit lié à la position de l'autel, ou encore une autre raison inconnue ; mais, en réalité, les principales invocations se font vers le Nord.

On ne m'a donné aucune raison à cela, mais je pense qu’autrefois elles pensaient que leur paradis était au Nord, tout comme elles pensaient que l'Aurore boréale était les lumières de leur paradis, même si on pensait qu’il était sous terre ou dans une colline creuse. On peut noter également que la mythologie scandinave fait du Nord la résidence des dieux et que, dans les mythes gaéliques, le Sud, qui est souvent une manière de dire « l'Espagne », est néfaste et ce peut même être l’enfer. Il est fort possible que ce soit en opposition au Nord où se trouve le paradis.

 

 

      

 

 

 

 

 

 

wica          wicca          Gerald Gardner