Signes et Symboles (2)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

Une des plus remarquables représentations d’une Sheila-Na-Gig de ce pays est conservée dans le Musée de Lake Village à Glastonbury. Elle est appelée « Jack Stag» (Cerf Jack) mais le personnage est assurément féminin, même s’il a été bien abimé par le temps. Elle était placée au sommet du vieux Marché de la Croix qui a été démoli en 1808 et remplacé par l’actuel qui est plutôt beau bien que moderne. Le lien entre Glastonbury et l’Ancienne Religion a déjà été signalé.

Dans « Looking for History in British Churches » de John Murray (1951), D. Anderson dit:

Aussi étrange que cela puisse paraitre, le clergé du moyen âge n’a pas empêché l’utilisation de symboles osés provenant des anciens rites de fertilité pour décorer les églises. Dans un article paru en 1934 dans le Anthropological Institute Journal, le Dr. M. A. Murray donne plusieurs exemples de sculptures de Sheila-Na-Gig (Femme du Château) sur les églises anglaises et elle note son affinité avec Baubo, la Déesse Egyptienne. A Whittlesford dans le Cambridgeshire, la Sheila-Na-Gig est sculptée sur une fenêtre de la tour de l’église, accompagnée d’un personnage sinistre, un quadrupède à tête humaine.

Dans la légende sacrée d’Isis et d’Osiris, Baubo s’efforçait de réconforter Isis dont le cœur était brisé par la mort de son mari Osiris, mais tous ses efforts ont échoué jusqu’à ce qu’enfin en désespoir de cause elle a soudainement remonté ses jupes et montré son corps nu à la Déesse qui éclata de rire devant ce spectacle. Exactement le même incident se produisit dans la légende sacrée d’Eleusis, mais cette fois la dame espiègle est appelée Iambe et c’est Déméter qui pleure la perte de Perséphone. On peut donc raisonnablement supposer que cet incident légendaire contient un enseignement religieux. Je pense que le sens sous-jacent de ces histoires peut être que la personne en deuil trouve du réconfort et sourit devant le signe de la Porte de la Renaissance, la promesse que son bien-aimé va renaître dans une autre incarnation et qu’ils se souviendront, sauront et s’aimeront à nouveau. Il y a évidemment aussi un lien avec l’idée ancienne de la nudité rituelle, en particulier la nudité liée à la fertilité.

Dans les notes à la fin de l’ouvrage mentionné ci-dessus, l’auteur affirme que d’autres exemples de motifs peuvent être liés à la fertilité sculptés dans des églises sont présentés et illustrés dans « Man », XXX et XXXI ainsi que dans  un article de Dina Portway Dobson sur la sculpture anglo-saxons publié dans « Bristol and Glos. Arch. Soc. Trans., L.V. » et ces exemples de Sheila-Na-Gig sculptés sur des toits peuvent être trouvés dans le livre de C. J. P. Cave « Roof Bosses in Mediaeval Churches ».

Il semble en effet étrange que le clergé du moyen âge n’ait pas empêché que ces représentations païennes apparaissent dans les églises. Est-ce que certains d’entre eux étaient secrètement des sympathisants de l’Ancienne Religion, avec un pied dans les deux camps ? Ou était-ce que les constructeurs de ces anciennes églises étaient au moins aussi païens que chrétiens ?

On peut objecter que seul un croyant travaillera à la construction d’une église, mais nous avons cependant les exemples contraires de Voltaire et Sir Francis Dashwood. L’église construite à West Wycombe par Sir Francis Dashwood a quelques traits singuliers qui sont peut être le signe de ses convictions personnelles. On se souvient qu’il a aussi été le fondateur du célèbre « Hell Fire Club ».

La forme de la cathédrale chrétienne est, après tout, basée sur celle de l’ancien verger sacré. Les arches voûtées des nefs de nos grandes cathédrales reproduisent en pierre la forme d’arbres dont les branches supérieures rejoignent les branches supérieures d’arbres placés de l’autre côté d’une route et à l’extrémité de la nef, à l’Est, le vitrail est généralement de forme circulaire et représente le Soleil qui se lève. Les tours jumelles qui sont si souvent une caractéristique de ces églises sont un souvenir des Deux Piliers et la flèche est un symbole phallique. Quelqu’un en a parlé à G. K. Chesterton et il nous dit dans un de ses essais : « Pendant un instant, j’ai été d’une humeur à brûler des sorcières ! » Mais aucune crise émotionnelle d’un dévot ne pourra modifier les faits de l’histoire religieuse. Chesterton estimait que croire que la flèche de l’église était un symbole phallique c’était minorer l’église, la sorcière qu’il voulait brûler ne pensait pas la même chose.

Il est aussi possible que certains prêtres d’autrefois n’auraient pas pensé comme lui. Ils n’étaient pas tous des fervents chasseurs de sorcières. Au contraire, nombre d’entre eux étaient tolérants et étaient suffisamment sages pour accepter que l’Ancienne et la Nouvelle Religion s’épanouissent paisiblement côte à côte et même apprécient qu’il « n’y ait pas de religion supérieure à la Vérité. » Prenez, par exemple, la célèbre Danse des Cornes célébrée à Abbots Bromley dans le Staffordshire, il s’agit clairement d’une survivance des rites de l’Ancienne Religion. Selon M. D. Anderson, les six jeux de bois de rennes et le cheval jupon utilisés dans cette danse sont toujours conservés dans l’église lorsqu’on ne les utilise pas et qu’à la base la danse avait lieu dans l’église elle-même. Plus tard, la musique a été jouée sur le porche de l’église alors que les danseurs dansaient dans le cimetière et aujourd'hui, la danse est pratiquée dans les rues de la ville.

 

  

 

 

 

 

 

 

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