par Gerald Gardner (traduction Ameth)
Il y a eu de nombreux
livres écrits sur la sorcellerie. Les premiers étaient surtout de la propagande
écrite par les diverses églises pour décourager et effrayer les gens et pour
qu’ils n’aient aucun rapport avec ce qui était pour elles un rival qu’elles
exécraient – car la sorcellerie est une religion. Plus tard, il y a eu des
livres cherchant à prouver que la sorcellerie n'avait jamais existé. Certains de
ces livres peuvent avoir été inspirés ou même avoir été écrits par des
sorcières. Récemment, il y a eu de nombreux livres traitant de la sorcellerie de
façon scientifique, comme ceux de Marguerite Murray, R. Trevor Davis, Christine
Hoyle, Arne Runeberg, Pennethorne Hughes et Montague Summers.
M. Hughes -dans son livre le plus documenté sur la sorcellerie- a, je pense,
clairement prouvé ce que certains savaient : « le petit Peuple des bruyères »,
qu’on appelait fées ou elfes à une époque, s’est appelé ensuite sorcières ;
mais, à mon avis, tous ces livres ont un défaut. Bien que leurs auteurs sachent
que les sorcières existent, aucun d'eux ne semble avoir demandé à une sorcière
d’exprimer son avis. Après tout, l’avis d'une sorcière devrait avoir une
certaine valeur, bien qu'il puisse ne pas être celui qu’on espère.
Bien sûr, il y a de bonnes raisons qui expliquent cette réticence. Récemment, je
parlais à un savant professeur du continent qui écrivait sur les procès des
sorcières du 18e siècle et il m'a dit qu'il avait obtenu de nombreuses
informations auprès de sorcières. Mais, bien qu’invité, il avait eu peur de se
rendre à leurs réunions. Le sentiment religieux était très fort dans son pays et
si on avait su qu'il était lié à des sorcières, il risquerait de perdre sa
chaire.
De plus, les sorcières sont timides et la dernière chose qu'elles souhaitent est
bien la publicité. J'ai demandé à la première sorcière que j’ai rencontrée :
« pourquoi tenez-vous à conserver secret tout ce merveilleux savoir ? Il n'y a
plus de persécution de nos jours ». On m'a dit : « il n’y en a plus ? Si l’on
savait dans le village ce que je suis, chaque fois que quelqu’un trouverait ses
poulets morts, chaque fois qu’un enfant tomberait malade, on m’en tiendrait pour
responsable. La sorcellerie ne paye pas pour des fenêtres cassées! ».
Je suis un anthropologue et il est admis que le travail d'un anthropologue est
d’observer ce que font et croient les gens et non pas ce que d'autres gens
disent qu'ils font et croient. Il doit aussi lire autant d'ouvrages que possible
sur la question qu’il traite, en considérant ces écrits de façon critique,
particulièrement quand ils sont en conflit avec les preuves qu’il rassemble.
Les anthropologues peuvent tirer leurs propres conclusions et avancer leurs
théories, mais en précisant que ce sont leurs propres conclusions et leurs
propres théories et non des faits avérés ; voilà la méthode que je propose
d'adopter. En traitant avec les indigènes, on consigne leur folklore, les
histoires et les rites religieux sur lesquels ils basent leurs croyances.
Pourquoi ne pas faire de même avec les sorcières anglaises ?
Je dois d'abord expliquer pourquoi je souhaite parler de ces choses peu connues.
Toute ma vie je me suis intéressé à la magie et à ce genre de choses et j’ai une
collection d’objets magiques et de charmes. Ces recherches m'ont mené vers les
spirites ainsi que vers d'autres sociétés et j'ai rencontré des personnes qui
affirmaient m'avoir connu dans une autre vie. Je dois dire que, bien que je
crois en la réincarnation, comme la plupart des personnes qui ont vécu en Asie,
je ne me rappelle pas de mes vies passées, même si j'aie eu des expériences
curieuses, hélas, ce que j’aimerais m’en souvenir.
Donc, je me suis retrouvé dans le cercle et j’ai prononcé les serments de secret
habituels. Je suis lié et je ne peux révéler aucun secret du culte. Mais, comme
le culte se meurt, j'ai pensé qu’il était regrettable que toute cette
connaissance se perde, c’est pourquoi on m'a autorisé à écrire un livre « High
Magic's Aid », où, sous forme de fiction, je présente les croyances sorcières.
Le présent ouvrage (NDT : « Witchraft Today ») a le même but, mais je
n’emploierai plus la fiction.
De nombreuses personnes me demandent comment est-ce que je peux croire en la
magie. Si j'explique ce que je crois qu’est la magie, ma réponse est très
longue. Je pense que c’est une utilisation de facultés singulières. Il est
reconnu que de telles facultés existent. Des gens sont célèbres car ils
possèdent certaines facultés particulières et de nombreuses personnes ont la
faculté, sous hypnose, de calculer très exactement le temps.
Alors qu’ils sont endormis, on leur ordonne de faire quelque chose dans, disons,
un million de secondes ; ils en seraient incapables dans leur état normal, mais
leur inconscient le calcule et, à la fin de la millionième seconde, ils
obéissent à l'ordre sans savoir pourquoi. Sans montre, essayez de calculer un
million de secondes dans un état de veille et essayez de dire à quel moment
elles se sont écoulées, et vous verrez ce que je veux dire.
wica wicca Gerald Gardner