Il y a eu des sorcières de tous temps (2)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

Plus tard, il y a eu, peut-être, d'autres raisons pour que les femmes aient été prépondérantes dans la pratique du culte ; cependant, comme je le montrerai plus tard, il y a autant d'hommes que de femmes parmi les sorcières. La Bible nous raconte comment la pauvre Sorcière persécutée d'Endor travaillait en secret, alors que toutes les autres sorcières avaient été chassées du pays. Elle nous parle aussi de la Sorcière Huldah, qui vivait dans la région de Jérusalem et qui était consultée par le Roi sur des questions religieuses complexes lorsque même le Grand prêtre ne pouvait pas lui répondre.

Il faut se souvenir qu’au Moyen Age la femme avait une condition modeste et la position générale de l'Eglise était de s’opposer à l’amélioration de son statut et à ce que la femme retrouve les droits qu’elle avait à l’époque pré-chrétienne. L'Eglise a pesté contre Paracelse quand il a écrit un livre faisant l'éloge des femmes, le qualifiant « d'adorateur de femmes ».
Comme M. Hughes l’a dit : « Cela signifiait que de nombreuses femmes ressentaient cette subjugation et qu’une religion secrète, où la femme était importante et qui faisait de l'activité sexuelle un noble mystère au lieu d'une corvée, existait. Cette religion fut aussi une Caverne d'Adullam psychologique pour les femmes affectives, pour les femmes réprimées, pour les femmes masculines et pour celles qui souffraient de déception personnelle ou d’un dérèglement nerveux qui n'avait pas pu être traité par l’Eglise locale ».
Les raisons personnelles qui faisaient qu’une personne souhaitait devenir sorcière, autres que celles que la sorcellerie était une ancienne religion, devaient être assez compliquées. Comme on l’a vu pour d’autres cultes, bien que les pratiques apportaient à de nombreuses personnes la détente, la paix et la joie, certaines recrues étaient plutôt un poids. Comme de nombreux espions peuvent avoir essayé de faire mine de s’intéresser au culte pour le trahir, à partir d’un moment seuls étaient admis ceux qui étaient du sang, c'est-à-dire qui étaient d'une famille sorcière. Les divers rituels d'adoration, les secrets concernant les herbes et le Grand Secret de ce qu'elles appellent la magie, ont été transmis à ce qui est devenu plus ou moins une société secrète familiale.
En Palestine et dans d'autres pays encore, il y a deux sortes de sorcières : l'herboriste ignorant qui vend des charmes et la sorcière qui descend d'une lignée de prêtres et de prêtresses d'une ancienne religion, probablement issue de l’Age de Pierre, qui a été initiée (reçue dans le cercle) et qui est devenue dépositaire d’un savoir antique.

A une époque, l'Eglise ignorait la sorcière ; mais quand la Papauté s’est plus fermement établie, les prêtres ont traité le culte comme un rival honni qu’ils ont essayé de faire disparaître. Les Puritains ont poursuivi le même but et, ensemble, ils ont pratiquement réussi.

A partir du onzième siècle, l'Eglise chrétienne avait un certain nombre de dangereuses rivales. Les doctrines Manichéenne s’étaient répandues au Sud de l’Europe ; il s’agissait de nombreuses églises différentes, mais elles ont vécu paisiblement côte à côte. On peut dire qu’il s’agissait de Cathares. Ils avaient leurs propres évêques et diacres et avaient la grande déférence pour leurs « Parfaits » - des personnes initiées qui étaient presque considérées comme divines.

Ils se prosternaient devant eux en disant : « Benedicite ». Les Parfaits s’adoraient entre eux, mais cette adoration ne leur était pas adressée, mais plutôt à l'Esprit Saint qui était descendu sur eux. L'Eglise a accusé les Cathares de croire et d’enseigner qu'ils pouvaient librement se livrer à toutes les sortes de plaisirs ou de débauches jusqu'à ce qu'ils soient entrés dans le cercle des Parfaits, que leur âme passe d'une créature à une autre (la réincarnation) jusqu'à ce qu'ils deviennent Parfaits et qu’ils montent ensuite au ciel à leur mort. Ils étaient aussi accusés de persuader les gens à ne pas donner d'argent à l'Eglise.

Il y avait des églises semblables connues sous les noms de Vaudois et d’Albigeois. Nous ne savons pratiquement que ce que l'Eglise nous en a dit et elle a proféré les mêmes accusations contre toutes ces églises, ainsi que, pour faire bonne mesure, envers la sorcellerie. On a organisé des croisades et un très grand nombre de personnes ont été massacrées, les églises se sont cachées et on a alors persécuté les païens qui perpétuaient l’ancienne religion. Il semble qu’il allait de soi que tous les païens étaient des hérétiques et des sorcières et que toutes les sorcières étaient automatiquement hérétiques.


 

 

 

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