La sinistre Reine Catherine de Médicis (qui
fut responsable du massacre des protestants à la veille de la St. Barthélemy)
était connue pour son intérêt pour les arts occultes. On a murmuré que son fils
préféré, le Roi Henri III de la France, se passionnait pour la magie noire. Il
peut s’agir, naturellement, que d’une simple rumeur diffusée pour des raisons
politiques afin de l’attaquer car il était très impopulaire, mais il semble tout
à fait probable que la Reine Catherine lui ait réellement enseigné ses pratiques
occultes et qu’après sa mort ses curieux instruments magiques ont été exhibés
publiquement.
Il a été par la suite assassiné et remplacé par Henri IV, un prince qui prenait
la vie et la religion de façon plus légère que la Reine Catherine ou son fils.
Il était tout d’abord protestant mais comme on lui avait conseillé de changer de
religion pour être accepté comme roi il a crié : « Paris vaut la peine une
Messe » et il s’est converti. Mais lui aussi fut assassiné, laissant un fils,
Louis XIII, toujours mineur, et sa reine, Marie de Médicis, qui a régné comme
Régente. Une fois encore l’ombre de la sorcellerie s’est abattue sur la Maison
Royale Française. La Régente, au grand désespoir de la noblesse, est tombée sous
la coupe de deux aventuriers italiens, Léonora Galigaï et son mari Concini, pour
qui Léonora, la plus forte personnalité des deux, n’a pas perdu de temps pour
obtenir le titre de Maréchal D'Ancre. Léonora, alors qu’elle n’était
officiellement que Dame de Compagnie de la Reine, exerçait une telle influence
sur la Reine qu’elle et son mari régnaient pratiquement sur la France et qu’ils
ont amassé une fortune considérable. Elle semble avoir été l’une de ces
personnes étranges qui, comme Raspoutine, possédaient le pouvoir d’exercer une
sorte de charme hypnotique sur les autres. Rapidement son mari Concini fut
couvert d’honneurs, alors que le roi de seize ans était pratiquement maintenu en
captivité. Comme pour Raspoutine on a prétendu que Léonora pratiquait la magie
noire et c’est ce qui lui donnait cet ascendant extraordinaire sur la Reine.
Le jeune roi, désespéré, a conspiré avec certains de ses nobles pour assassiner
Concini, et l’un d’entre eux a tué le Maréchal. Il fut inhumé à la hâte, mais la
foule de Paris, qui le détestait à cause de ses excès a déterré son corps et l’a
accroché sur le gibet que Concini avait fait ériger sur le Pont Neuf pour
intimider tous ceux qui essayaient de s’opposer à lui. La fureur contre le
Maréchal était si grande qu’après l’avoir pendu symboliquement son corps fut
dépecé et les morceaux ont été vendus à tous ceux qui souhaitaient en acheter.
Voilà une explication pour cette scène d’horreur macabre, mais on disait que
Concini était un puissant sorcier, on pensait que de telles reliques infâmes
possédaient en elles-mêmes des vertus magiques.
Le roi, ayant retrouvé sa liberté, a envoyé une compagnie d’archers pour arrêter
Léonora Galigaï et la mener à la Bastille. Elle a été jugée et accusée de
sorcellerie. On a dit qu’on avait trouvé des livres en Hébreu dans ses
appartements (il s’agissait peut être de grimoires) et un de ses domestiques a
dit qu’il l’avait accompagnée dans une église pour y sacrifier un jeune coq à
minuit. Tout le monde était bien sûr contre la favorite déchue, mais il semble
bien que la Maréchale s’était associée à un médecin juif italien nommé Montalo,
qui fut un sorcier réputé, qu’elle consultait une diseuse de bonne aventure et
qu’elle portait sur elle des charmes. Elle fut, bien sûr, déclarée coupable et
condamnée à être décapitée et brûlée sur la place de Grève, le 8 juillet, 1617.
Sa réponse à l’accusation de sorcellerie est célèbre. « Mon sortilège » a-t-elle
dit « a été le pouvoir que doivent avoir les âmes fortes sur les esprits
faibles ». En voyant son portrait (et elle n’était franchement pas remarquable
pour sa beauté ou l’expression de son visage), et en pensant à ces paroles, on
se sent un peu navré pour la reine Marie de Médicis.
Dans « Gypsy Sorcery » p. 188 Leland dit « Il y a une forte tradition voulant
que les Papes aient pratiqué la sorcellerie depuis le dixième siècle et que le
Pape Sylvester II l’a admis sur son lit de mort ». Mais ici, comme tant
d’auteurs, Leland ne fait pas la différence entre la magie cérémonielle et la
sorcellerie proprement dite. Catherine de Médicis et Léonora Galigaï
pratiquaient peut être la magie mais elles étaient de trop bonnes catholiques
pour être des sorcières païennes. La magie cérémonielle, noire ou blanche, la
magie des grimoires, est quelque chose de très différent de la sorcellerie et
sous-entend des idées totalement différentes. Certaines de ces idées remontent à
l’Egypte Antique et on peut en trouver des exemples dans les papyrus égyptiens,
mais la forme sous laquelle elles étaient connues et pratiquées au Moyen-Âge
était incontestablement d’optique et de phraséologie chrétienne. Mais, ce
n’était là que des sorts dont ils donnaient une traduction, car ils étaient
basés sur la tradition secrète Juive, la Kabbale. Expliquer ici les idées de
cette grande tradition serait une tâche impossible. Il faudrait lui consacrer
tout un livre mais on en trouvera de bonnes explications préliminaires dans « The
Mystical Qabalah » de Dion Fortune et « The Kabalah Unveiled » de S. L.
MacGregor Mathers. Rapidement on peut dire que la magie cérémonielle de ce type
fonctionne sur l’idée que les esprits, mauvais ou bons, peuvent être commandés
par la connaissance et l’utilisation de ces Noms Sacrés, de Dieu ou des anges et
des archanges, auxquels cet esprit particulier est lié par la crainte et la
vénération, en raison de son affinité occulte et de sa soumission envers eux.
Quand des esprits mauvais sont évoqués, ils sont commandés et contraints par les
Noms Sacrés de Dieu et doivent accomplir la volonté du magicien. D’où
l’expression « un nom par lequel conjurer ». Le Mot « conjurer » signifie en
réalité « jurer avec » ou « prêter serment avec ». Ce ne sont pas toujours des
esprits mauvais qui sont appelés, mais néanmoins les êtres qui répondent à
l’appel ou à la conjuration du magicien sont généralement considérés comme
étant au moins espiègles si ce n’est pire et le magicien est incité dans les
grimoires, ou livres de magie, à se tenir dans un cercle autour duquel auront
été inscrits des noms sacrés et des sigils, de sorte que le cercle constitue une
sorte de forteresse astrale. Si une apparition visible de l’entité évoquée est
désirée, alors un triangle est tracé à l’extérieur du cercle, et l’esprit est
contraint d’apparaître dans le triangle. On voit souvent des représentations
fantaisistes de magie cérémonielle où un magicien en tenue se tient en dehors du
cercle et le démon ou l’esprit apparaît dans le cercle. Si l’on en croit la
méthode expliquée dans les grimoires, c’est tout à fait absurde.
wica wicca Gerald Gardner