Souvenirs et Croyances Sorcières (6)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

La plupart des gens savaient où aller s’ils voulaient avoir des médicaments efficaces, ou des conseils en cas d'ennui et les gens de la campagne connaissaient bien que des danses et des rites se tenaient à intervalles réguliers pour que la récolte soit bonne etc… et ils savaient qui  organisaient tout cela et qui y participait, et il y avait de temps à autre « des purges » exécutées par les autorités ecclésiastiques. Certains diront sans doute que même si les sorcières ne savaient pas qu’elles faisaient quelque chose de mal, elles l’ont su dès que l’Eglise a proclamé que la sorcellerie était hérétique et pleine de péchés. Mais pour les sorcières il n’y avait pas de raison d’être condamné pour faire ce qui était fait depuis des siècles sans penser à mal. Elles demandaient « qu’est-ce qui pouvait être néfaste dans les anciennes coutumes ? Et l’Eglise n’interdit-elle pas tout ce qui est bien ? ».

Si en Angleterre les persécutions avaient été aussi systématiques que sur le continent, tout aurait pu être différent, mais il pouvait y avoir de très grandes persécutions sur une seigneurie car le seigneur ou sa femme était soudain « devenu religieux » ou parce qu’un nouvel évêque était arrivé dans le district. Je dis un « nouvel évêque », car il était possible que l’ancien évêque se rendait régulièrement aux Sabbats, ce dont fut accusé l’évêque de Coventry en 1303. Le Pape l’a accusé Quod diabolo homagium fecerat, et eum fuerit osculatus in tergo. Chartier iii. P.45. Ainsi, lorsque des persécutions se déclenchaient dans un district, des sorcières étaient arrêtées, d’autres s’échappaient, en traversant la rivière par exemple, et se rendaient sur les terres d’un autre seigneur.
Sir Matthew Hall (1609-1676) dans son « History of the Pleas of the Crown » dit : « la sorcellerie, Sortilegium, était selon les anciennes lois ecclésiastiques anglaises, en l’absence d’abjuration, punissable de mort selon le haeretico comburendo ».
Mais, qu’est-ce donc que ce crime d’hérésie dont autrefois l’église jugeait que celui qui s’en rendait coupable devait être puni de mort ? Selon Cobham Brewer (Dictionary of Phrase and Fable)
« Hérétique » signifie « celui qui choisi » et « hérésie » signifie simplement « un choix ». Un hérétique est celui qui choisit sa propre croyance et qui n’adopte pas la croyance autorisée par l’église nationale, en grec le mot hairesis signifie choix. Par un paradoxe curieux de l’évolution de la société humaine, ce qui fut un crime capital au moyen âge est devenu un des droits les plus prisés et fondamentaux des démocraties modernes.
En Angleterre ce n’était pas l’Etat qui était derrière ces persécutions. C’était l’affaire de certains évêques et nobles. Cela a pris plus de temps, mais ce fut très efficace car tous savaient qui suivait l’Ancienne Religion. Les sorcières étaient marquées et « liquidées ». Même si les évêques les faisaient parfois brûler pour hérésie, en général en Angleterre elles étaient plutôt pendues. La torture n’était pas légale, mais les durées et conditions d’emprisonnement à cette époque étaient souvent une véritable torture.
La propagande a joué un rôle important. Il était regrettable que le dieu des sorcières porte un casque avec des cornes, car l’Eglise qui commençait à proclamer la doctrine du diable adversaire de Dieu, le présentait sous l’apparence de dieu greco-romain Pan. Il y avait encore de nombreuses statues de Pan mi-homme mi- bouc avec des cornes sur la tête. L’Eglise disait que les païens ne devaient pas avoir créé de telles statues sans modèle, ils s’inspiraient de modèles vivants pour faire d’autres statues d’hommes, de femmes ou d’animaux, ainsi de telles créatures devaient exister et ce devaient être des diables qui avaient un Seigneur Suprême Maléfique à leur tête.
L’opinion publique ne pouvait qu’accepter les pendaisons, les bûchers et les tortures et les trouver légitimes s’ils étaient montés contre ceux qui seraient les victimes. Une des méthodes les plus sûres pour que cela se produise est de faire que les gens aient si peur qu’ils perdent la tête et le sens des réalités. Ainsi, ceux qui étaient désignés comme sorcières, hérétiques ou coupables de tous les crimes, possibles ou impossibles, que l’esprit humain puisse imaginer puisque les sorcières sont les cohortes sataniques sur terre. Avec de telles idées, la société humaine est devenue un champ de bataille dramatique et ce qui était peut être un des aspects les plus regrettables de cette guerre civile, c’est qu’elle était parfois menée par des hommes de bonne volonté et sincères, des hommes tellement endoctrinés qu’ils pensaient sincèrement que les bûchers et les gibets étaient là pour le triomphe du Christ et de Sa Croix. C’est probablement l’une des choses les plus affligeantes.

 

 

 

  

 

 

 

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