Signes et Symboles (4)
par Gerald Gardner (traduction Ameth)
L’Ancien Dieu a vraiment l’apparence de « l’Homme Vert » dans le vieux roman « Sire Gauvain et le Chevalier Vert. » Le personnage du « Chevalier Vert » est étrange et fantastique tout en étant courtois et aimable d’une façon qui fait honte à Sire Gauvain, ce sont là des caractéristiques de l’Ancien Dieu. Il faut aussi noter que dans cette histoire, sa « femme » c’est Morgan Le Fay, la Dame de la Lune, qui apparaît parfois comme une vieille sorcière et parfois comme une séduisante jeune femme.
Le roman a été écrit entre 1360 et 1400 et à la fin du texte il y a les mots « Honi soit qui mal y pense », qui est la devise de l’Ordre de la Jarretière fondé en 1349. L’histoire parle de la possession d’une ceinture de soie verte (la Corde ou Ceinture des Sorcières ?) le gage d’amour de Morgan Le Fay, que les seigneurs et dames de la cour du Roi Arthur ont adopté comme signe de leur fraternité et en souvenir de la courtoisie du Chevalier Vert et sa Dame. On se souviendra que l’Ordre de la Jarretière a été fondé officiellement pour rendre hommage à la Table Ronde du Roi Arthur par le Roi Edouard III qui avait donné refuge à Dame Alice Kyteler quand son coven en Irlande fut persécuté par l’évêque d’Ossory. Il faut remarquer que plus tard, Edouard III a fait en sorte d’être aussi désagréable que possible vis-à-vis de l’évêque. Il faut aussi noter que, quand il a eu l’idée de fonder l’Ordre de la Jarretière, il aurait demandé à son secrétaire, Guillaume de Wykeham, de se renseigner sur la tradition de l’Ordre de Saint-Georges et de la Jarretière. Il est difficile d’imaginer comment il a pu se renseigner sur la tradition d’un Ordre qui n’existait pas encore, ainsi la Jarretière devait déjà avoir une signification.
« Sir Gauvain et le Chevalier Vert » est une « Légende à Mystère » anglaise et ainsi je conseille à tout chercheur intéressé de s’y plonger. En plus c’est une très bonne histoire.
Lady Raglan nous dit qu’elle a remarqué pour la première fois un « Homme Vert » sur l’arche située entre le chœur et la nef d’une église à Llangwn dans le Comté de Monmouth. Là, dans cette église, il s’agit « comme dans tant d’autres églises où il y a un Homme Vert » de l’unique sculpture dans l’église.
Elle a ensuite trouvé deux autres « Hommes Verts » du même genre, un sur le baptistère à Stow Minster dans le Lincolnshire et l’autre sur ce qui avait été le chapiteau du pilier dans la nef de l’Abbaye de Melrose. Depuis lors, Lady Raglan et le Révérend J. Griffith en ont trouvés dans vingt-trois comtés d’Angleterre ainsi que dans le Midlothian en Ecosse. Dans de nombreuses cathédrales et basiliques il y en a plusieurs exemples comme à Southwell, Exeter, Lincoln, Wells et Ely.
On en trouve aussi des exemples sur le continent (par exemple, l’Eglise des Dominicains à Gand et l’église de Semur-en-Auxois). C’était une blague que les sorcières faisaient aux chrétiens puisqu’ils pouvaient ainsi adorer publiquement leurs propres dieux. Ces têtes avaient été délibérément conçues de façon à ce qu’on ne réalise pas de quoi il s’agissait. Nous en avons deux spécimens dans le Musée de la Sorcellerie de Casteltown sur l’Ile de Man, l’un est en chêne massif, l’autre est en fer forgé ce qui est encore plus rare. J’en connais un autre en bois venant d’une vieille église qui a été détruite qui est aujourd’hui conservé là où se réunit un coven de sorcières.
J’ai déjà dit que dans beaucoup d’églises, il s’agit de l’unique décoration et si nous devions choisir une sculpture pour la décoration de notre église, nous choisirions surement la personne ou le symbole qui à notre avis représente le mieux nos idéaux religieux. M. C. J. P. Cave, qui a photographié des centaines de sculptures dans les cathédrales et les églises, dit que dans la majorité la seule alternative à ces visages feuillus ou têtes feuillues, comme il les appelle, sont des feuilles de chêne et j'ai aussi remarqué cette prédominance du chêne. Mais ce n’est cependant absolument pas invariable. Il est possible qu’il n’y ait pas de signification particulière dans le choix des feuilles, mais je pense qu’il est important que ce soit le chêne qui prédomine. (Le chêne était, bien sûr, l’arbre sacré des druides.) Il y a d’ailleurs un chêne de Herne à Windsor.
On nous a dit que Saint Bernard, lorsqu’on contemplait la décoration des églises clunisiennes fut atterré par les « monstres fantastiques » dans les cloîtres et qu’il a rougi de ces « absurdités ». Il a dit qu’elles étaient dangereuses, attirant l’âme et perturbant la méditation sur la volonté de Dieu. Peut-être qu’il soupçonnait des relents de paganisme chez eux.
Une des illustrations de l’article de Dame Raglan montre un masque feuillu indubitablement cornu avec de grandes feuilles sortant de sa bouche, il se trouve sur l’église St Woolo à Newport dans le Monmouthshire. Un autre masque, dans le cloitre de l’abbaye de Montmajour, près d'Arles, en France, qui illustre également cet article, a aussi de grandes oreilles pointues, qui font penser à des cornes, ainsi qu’une barbe et une moustache en plus du feuillage habituel. Il y a un masque semblable à l’extérieur de la Cathédrale de Salisbury, près de l’une des entrées.
Une très belle miséricorde dans la Cathédrale de Lincoln, produite par Lady Raglan présente non seulement une décoration de feuilles de chêne, mais aussi des glands. Une autre dans la salle du chapitre à Southwell Minster, a un feuillage qui ressemble à l’aubépine en fleurs. Il était nécessaire pour la personne qui tenait le rôle de « Jack dans la Verdure » dans le cortège du Jour de Mai de faire un petit trou dans la structure de branches vertes qui le recouvrait, pour pouvoir voir son chemin et ce petit personnage de Southwell Minster semble représenter exactement cela.
wica wicca Gerald Gardner