Récapitulation

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 


Pour répondre à d'autres questions, une sorcière m’a raconté ceci et je pense que cette croyance doit remonter à quatre ou cinq siècles au moins :
« Selon la croyance Chrétienne, vous avez le bon Dieu qui est bon pour vous. Vous dites qu’il est tout puissant et qu’il désire avoir de nombreux fidèles. Mais il ne faut pas vous adresser directement à lui, mais prier un saint, qui est un mort, d’après ce qu’on peut comprendre. Il est ce que nous appellerions un « Puissant décédé ». Vous devez donner de l'argent avant de pouvoir espérer obtenir une faveur. Mais pourquoi est-ce qu’un Dieu tout puissant ou vos Puissants ont-ils éternellement besoin d'argent ? Nos dieux ne sont pas tous-puissants, ils ont besoin de notre aide. Ils désirent notre bien, la fertilité pour l'homme, des bêtes et de bonne récolte, mais ils ont besoin de notre aide pour cela. Par nos danses et d'autres moyens, ils reçoivent cette aide.
Lorsque nous mourons, nous allons dans le domaine des dieux, où -après nous être reposé quelque temps dans leur beau pays- nous sommes préparés pour renaître à nouveau sur cette terre. Si nous avons correctement exécuté les rites, par la grâce de la Grande Mère nous serons réincarnés parmi ceux que nous avons aimés et nous nous souviendrons, nous nous reconnaîtrons et nous nous aimerons à nouveau. Celui qui fait le mal devra méditer longtemps dans le domaine des dieux avant d’être prêt à être réincarné. Ensuite, il reviendra et vivra parmi des gens qui lui sont étrangers.
En étant réincarné, nous progressons, mais pour progresser nous devons apprendre et apprendre signifie souvent souffrir. Ce que nous endurons ici dans cette vie nous adapte à mieux dans la suivante et nous sommes donc encouragés à supporter ici toutes les erreurs et les ennuis, car nous savons qu'ils nous aident à un niveau supérieur. Ainsi, les dieux nous apprennent à attendre avec patience le temps où nous ne seront plus des hommes mais où nous ne feront plus qu’un avec les Puissants.
Notre religion est une religion d’amour, de plaisir et d'émulation. La nature humaine est fragile, elle a besoin d'un peu de chaleur et de confort pour nous soulager de la dureté et des malheurs de la vie, ainsi que de la froide austérité des prêches de l’Église – une consolation sur cette terre et non dans un lointain paradis après la mort. « Nous adorons l'esprit divin de Création, qui est la Source de la Vie du monde et sans lequel le monde périrait. Pour nous, c'est le mystère le plus sacré, la preuve que Dieu est en nous, et qui nous dit : « allez de l’avant et multipliez-vous ».
De tels rites sont sacrés et respectueux.
Une autre sorcière a dit : « Nous choisissons ceux qui ont un peu de pouvoir en eux et nous leur apprenons ce qu’il faut savoir et ils pratiquent les uns avec les autres et développent ces pouvoirs. Nous ne cherchons qu’à vivre tranquillement, adorer nos dieux à notre manière et être heureux et en paix. L’Art magique ne survient que par le développement de votre propre pouvoir et non d’un coup de baguette magique. C'est une expérience mystique étrange. Vous avez l’impression d’être une personne différente, comme si vous étiez débarrassé d’une grande partie de vos déchets. Il y a un mystère étrange dans la pratique, doux comme un rêve. C’est comme si j'étais en transe pendant les rites, je peux à peine me rappeler de ce qui s’est passé. Quelque chose semble avoir nettoyé mon âme et j'y pense toujours avec excitation - les anciens secrets de joie et de terreur m’échauffent le sang ».
Rappelez-vous ceci : vous n’avancerez jamais si vous ne contrôlez pas votre sang, car vraiment « le Sang, c’est la Vie ». C’est un fait, les rites affectent la plupart, si ce n’est tous les gens, de façon étrange et ils se sentent en général beaucoup mieux après le rite. Ce n'est pas que de la suggestion, car un initié qui ne connaît rien de cela ressent exactement la même chose.
Dans le bon vieux temps, si de nuit vous vous éloigniez de moins d’un kilomètre du village vous pouviez être certain que personne ne risquait de vous espionner parce que, à part les sorcières, les gens craignaient d’être dehors dans l'obscurité ; on pouvait danser les anciennes danses, faire de la musique, pousser des cris perçants, chanter et faire tout le bruit que l’on voulait. Mais, de nos jours, vous devez pratiquer dans de petites pièces, où l’on ne peut pas faire de bruit sans risquer les plaintes des voisins.
Il résulte de cela que les anciennes danses sont oubliées. On peut danser dans le cercle tant qu’on reste paisible, mais les appels – de longs cris perçants, qui vibrent et engendrent la terreur – on ne peut plus les crier. On fait parfois la danse en spirale ou danse de rencontre s'il y a la place. C'est une sorte de danse où l’on « suit le guide ». D’habitude c’est la prêtresse qui est ce guide, on danse vers la droite en une spirale vers le centre et soudainement elle se tourne et déroule la spirale. Alors qu’elle fait cela, elle embrasse chaque homme qu'elle rencontre et toutes les autres filles font de même.
On dit qu’on l’appelle « danse de rencontre », car autrefois les gens venaient de loin et ne se connaissaient pas, la danse rapprochait les gens. Mais un homme m’a dit avoir dansé la spirale dans la salle paroissiale quand il était enfant, ce peut être tout simplement un ancien jeu d'enfant que les sorcières ont repris, ou vice versa. De nos jours, la seule musique qu'elles ont est un phonographe ou parfois un sistre, un hochet ou un petit tambour, dont on joue doucement.
Il y a quinze ans, j'ai entendu de nombreux vieux morceaux. Malheureusement, je ne connais pas la musique et je ne les ai pas notés.
On m'a montré une chose étrange avec la musique, je l'ai décrite dans mon roman High Magic's Aid, dans le chapitre nommé « Magie Musicale ». Les sorcières m'ont dit qu'elles pourraient me rendre fou, ce que je n'ai pas cru. Elles m'ont donc fait m’asseoir, m’ont attaché à la chaise pour que je ne puisse plus me lever. Une personne s’est assise devant moi et s’est mise à jouer du tambour, pas un morceau, juste un « Boum Boum Boum » régulier. Tout d’abord, nous riions et discutions..., ça m’a semblé long et même si je ne pouvais pas voir de montre je sais que ce n'était pas le cas.
Le Boum Boum Boum continuait et je me sentais idiot, elles m'observaient et souriaient et ces sourires m'énervaient. J’ai réalisé que le Boum Boum semblait être un peu plus rapide et mon cœur semblait battre plus fort. Je sentais des bouffées de chaleur, leurs sourires idiots m’exaspéraient. Je me suis senti soudainement très furieux et je voulais me lever, mais dès que j’ai commencé à bouger, elles ont modifié le rythme et je me suis rapidement calmé.
J’ai dit : « Ce n’est que de la suggestion », mais elles ont insisté, c'était quelque chose de plus que cela – il s’agissait d’un ancien secret qui pouvait être utilisé pour induire les hommes à se battre avant la charge. J’ai lu que dans l'armée Napoléonienne, il y avait des tambours qui étaient là pour battre la charge et rendaient tout le monde plus belliqueux et je pense que les cornemuses de guerre écossaises ont le même genre d’effet.



 

 

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