Souvenirs et Croyances Sorcières (8)
par Gerald Gardner (traduction Ameth)
William Temple, qui était alors Archevêque de Canterbury, a écrit en 1935 :
« Attribuez la responsabilité du mal humain à Satan si vous voulez,
personnellement je pense qu’il existe et qu’il est responsable de biens des
choses et dirige des esprits malfaisants ».
Comme de nos jours, des gens croient encore en de telles choses et il est facile
de comprendre comment lorsque Henry VIII a abrogé toutes les lois contre la
sorcellerie, les sorcières ont pensé que le monde deviendrait un peu plus sain.
Au Lincoln’s Inn Field, de féroces réformateurs arrivés depuis peu de Genève, où
Calvin était occupé à brûler des sorcières, ont fabriqué une effigie de cire à
l’image de la Reine Elisabeth I et y ont planté des aiguilles, ce qui a conduit
la reine à ré-instituer des lois contre la magie et la sorcellerie, mais le
pilori était la seule peine encourue. Sa cousine catholique, la Reine Mary d’Ecosse,
a institué une loi en Ecosse qui condamnait au bûcher toutes les sorcières et
ceux qui les consultaient. Son fils James VI d’Ecosse, puis James 1er
d’Angleterre ont brûlé des sorcières avec entrain et James 1er a importé la
peine de mort en Angleterre, mais il ne put faire admette les bûchers aux
anglais. La torture était légale en Ecosse, mais pas en Angleterre.
En Angleterre, les Puritains ont repris les persécutions et les pendaisons avec
dynamisme. Matthew Hopkins, le fameux « Général Chasseur de Sorcières », et
d’autres qui l’ont imité ont gagné ainsi beaucoup d’argent. Par exemple, il a
été écrit qu’il a reçu 28 £ et 3 pennies à Stowmarket, où les gens étaient
convaincus qu’il avait un ordre du Parlement et ont accepté de payer une taxe à
ce charlatan et sa suite. De nos jours, cela représenterait une somme
considérable.
Le talisman contre la sorcellerie de Matthew Hopkins que l’on trouve ici dans ce
musée est un autre moyen de gagner de l’argent. Hopkins vendait ces talismans
pour se protéger contre la sorcellerie et en demandait un bon prix. Si quelqu’un
refusait d’en acheter, il courrait le risque d’être dénoncé pour avoir «
favorisé la sorcellerie ».
Par des méthodes ingénieuses, il imaginait des moyens de torturer les
prisonniers tout en respectant techniquement la loi. Cependant, les gens ont
commencé à être moins crédules qu’ils ne l’avaient été et de nombreux notables,
par exemple John Gaule, le Vicaire de Great Staughton, a protesté contre ses
activités. Il semble qu’Hopkins ait eu une fin mystérieuse. Il a débuté sa
carrière de chasseur de sorcières en 1644 et il est mort vers 1648.
Dans un poème contemporain de Samuel Butler, il est dit qu’Hopkins est phtisie.
Des personnes qui étaient outrées par sa cruauté se sont regroupées et lui ont
fait passer de force un de ses tests, c'est-à-dire qu’ils l’ont fait nager dans
un étang pieds et poings liés en croix (la main droite attachée au pied gauche
et la main gauche au pied droit. L’idée était que si la personne se noyait, elle
était innocente mais si elle flottait, il s’agissait alors d’une sorcière qui
était alors pendue. L’histoire veut qu’Hopkins ait surnagé, prouvant ainsi qu’il
était lui-même une sorcière. Il eut un sérieux refroidissement dont il est mort
peu après. Il est certain que cela a coupé court à sa carrière. Mais il avait
auparavant fait régner une petite ère de terreur dans le Norfolk et le Suffolk
et fut l’instrument de nombreuses morts.
Ce n’est qu’en 1735 que les lois pénales contre la sorcellerie furent abolies et
en 1951 que la dernière loi contre la sorcellerie fut supprimée du Livre des
Lois. Avec toutes ces histoires de persécutions, est-il étonnant que les membres
du culte sorcier n’éprouvent pas énormément de tendresse pour l’Eglise ou ne
fassent pas confiance en une foi qui se sert de l’enseignement de son Maître,
qui n’avait jamais persécuté personne, le transformant en une frénésie de
torture et d’horreurs ? Combien sont morts dans cette chasse aux sorcières dans
toute l’Europe Occidentale ? Personne ne le saura probablement jamais, mais on
l’estime à 9 millions.
Même si toutes les lois sur le sujet ont été abolies, cela n’a pas fait plaisir
à tout le monde et certains cherchent toujours à essayer de rallumer les
persécutions en publiant des histoires à donner le frisson, histoires reprises
par des hommes d’églises avertissant solennellement leurs ouailles contre la «
magie noire » et « le culte du diable ».
Peut-on alors s’étonner que les adhérents de cet ancien culte préfèrent ne pas
être connus ? Pourtant, les gens sont mécontents lorsque je refuse de leur
donner les noms et adresses de personnes dont je sais qu’elles sont sorcières ou
lorsque je refuse de les emmener assister à une rencontre sorcière sans qu’ils
ne soient vus !
wica wicca Gerald Gardner