Signes et Symboles (3)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

Danser dans les églises n’était absolument pas surprenant, cela se faisait souvent aussi lors de fêtes chrétiennes. A la base, les « Christmas carollers » étaient des danseurs. Une ancienne directive prévoit que les responsables du clergé « exécutent une danse dans le chœur de l’église ou autour du chœur en tenant des bâtons à la main le deuxième jour de Noël. »  Il me semble que les enfants de chœur dansent également devant le maître-autel de la Cathédrale de Séville lors de la messe ce même jour. Toutefois, les Synodes de Rouen en 1214, de Liège et d’Exeter en 1287 et celui de la Faculté de Théologie de l’Université de Paris en 1444 ont tous condamné la pratique de la danse dans les églises. Le Synode de Faculté de Théologie de l’Université de Paris a parlé de « cette pratique immonde », disant que c’était une coutume païenne. C’est la Réforme qui a mis fin à presque toutes les danses dans les églises, cette pratique a été interdite au milieu du XVIe siècle dans l’Allemagne et l’Angleterre protestantes. Mais on peut toujours imaginer, lorsqu’on est assis dans une ancienne église ou cathédrale, voir Les joyeux danseurs de noël ou ceux de la Fête des Fous avec leurs masques d’animaux, dansant joyeusement des rondes entre les grands piliers qui se rejoignent en arches dans la voûte au-dessus d’eux comme des arbres transformés en pierre puis l’on peut remonter le temps et voir la pierre taillée redevenir des branches et des feuilles et la Fenêtre de l’Est se transformer en soleil levant pendant que les danseurs saluent l’aube dans le bosquet sacré.

Nous avons vu que l’on retrouve l’ancienne Déesse nue de la Fertilité sculptée sur les églises britanniques, qu’elle a été placée là secrètement par ses dévots ou en vertu de la tolérance d’un prêtre de la paroisse qui soit l’adorait lui aussi en secret soit fermait les yeux sur sa présence païenne, l’Ancien Dieu lui aussi y trouve sa place. Il y a l’apparence de « l’Homme Vert » ou « Masque Feuillu » comme on l’appelle parfois. C’est la représentation du visage d’un homme, généralement d’apparence elfique avec des oreilles pointues faisant penser à des cornes (une sculpture ancienne est même réellement cornue). Le visage apparaît comme si on le regardait à travers un écran de feuilles, en général (mais pas toujours) il s’agit de feuilles de chêne et les feuilles sont représentées comme si elles sortaient en volutes de sa bouche entrouverte. Ce masque a été appelé « Homme Vert », par des personnes étudiant le folklore qui pensaient qu’il représente le personnage connu sous le nom de « Jack dans la Verdure » et qui avait le rôle principal dans les festivités du Premier Mai. Il faut se souvenir que la Veille de Mai est l’un des Sabbats des sorcières et l’ancienne coutume voulait que l’on reste dehors toute la nuit pour fabriquer des guirlandes de branchages pour la procession du lendemain lorsque le « Mat de Mai » phallique sera érigé, souvent, comme nous l’avons vu, sur un ancien site païen et les gens dansaient autour de ce Mat. Certaines des branches vertes utilisées étaient tressées pour former une sorte de cadre couronné d’une guirlande de fleurs et lors de la parade l’homme représentant « Jack dans la Verdure » se plaçait à l’intérieur, il était presque invisible sous un dôme de feuillages verts. On pense que ce masque feuillu représentait ce personnage regardant à travers du feuillage, l’être qu’il représente est une sorte « d’esprit de la végétation », les feuilles vertes revenant avec le printemps.

« Jack dans le Verdure » représentait très probablement cela, mais dans son article dans Folklore (1939) sur « L’Homme Vert », Lady Raglan donne une illustration d’une forme bien plus ancienne du masque feuillu qu’elle qualifie de « buste janiforme » romain, elle ne le date malheureusement pas, elle indique simplement qu’il est de l'époque classique. Il s’agit d’un buste avec deux visages, un jeune homme et un vieil homme barbu. De chaque côté du piédestal on peut lire les mots « SACR. DIAN ». Les deux visages sont décorés de feuilles, des feuilles jaillissent de la bouche du jeune homme (ou dieu ?). Les cheveux se dressent autour des deux visages et sur leur front ils forment des sortes de cornes. Les extrémités de la chevelure, la barbe et la moustache du personnage le plus âgé, ressemblent à des feuilles.

Nous avons vu que Janus ou Dianus était une forme du Dieu des Sorcières, les deux visages dépeignent sa double nature. Comme le dit le rituel de sorcière : « Tu es Celui qui ouvre la Porte de la Matrice et comme tout ce qui est né doit aussi mourir pour pouvoir se régénérer tu es donc le Seigneur des Portes de la Mort. » Etant le conjoint de Diana, il était le Roi des Forêts et comme Dieu phallique, il était le régénérateur de la vie. Il est évident que le buste dont parle Lady Raglan le décrit comme le régénérateur de la vie au printemps, les feuilles vertes prennent vie dans sa bouche. Etroitement apparenté à lui il y a Faunus, Sylvain et Pan qui a été salué en Grèce sous l’appellation de « Panphagë, Pangenetor » « Dévoreur de toutes choses et Géniteur de toutes choses » ainsi que « Chairë Soter Kosmou » « Bienaimé Sauveur du Monde », mais c’est aussi de son nom que vient le mot « panique » un terme lié à la terreur. Priape était lui aussi le Dieu Phallique et le Dieu des Jardins. Le concept de fertilité, de la vie éternelle, se renouvelant toujours et jaillissante est la base de ces Dieux.

Pouvons-nous aller jusqu’à suggérer que le masque feuillu n’est pas simplement dérivé du personnage de « Jack dans la Verdure » mais qu’ils sont tous les deux dérivés d’une même source : l’Ancien Dieu de la Fertilité?

 

 

  

 

 

 

 

 

 

wica          wicca          Gerald Gardner