Signes et Symboles (7)
par Gerald Gardner (traduction Ameth)
Les personnes réellement dévotes de toutes confessions peuvent vraiment atteindre ce but, ou quelque chose qui s’en rapproche, par la prière. Le fumeur d’opium et celui qui prend du haschisch peuvent généralement y parvenir à volonté, au moins dans un premier temps (à condition de pouvoir obtenir les drogues dont il a besoin). Certains ivrognes y parviennent pendant une courte période, mais les « éléphants roses » leur gâchent le séjour dans cette Cité Céleste. Les anarchistes du 19e siècle pensaient pouvoir y parvenir par la suppression de tous les gouvernements, ainsi tout homme pourrait faire ce qu’il veut. Mais, malheureusement, nombre d’entre eux ont souhaité attirer l’attention sur leurs idées en suivant l’exemple des dynamiteurs irlandais, en jetant des bombes dans des lieux où il y avait de nombreux badauds et en assassinant des rois et des présidents. Ainsi, les non anarchistes ont fait comme eux et ont exécuté quelques anarchistes. Feu Aleister Crowley enseignait à ses disciples de bêler : « Fais ce que tu veux sera toute la loi. » Ils n’ont compris que trop tard que cela signifiait : « Fais ce qu’Aleister Crowley veut sera toute la loi. »
De même on a dit que feu Henry Ford aurait déclaré : « Tout acheteur de notre modèle de l’an prochain peut avoir une voiture de n’importe quelle couleur, à condition qu’il choisisse le noir. » Sprague de Camp a écrit une histoire amusante parlant d’une « Cité Céleste » où tout le monde devenait ce qu’il voulait être. Son héros se trouvait là en habit de fringuant cavalier, un peu comme d’Artagnan, mais avec des idées vagues sur la façon dont un cavalier devait se comporter lorsque la plupart de ses voisins étaient vêtus d’armures en métal, ou encore comme des héros wagnériens vêtus de peaux d’ours, avec d’énormes épées. La plupart des filles ressemblaient aux princesses égyptiennes fantasmées par les producteurs de films, tous les hommes étaient beaux et toutes les femmes merveilleusement belles. Mais où dormir et où manger ? Très peu de gens se voyaient en gérants d’hôtel et ceux qui le faisaient l’étaient comme au Far-West avec un six-coups dans chaque main avec lesquels ils réglaient toutes les récriminations. Et les seules personnes qui s’imaginaient en barmen voyaient surtout l’aspect « maintien de l’ordre » et brisaient des bouteilles sur la tête des clients. Il y avait aussi de nombreux cow-boys qui éteignaient les lampadaires en tirant dessus, mais personne ne pensait à les réparer. Il y avait un grand nombre de membres de Patrouilles Interplanétaires, mais il n’y avait aucun trafic interplanétaire parce que même s’il y avait de nombreux concepteurs de vaisseaux spatiaux interplanétaires, personne n’avait envie de se charger de les construire.
Il y avait d’innombrables beautés de harem, mais personne ne se considérait assez riche pour avoir un harem. Il y avait de belles espionnes et des communistes barbus partout. En fait c’était vraiment un lieu à éviter car ce que vous souhaitez est toujours être conditionné par les faits et gestes des gens autour de vous. Cela a été souligné très clairement par certains des premiers écrivains chrétiens qui croyaient que parmi les plus belles joies du ciel il y avait la possibilité d’observer ceux qui se faisaient torturer en enfer. L’Inquisition a également eu un aperçu de la Cité Promise et elle n’a pas aimé ce qu’elle a vu. Ils se plaignaient amèrement : « Les Basques, homme, femme et enfant ne parlaient que du dernier Sabbat et ne pensaient qu’au prochain. » Et ils ont souligné le fait que chaque hommes rêvait d’un endroit secret où il peut être heureux, même provisoirement et connaitre même pendant un court laps de temps « la Joie qui dépasse tout entendement » sans subir les effets négatifs liés à l’usage de drogues. Ce n’est pas « l’Extase Religieuse », qui ne peut être expérimentée, le cas échéant, qu’une fois dans une vie, mais quelque part sur cette terre comme les Basques autrefois où vous n’avez envie de parler de rien d’autre que de la dernière rencontre et vous attendez avec impatience la prochaine. C’est pour cela que la « Wica » a subi des tortures et la mort plutôt que d’abandonner ces joies. C’est un avant-goût de la « Cité Promise » qu’on atteint en pénétrant aujourd'hui dans le « Cercle des Sorcières. »
wica wicca Gerald Gardner