par Gerald Gardner (traduction Ameth)
Il y a eu des sorcières à toutes les époques et dans
tous les pays. Je veux dire par là qu’il y a toujours eu des hommes et des
femmes qui avaient une connaissance des remèdes, des philtres, des charmes, des
potions d’amour et, à une époque, des poisons. On a aussi pensé qu’elles
pouvaient affecter le temps en apportant pluie ou sécheresse. Par moment on les
détestait, par moment on les appréciait, par moment on les honorait, par moment
on les persécutait. Elles disaient être, ou on pensait qu’elles étaient, en
communication avec le monde des esprits, les morts et parfois avec les petits
dieux.
On pensait généralement que leurs pouvoirs étaient héréditaires ou que la
sorcellerie circulait dans les familles.
Les gens allaient chez eux chaque fois qu'ils avaient besoin de médications,
d’une bonne récolte, d’une bonne pêche ou qu’ils avaient un besoin quelconque.
Elles étaient, en fait, les prêtresses ou les représentants des petits dieux, et
étaient parmi les rares à se donner la peine d'écouter les ennuis de petites
gens. On les voyait comme des danseuses sauvages qui n’étaient « pas trop
rigides ».
A l’Age de Pierre, le chef du groupe souhaitait une bonne récolte, une bonne
chasse, une bonne pêche, la croissance des troupeaux et beaucoup d'enfants pour
que la tribu soit forte. Ce fut la tâche des sorcières de procéder à des rites
pour obtenir tout cela. C'était probablement une époque matriarcale, quand
l'homme était le chasseur et la femme s’occupait de la maison, de la médecine et
de la magie. Historiquement, on suppose que la période matriarcale allait du
milieu du neuvième millénaire au milieu du septième millénaire avant J.-C.,
époque où les grottes, les arbres, la lune et les étoiles semblent tous avoir
été adorés comme des symboles féminins.
C’est ainsi qu’est né le mythe de la Grande Mère et la femme était sa prêtresse.
Il est probable qu’à la même époque les hommes avaient un Dieu des chasseurs,
qui guidait les animaux. Plus tard, on a peut-être eu l'idée d'une vie future et
l’on pensait que le monde suivant pouvait être un lieu funeste à moins de
pouvoir atteindre la résidence des dieux, une sorte de paradis. On voyait cet
endroit comme un lieu de repos et de régénération, où l’on retrouvait sa
jeunesse et où l’on se préparait à une réincarnation sur la terre.
L'homme primitif craignait de renaître en dehors de sa tribu, il priait donc
rituellement son Dieu afin de renaître au même endroit et en même temps que ceux
qu’il aimait, de se souvenir d’eux et de les aimer à nouveau. Le dieu qui dirige
ce paradis était, je pense, la Mort ; mais, d'une façon ou d'une autre, il était
identifié au dieu de la chasse et portait ses cornes. Ce Dieu de la mort et de
la chasse, ou son représentant, semble avoir pris le dessus à un moment et
l'homme est devenu le maître.
Mais on peut tout de même souligner qu'à cause de sa beauté, sa douceur et sa
bonté, l'homme place la femme, comme le dieu place la déesse, à la place
d’honneur ; c’est pour cela que la femme est prépondérante dans la pratique du
culte.
Voici ce qui est probablement arrivé : il y avait une religion tribale
organisée, avec un dieu tribal masculin et un ordre de prêtresses et leurs maris
qui s’occupaient de la magie. Le chef prêtre du culte tribal était prépondérant
lorsqu’il participait à leurs réunions, mais en son absence la prêtresse
dirigeait. Mes sorcières parlent de lui comme un Dieu de « la Mort et de ce qui
se trouve après ». Par cela elles veulent dire qu’il est non seulement le dieu
de la vie dans le monde suivant, mais aussi celui de la résurrection (ou la
réincarnation).
Il dirige une sorte de terrain de chasse enchanté, où des gens ordinaires vont
et retrouvent des gens qui ont les mêmes idées, cela peut être agréable ou
désagréable selon votre nature. Selon vos mérites, vous pouvez être réincarnés
après un moment mais sans savoir ni où ni quand. Mais le dieu a un paradis
spécial pour ses fidèles, ceux qui ont conditionné leur corps et leur esprit sur
la terre. Ils ont un avantage sur les autres et sont préparés plus vite pour la
réincarnation qui se fera par le pouvoir de la déesse dans des circonstances
telles que celui qui se réincarne le sera à nouveau dans sa tribu. De nos jours,
cela signifie se réincarner dans un cercle sorcier.
Cela pourrait sembler être une série éternelle de réincarnations, mais on me dit
qu’après un certain temps vous pouvez devenir un des puissants, un de ceux qu’on
nomme les puissants morts. Je n’ai pu obtenir aucun renseignement à leur sujet,
mais il semble qu’ils soient un peu comme des demi-dieux ou des saints.
wica wicca Gerald Gardner