Pensée Magique (9)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

Ceux qui connaissent les légendes de l’ancienne Egypte se souviendront que les Egyptiens croyaient aux « hekau » les « mots de pouvoir » par lesquels des entités désincarnées, et même des dieux et des divinités mineures, pouvaient être soumis. Une légende raconte qu’Isis a acquis toute sa puissance en obtenant et en employant le nom secret du Dieu Suprême Ra. Cela nous ramène naturellement vers des croyances plus primitives comme celles qui font que certains sauvages n’aiment pas dire leur vrai nom à tout le monde au cas où il pourrait être employé pour faire la magie à leur dépend. Ils préfèrent être appelés par un surnom.
La magie Kabbalistique des noms semble trouver sa source dans  la légende juive où le Roi Salomon par sa grande sagesse a découvert les Mots de Pouvoir, les Noms Secrets de Dieu et a légué son savoir à son fils Roboam. On dit qu’il s’agissait là de l’origine du grimoire classique appelé « Les Clavicules (ou Clefs) de Salomon ». On dit qu’il s’agit d’un document réel que Salomon a légué à son fils. Il y a un certain nombre d’éditions différentes de ce texte. Son pendant est un texte appelé « Le Lemegeton, ou « Clavicules Mineures de Salomon » (parfois appelé « La Goetie ») qui est censé être une liste des soixante-douze maîtres des esprits malveillants que le bon Roi Salomon, pour le bien de l’humanité, avait enfermés dans un récipient d’airain et jeté à la mer. Par la folie des générations suivantes ce récipient fut remonté à la surface et on a laissé les démons s’échapper, mais les sceaux que Salomon s’est fait remettre par la contrainte par les princes démons sont contenus dans le « Lemegeton » et par ces curieux sigils et le procédé magique et l’emploi des Noms de Pouvoir qu’on trouve également dans ce texte, ils peuvent encore, dit le livre, être contraints d’accomplir la volonté du magicien.
Je connais personnellement un homme qui m’a dit avoir récemment réussi à évoquer de façon visible un des esprits du « Lemegeton ». Cet esprit lui est apparu à plus d’une occasion et lui a parlé. Je ne sais pas si la manifestation a été vue ou entendue par une autre personne. L’aspect de l’esprit était quelque peu différent de celui décrit dans le grimoire, mais selon Aleister Crowley, qui a aussi pratiqué l’évocation de ces esprits, ce n’est pas inhabituel. L’intérêt, je pense, se trouve dans ce que l’esprit est censé avoir dit. Il a donné son nom et on a constaté par la suite qu’il en avait donné l’orthographe hébraïque exacte et il a dit à l’opérateur que les créatures comme lui n’étaient pas nécessairement « bonnes » ou « mauvaises », elles sont juste différentes. C’est-à-dire, qu’elles sont sur un plan d’évolution différent de celui de la race humaine et par conséquent ce serait une erreur que de vouloir les classifier selon des normes humaines comme étant de « bons » ou de « mauvais » esprits. Pour cette raison aussi, les rapports entre eux et les humains ne sont pas toujours sains. L’esprit n’a pas semblé être particulièrement mauvais. Son aspect était celui d’un être de la taille et de la constitution d’un homme grand et fort, mais il était couvert de ce qui ressemblait à des écailles brillantes et sur la tête ce qui semblait être de petites cornes comme celles d’un faune ou de grandes oreilles pointues.
Les deux grimoires mentionnés plus haut sont les livres-source de la plupart des autres livres magiques de cette époque et des périodes postérieures, qui les ont copiés et adaptés ou en tout cas qui leur ressemblent beaucoup. La préface de la copie manuscrite du British Museum (Lansdowne MSS. 1203) des « Clavicules » explique un peu comment de tels livres sont tombés dans des mains chrétiennes: « Ce Testament fut autrefois traduit de l’Hébreu en Latin par le Rabbin Abognazar, qui l’a amené avec lui dans la ville d’Arles en Provence, où par chance remarquable les anciennes Clavicules Hébraïques, c’est à dire sa précieuse traduction, est tombé dans les mains de l’archevêque d’Arles après la destruction des juifs de cette ville, qui, du latin, l’a traduite en langue vulgaire, dans les mots qu’on lira ici, sans y avoir changé ou augmenté la traduction originale de l’Hébreu. »


 

   

 

 

 

 

 

 

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