par Gerald Gardner (traduction Ameth)
La question du culte aux époques Romaine
et Saxonne reste plutôt mystérieuse. La grande question est, est-ce que les
sorcières et les Druides étaient membres du même culte ? Les sorcières n’ont pas
de tradition précise à ce sujet. Personnellement, je pense qu’il ne s’agissait
pas du même culte, le culte des sorcières était la religion du peuple et celle
des druides était une religion plus aristocratique, un peu comme mille ans plus
tard lorsque le culte des sorcières était la religion des paysans mais que
l’église de Rome était la puissance dominante. L’église de Rome n’était pas
uniquement une religion, mais elle avait aussi une grande influence sur
l’administration, l’éducation, les politiciens ainsi que de manière peu discrète
sur les rois. Les Druides semblent avoir occupé une position similaire.
L’occupation romaine a duré de l’an 43 à 410. Je me demande si la religion que
les Romains
ont apportée avec eux a eu une grande influence sur le culte des sorcières. Le
culte officiel des Empereurs déifiés et de Jupiter est plus une expression d’un
sentiment national, comme les statues de Britannia avec un trident et un
bouclier (même si elle ne fut jamais vraiment une expression de la Grande Déesse
de Mère) ou « Oncle Sam » avec son pantalon rayé et sa barbichette ou la jolie
dame à la jupe très courte, au corsage très décolleté et au Bonnet Phrygien
estampillé « La France ». Des hommes ont combattu et sont morts pour eux, mais
ils ne les voyaient pas vraiment comme des dieux, mais ils croyaient à ce qu’ils
représentaient. C’est-à-dire qu’ils ne les prenaient pas au sérieux (qui pouvait
prendre au sérieux les Empereurs déifiés ?) mais ils faisaient avec, il en est
de même pour ceux qui, quels que soient leurs sentiments sur la royauté, se
lèvent lorsqu’on joue l’hymne national. Mais la question est tout autre
lorsqu’on parle des divers Cultes à Mystères que les Romains ont apportés avec
eux, le culte de Sérapis à York par exemple ou le culte de Mithra dont il y eut
un certain nombre de temples en Grande-Bretagne et dont un temple a été
récemment découvert à Londres.
De ce que nous savons du culte de Mithra je me demande vraiment s’il avait un
effet quelconque. Il s’agissait d’un culte du soleil, exclusif, puritain et
masculin destiné aux militaires austères qui avaient une vie difficile, ce culte
était très populaire chez les légionnaires romains. Mais il en va tout autrement
lorsqu’on parle des Mystères Grecs et Romains. J’ai parlé longuement dans mon
livre précédent « Witchcraft Today » des découvertes faites dans la Villa des
Mystères à Pompéi. Tous Mystères étaient similaires, ils avaient leur drame
sacré où le candidat reproduisait certains événements de l’histoire du dieu ou
de la déesse. C'est le principe de la Communion Sacrée des Chrétiens où ils
mangent le pain et boivent le vin pour s’identifier aux actions du Christ. Quand
les rituels de ce type sont pratiqués de manière à impressionner, ils deviennent
des événements important dans la vie du candidat, ils peuvent vraiment changer
son caractère et faire de lui un médium permettant d’entrer en contact ou de
communier avec le dieu. Ces Mystères sont incontestablement à buts magiques,
mais ce but est de faire des participants des hommes meilleurs et plus dignes de
salut ensuite. L’Orphisme était peut-être le Culte à Mystère le plus important.
C’était une religion orgasmique et extatique qui était surtout un culte à
Dionysos. L’initié revivait son mythe pour ne faire plus qu’un avec le dieu et
restaurer l'union entre son corps et son esprit, il mourait et renaissait comme
le dieu l’avait fait. Ils y avaient habituellement une forme de doctrine du
péché originel ou au moins d’une impureté et les initiés en étaient purgés par
certaines mortifications de la chair lors des Mystères (mais cette doctrine
n’était pas la même que celle du péché originel de l’Eglise Chrétienne).
Les Mystères tenaient une place très importante en Grèce, ils étaient protégés
par l’Etat qui en payait le coût pour les pauvres de sorte que tous les citoyens
puissent en être membres. Par contre, les gens dont le tempérament n’était pas
adapté en étaient inflexiblement exclus, quel que soit leur rang. On pensait que
les secrets étaient nécessaires pour la préservation de l’Etat et les trahir
constituait un délit pénal. Ces Mystères se sont développés sans interruption
pendant plus de mille ans jusqu'au 4ème siècle de notre ère lorsque les premiers
chrétiens ont pillé et détruit les temples et empêché qu’on pratique les rites.
Des temples délibérément profanés ont été aussi trouvés en Grande-Bretagne,
comme le tombeau de Conventina et le temple de Mithra à Carrawburgh. Le Temple
d’Eleusis lui-même a été détruit par les Goths sur l’initiative des moines qui
suivaient les armées d’Alaric. Les empereurs romains Auguste, Claude, Hadrien,
Marc Aurèle, Commode, Septime Sévère et probablement Antoine, étaient des
initiés des Mystères d'Eleusis, bien que d’après ce que l’on sait, Hadrien était
le seul initié impérial à avoir reçu les trois degrés. C’est lui qui a importé
la célébration de ces Mystères à Rome. Dudley Wright, dans « The Eleusinian
Mysteries and Rites » écrit :
Vers le début du cinquième siècle Théodose le Grand a interdit et presque
totalement fait disparaître la théologie païenne dans l’Empire Romain et les
Mystères d’Eleusis ont pratiquement totalement disparu. Il est probable,
cependant, que les mystères furent célébrés en secret malgré les lois sévères de
Théodose et qu’ils furent perpétués partiellement tout au long des âges sombres
mais ils étaient privés de leur éclat. Il est certain que de nombreux rites
païens étaient pratiqués sous couvert de réunions festives, longtemps après la
publication des édits de l’Empereur et Psellius nous informe que les Mystères de
Cérès ont existé à Athènes jusqu'au huitième siècle de l'ère chrétienne et n’ont
jamais été totalement supprimés.
wica wicca Gerald Gardner