A partir de 3000 avant notre ère, il y a
eu une immigration constante de population du Néolithique vers la
Grande-Bretagne. On a tout d’abord pensé qu’il s’agissait de chasseurs mais, en
fait, on a constaté qu’ils possédaient des animaux domestiques et s’étaient
établis comme fermiers et éleveurs de bétail. On dit que ces personnes venaient
d’Afrique du Nord. Ils sont arrivés en Europe par la France et l'Espagne, plus
tard ils ont traversé la mer et, vers environ 2500 avant notre ère, il semble
qu’ils aient eu de bons bateaux, capables de faire de longs voyages en mer. Ils
ont construit de longs tertres mégalithiques et semblent avoir eu un culte des
morts proche de celui d’Osiris en Egypte, c’est-à-dire, un dieu des morts, avec
son épouse sorcière qui l'a pleuré et l’a ramené à la vie grâce à sa magie. Le
dieu défunt régnait sur l’Au-Delà et pouvait vous y obtenir des conditions
favorables après votre mort.
Il semble que certains peuples antiques, les Egyptiens et les Assyriens,
croyaient en un Au-delà malheureux, où l'âme errante pouvait souffrir de la
faim, de la soif et des ténèbres, mais ne connaissaient pas de douleur physique.
Ils pouvaient être aidés par les dieux, qui pouvaient leur épargner de telles
conditions, mais il était difficile pour que les gens du peuple d’obtenir cette
aide, qui était réservée aux rois et aux hommes puissants qui pouvaient être
enterrés dans des tombeaux appropriés avec les cérémonies appropriées et qui au
cours de leur vie étaient passés par les rites qui leur avaient été enseignés
sur la manière de renaître, c’est à dire qu’ils passaient par une cérémonie
d’initiation où l’on simulait la mise à mort et la renaissance. La mort et la
résurrection. Connaissant le chemin vers le Pays des Dieux, ils pouvaient y
mener les disciples qu’ils avaient choisis.
Ceux qui ont construit les longs tertres mégalithiques ont pu penser que tous
ceux qui participaient à la construction des grands tombeaux partageraient
l’immortalité de leur chef enterré dans des circonstances favorables. On pense
qu’à cette époque les gens croyaient la même chose en Egypte. Plus tard, il fut
d’usage en Egypte de peindre des fresques représentant un noble et les siens sur
les côtés de son tombeau et tous ceux qui étaient ainsi représentés partageaient
son paradis tout en continuant à travailler pour lui comme domestiques. Cette
croyance a mené à la curieuse coutume de soudoyer de temps à autre les
constructeurs du tombeau de sorte qu’à la dernière minute, après que les
cérémonies funèbres aient été accomplies et juste avant qu’on ne ferme le
tombeau pour de bon, ils rayaient le visage d'une personne impopulaire, en
général un contrôleur, pour le priver de sa part de Paradis. Ils croyaient que
de façon mystérieuse le salut dépendait de la conservation de votre corps ou
d'une image le représentant, ainsi un grand homme avait un certain nombre
d'images le représentant et il se faisait enterrer avec, de sorte que si son
corps était détruit, sa vie pouvait continuer grâce à ces images magiques. Les
anciens britanniques semblent s’être amusé de la croyance qu’un tombeau de roi
ou de héros soit nécessaire au salut, il ne semble pas qu’ils partageaient les
idées des Egyptiens au sujet des images ou bien elles étaient faites sous des
formes qui n'ont pas survécu. Il est probable, cependant, qu’il s’agissait d’un
concept égyptien postérieur, probablement inventé par des prêtres et des
faiseurs d’images pour recevoir plus d'argent. Il est aussi possible que les
immigrés du Néolithique aient adopté les croyances indigènes concernant l’union
avec les dieux par les danses et d'autres moyens était tout ce qui était
vraiment nécessaire, bien qu'être de la troupe ou de la famille d'un roi ou d'un
héros ait été une aide considérable. Les sorcières modernes croient qu'à la mort
« le Puissant », le vieux dieu du culte, vient pour les disciples fidèles et les
emmène à un endroit protégé, parmi d'autres initiés qui s’en sont allés avant.
Je pense que ce corps de croyances et de pratiques primitives est devenu une
véritable religion. On ne peut affirmer qu’ils n’aient eu que deux dieux, le
vieux dieu de la chasse et le nouveau dieu de mort et de résurrection, mais il y
a une tendance naturelle à amalgamer les dieux, de prendre deux dieux distincts
comme étant des manifestations totalement différentes de la même déité et il me
semble qu’à un moment le Grand Chasseur et le Dieu de la Mort et de l’Au-delà
ont fusionné. De même, la Grande Mère s’est amalgamée à l’épouse-sorcière qui
faisait revenir à la vie son mari assassiné, la personnification des attraits
féminin et de l’excitation, « le désir du monde ».
Vers 2000 avant notre ère, le « Peuple des Gobelets » (appelés ainsi en raison
de la forme particulière de la poterie qu’ils fabriquaient) a commencé à arriver
d’Espagne ainsi que de France et du Rhin. Ils avaient des armes en bronze et
construisaient des tertres circulaires. Ce sont eux qui sont censés avoir
construit Stonehenge et Avebury.
Il n’y a guère de doute que des bateaux venant de Crète accostaient
régulièrement ici et c’est eux ou ceux de Mycènes qui ont apporté avec eux des
perles en faïence bleue fabriquées en Egypte vers 1400 avant notre ère. On en a
trouvé un grand nombre dans le Wessex. Les recherches du défunt Michael Ventris
et les fouilles à Pylos prouvent qu'il y avait une grande civilisation sur le
continent ainsi qu'en Crète au moins à partir de 2000 avant notre ère et cela
jusqu'aux invasions des Mycéniens. La puissance de la Crète fut brisée par les
Grecs de Mycènes qui ont saccagé la grande ville crétoise de Cnossos vers 1400
avant notre ère, et les bateaux de Mycènes et de Troie ont assuré et maintenu ce
commerce avec la Grande-Bretagne jusqu'aux environs de 1200 avant notre ère, à
l’époque où ils furent vaincus par les Doriens qui n'étaient pas des marins. Peu
à peu ce sont les Phéniciens et leur colonie Carthage, sur la côte de l'Afrique
du Nord en face de la Sicile, qui sont devenus les maîtres des mers. Ils ont
conquis la majeure partie de l'Espagne et ont empêché les bateaux des autres
nations de traverser le détroit de Gibraltar. Il est probable qu'ils aient eu
des liens avec la Grande-Bretagne, mais à cette époque le fer avait remplacé le
bronze, l’étain n’était donc plus aussi important, cet étain qui était alors
exporté par la Grande-Bretagne et qui provenait des mines de l’Ouest du pays et
qui était indispensable pour faire des armes en bronze.
Il s’agit là de faits historiques plus ou moins reconnus, tous sont liés à ce
qui a participé à la genèse de la foi de la Grande-Bretagne Antique et, par
conséquent, ont aussi eu une influence sur sa survie fragmentaire qui est
représentée par la sorcellerie. Il est bien connu que les idées de toutes sortes
tendent à suivre les itinéraires commerciaux. Par ce moyen et en suivant les
diverses immigrations des colons, différentes idées religieuses sont arrivées
ici.
wica wicca Gerald Gardner