Souvenirs et Croyances Sorcières (4)
par Gerald Gardner (traduction Ameth)
Guillaume le Conquérant avait, de manière très sage, déclaré qu’il était le chef de l’Eglise et avait ses propres évêques ; mais alors que l’Eglise de Rome devenait plus puissante, elle a insisté pour qu’il n’y ait plus que des évêques non anglais. Ceci et d’autres choses encore ont fait que certains Normands sont retournés à l’ancienne foi. S’il était si difficile et cher d’aller dans le Paradis des Chrétiens et d’éviter l’Enfer Chrétien, le Paradis des sorcières était simple et agréable, mais vous deviez y croire. C’était facile et romantique, au moins pour les jeunes hommes. Vous n’aviez qu’à sortir et partir à la chasse avec quelques serviteurs croyants et vous perdre dans les bois pendant un certain temps. Même si tous au Château savaient où vous étiez en réalité, personne n’en parlait au village saxon ni au prêtre sauf si, comme c’était souvent le cas au début, le prêtre prenait lui-même part aux rites.
Il y a eu de nombreuses guerres qui ont causé le trouble dans les campagnes, mais les choses sont restées pour ainsi dire inchangées jusqu’à l’époque d’Edward 1er qui a expulsé les Juifs. Jusque là, les Juifs étaient un peuple à part, ils étaient marchands, prêteurs, collecteurs d’impôts et médecins. Ils vivaient en général en ville et se mariaient souvent entre eux. Ils étaient honnis mais tolérés par l’Eglise, leur nombre chutait occasionnellement suite à des massacres. Lorsque le Roi Edward les a bannis d’Angleterre, un grand nombre de ceux qui vivaient dans les grandes villes ont quitté le pays et d’autres sont allés vers les « districts extérieurs » qui n’étaient pas soumis aux lois et qu’on qualifiait de « districts sorciers ». Il y a probablement eu des liens entre eux. En tout cas, il y a une tradition sorcière qui veut que durant les massacres des juifs, les sorcières les ont protégés lorsqu’elles le pouvaient et ce sont ces Juifs qui ont enseigné la Kabbale aux sorcières, ainsi que certaines notions du mysticisme et des traditions magiques juives sur lesquels se base une très grande partie de la magie médiévale.
Ni les sorcières ni moi-même ne souhaitons argumenter sur les exactitudes ou les erreurs qu’enseignent les Kabbalistes Juifs. Tout ce que je peux dire, c’est qu’une tradition sorcière dit, entre autre, que l’ancienne religion d’Israël était un culte aux Elohim, le Père Surnaturel et la Mère Surnaturelle, qui ont créé l’homme à leurs images, masculin et féminin (Genèse, Chap. 1, v.26-28), ce mystère fut symbolisé par les Piliers Jumeaux sacrés, Jachin et Boaz, du Temple de Salomon ; mais, après l’époque de Salomon, de mauvais prêtres en sont venus à modifier la vraie foi et, à la place des Dieux d’Amour, ils ont parlé d’un Dieu solitaire de haine et de vengeance. Pour augmenter leur pouvoir et leur richesse, ces prêtres ont commis de nombreuses pieuses contrefaçons dans les Ecrits Sacrés et ont ainsi éloigné les hommes de la vérité.
A ce sujet, je voudrais citer l’introduction au livre « La Kabbale dévoilée » de S.L. MacGregor Mathers. En parlant du symbolisme des Sephiroth, les Dix Emanations du Divin il dit :
« Parmi ces Sephiroth, conjointement et individuellement, nous trouvons le développement des personnes et des attributs de Dieu. Parmi eux, certains sont masculins et d'autres sont féminins. Maintenant, pour une raison ou autre, les traducteurs de la Bible ont sciemment et soigneusement expurgé et réduit toutes les références au fait que la Déité est à la fois masculine et féminine. Ils ont traduit un féminin pluriel par un masculin singulier dans le cas du mot Elohim. Ils ont cependant, par manque de connaissance, laissé un pluriel dans Gen. I. v. 26, « Et Elohim dit : Faisons l'homme. » Et (v. 27), comment Adam peut-il être fait à l'image d'Elohim, masculin et féminin, à moins que les Elohim étaient également masculin et féminin ? Le mot Elohim est un pluriel formé à partir du féminin singulier ALH, Eloh, auquel on ajoute IM. Mais, comme IM est habituellement la terminaison d'un masculin pluriel et qu’il est ajouté à un nom féminin, cela donne au mot Elohim, l'image d'une puissance féminine unie à une idée masculine, et donc capable de donner naissance une descendance. Maintenant, nous entendons beaucoup parler du Père et du Fils, mais nous n’entendons rien au sujet de la Mère dans les religions actuelles. Mais dans la Kabbale, nous découvrons que l'Ancien des Jours est Lui-même simultanément dans le Père et dans la Mère, il engendre donc le Fils. Maintenant, cette Mère est Elohim. On nous dit aussi régulièrement que le Saint Esprit est masculin, mais le mot RVCh, Ruach, Esprit, est féminin, comme cela apparaît dans le passage suivant du Sepher Yetsirah : « AchTh RVCh ALHIM ChIIM, Achath (féminin et non Achad qui est masculin) Ruach Elohim Chiim, Une est l'Esprit de l'Elohim de Vie ».
wica wicca Gerald Gardner