Pensée Magique (suite - 4)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

Il n'y a pas de mot français correspondant exactement au « witch » anglais, qui en ancien anglo-saxon possède deux formes, « wicca », (au masculin), et « wicce » (au féminin). Les français utilisaient le mot « sorcier » pour désigner à la fois les sorcerer et witch anglais, la forme féminine étant « sorcière ». On traduit généralement « witchcraft » par « sorcellerie ». Les dames qui, comme il est dit plus haut, venaient à cheval, probablement de loin. Etant forcées d’écrire leur nom, je pense que cela signifiait tout simplement qu’on leur disait : « Si vous voulez revenir, vous devez être l’une d’entre nous, c’est-à-dire être initiée et vous serez alors une fée ». En France, comme en Ecosse, un grand nombre de personnes parlait de « fées » lorsqu’ils voulaient, de toute évidence, parler de sorcières. Il s’agit d’un terme plus courtois, et en Ecosse, toute communication avec les « fées » était considérée comme un aveu d’avoir commercé avec des sorcières, c’est-à-dire avec les « païens », le peuple des bruyères, qui pratiquaient l’Ancienne Religion et des rites magiques. Pour résumer, il y avait des grandes festivités en l’honneur de la Déesse Nue de la Lune, où se rendait à pied le peuple, il pouvait s’agir de voisins qui se connaissaient les uns les autres. Les nobles (car je pense qu’il est peu probable que ces dames venaient sans escorte masculine) venaient à cheval. Comme il y avait des persécutions, on devait se porter garant pour eux lorsqu’ils venaient pour la première fois et leurs noms était enregistrés, afin qu'ils puissent revenir comme les membres du culte qui avait adoré la Déesse, puis, s’ils étaient des espions, ils risquaient des problèmes avec l’Eglise, car ils étaient devenus des « fées », c'est-à-dire des sorcières et qu’ils avaient adoré la Déesse Sorcière.

Le « Roman de la Rose », composé à la fin de la treizième siècle décrit de façon mi-sérieuse et mi-burlesque ces « sorcières qui chevauchent de nuit »:

 

                         Maintes gens, par lor folie,

                         Cuident estre par nuit estries

                         Errans avecques dame Habonde;

                         Et dient, que par tout le monde

                         Li tiers enfant de nacion

                         Sunt de cest condicion,

                         Qu'il vont trois fois en la semaine,

                         Si cum destineé les maine,

                         Et par tous ces ostex se boutent,

                         Ne clés ne barres ne redoutent,

                         Ains s'en entrent par les fendaces,

                         Par chatieres et par crevaces,

                         Et se partent des cors les ames,

                         Et vont avec les bonnes dames

                         Par lius forains et par maisons:

                         Ft le presevent par tiex raisons,

                         Que les diversités veues

                         Ne sunt pas en lors liz venues.

 

Les vers ci-dessus, dans leur pittoresque vieux français, font allusion au célèbre décret du Concile d’Ancyre, se référant à « Certaines femmes méchantes adorant Satan et séduites par les illusions et les fantasmes de démons, (qui) croient et professent qu’elles chevauchent, de nuit, avec Diane .... » Ce décret a été repris dans un statut épiscopal d’Auger de Montfaucon, 1279-1304, qui dit : Nulla mulier se nocturnis equitare cum Diana paganorum, vel cum Herodiade seu Bensozia, et in numina multitudinem profiteatur ». Il faut noter que curieusement l’Eglise semble affirmer ici que les histoires de chevauchées à dos de cheval jusqu’au Sabbat pour adorer la Déesse Sorcière n’étaient que « illusions et fantasmes de démons » et invitait les gens à ne pas y croire. Cela a fait partie de l’enseignement officiel de l’église pendant de nombreuses années, jusqu’à ce que l’on réalise que cette attitude est intenable quand on a été découvert, fort à propos, que ce décret du Conseil d’Ancyre était en fait apocryphes, et on a dit aux gens que le Sabbat existait réellement et que ne pas y croire était un péché mortel ! De nombreux documents illustrant cette volte-face de l’Eglise sont cités dans « Materials Toward a History of Witchcraft » de H.C. Lea vers qui je renvoie le lecteur pour les détails de cette histoire plutôt amusante sur l’infaillibilité de l’enseignement de l’Eglise sur la sorcellerie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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