En 1611 un prêtre nommé Père Godfrey a été arrêté sur l’accusation d’avoir corrompu plusieurs femmes et d’avoir été présent à plusieurs Sabbats de sorcières. L’abbé de Poponsa, qui a rédigé un compte rendu du procès, dit: « Il y a eu lors du procès de nombreuses dépositions sur le pouvoir des démons .... Plusieurs témoins ont dit que, après avoir été oint avec de l’huile Godfrey lui-même s’est transporté au Sabbat (pas de balai ?) et par la suite est retourné dans sa chambre en passant par la cheminée. Un jour, alors que ces dépositions étaient lues au Parlement et que l’imagination des juges était excitée par de longs récits de manifestations surnaturelles, on a entendu un bruit extraordinaire, puis un grand homme habillé en noir est apparu soudainement dans la cheminée. Les juges, pensant qu’il s’agissait du Diable venu au secours de son disciple, ont tous fui, à l’exception du Conseiller Thornton leur rapporteur, dont robe est restée accrochée à son bureau. Il était terrifié car il pensait qu’il avait été attrapé par un autre diable, il tremblait en faisant le signe de la croix et quand le grand homme s’est approché, il l’a salué et lui a présenté des excuses, expliquant qu’il était le ramoneur, qui, après avoir brossé les cheminées de Monsieur des Comptes, dont les cheminées jouxtaient la Tournelle, il s’était trompé et était, par erreur, descendu dans la salle du Parlement ». Il est ici question de ces très grandes cheminées qui communiquaient entre elles, il est donc tout à fait possible que, parfois, les personnes qui souhaitent entrer et sortir sans être remarquées aient pu le faire en passant par la cheminée et ainsi pénétrer dans la maison voisine. Il est possible que Godfrey l’ait fait, même si ce n’est pas la preuve qu’il se rendait au Sabbat, il pouvait tout simplement aller chez l’une des femmes qu’il était accusé d’avoir débauchée. On sait bien qu’on a retrouvé des fuyards cachés dans des cheminées. C’était probablement une pratique bien connue de personnes sportives qui les utilisaient et c’est peut être même une source de la légende du « Père Noël ». Comme on y brûlait du bois de chauffage et non du charbon, il ne devait pas être trop désagréable d’escalader ces cheminées.
Les prêtres utilisaient la magie à cette époque. Leland donne le sort proféré par Sir John Rowell, prêtre de Corstophine en Écosse, contre les voleurs qui avaient pillé sa basse-cour, demandant à ces démons de les tourmenter: « Görög, Harog, Sym, Skynar, Devetinus, le diable, qui fait le Dyce, Gueule de Feu, Cocodame, Tutuvillus, Browney et Syr Garnage ». Il n’en donne pas la date, mais c’était probablement avant que la Reine Marie d’Ecosse édicte la première loi contre la magie et la sorcellerie en Ecosse, en 1563, « Il n’est pas question ici de la personne ou des personnes ou de leur condition et fortune, il s’agit de ceux qui se servent de toutes sortes de sorcellerie, diablerie ou nécromancie, ils subiront la peine de mort, tout comme celui qui utilise leurs potions, celui qui les consulte ou qui leur demande de faire quelque chose. »
A première vue, il semble curieux à certains, que l’Eglise ne s’oppose pas à la magie cérémonielle, alors qu’elle persécutait la sorcière. Je pense que la seule réponse est que l’Eglise pratiquait elle-même ce genre de magie et qu’elle savait que la sorcellerie pratiquait une forme différente de magie, car il s’agissait d’une religion différente. Cela impliquait la transmission d’une tradition de pratiques par certaines familles et groupes de personnes qui ne pouvaient acquérir la connaissance de ces pratiques par des initiations secrètes et un enseignement familial, et l’Eglise haïssait et craignait ces traditions qui appartenaient à ce qu’elle considérait comme une rivale mortelle.
wica wicca Gerald Gardner