par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

Des écrivains stupides disent souvent que les sorcières cherchent à profaner les églises chrétiennes et vandaliser les cimetières chrétiens. Ces gens écrivent sans savoir, il n’y a dans ce pays que peu de personnes s’intéressant plus à la préservation de nos vieilles Cathédrales et églises que les membres du Culte des Sorcières, car c’est dans les Cathédrales et les églises que l’on retrouve certains des signes secrets les plus intéressants du Culte.

Pour comprendre ce paradoxe, il faut se souvenir des conditions dans lesquelles nos plus anciens lieux de cultes chrétiens ont été construits. Nous avons déjà vu comment l’Eglise primitive à fait construire ses lieux de culte sur des sites païens, mais qui s’est chargé de la construction proprement dite de ces églises ? C’est l’artisan britannique moyen, qui, à cette époque étaient chrétien ou pas mais qui n’avait d’autre possibilité de travailler comme bâtisseur que de le faire pour l’Eglise Chrétienne. D’un autre côté, l’Eglise elle-même employait les meilleurs artisans possibles, si elle avait dû se soucier des croyances personnelles de ses ouvriers, jamais aucune église ou Cathédrale n’aurait été bâtie.

Nous avons souvent entendu dire que les riches sculptures sur d’anciennes églises et Cathédrales étaient « bizarres », « curieuses » ou « grotesques », mais dans le grand public peu de gens ont réalisé à quel point certaines de ces sculptures étaient « curieuses ». Des experts en architecture ecclésiastique ont été ébranlés par certaines d’entre elles - même en tenant compte de l’humour cru des temps anciens – et ont avancé diverses explications peu convaincantes quant à leur existence, telles que « les autorités ecclésiastiques voulaient que l’église soit une sorte de livre d’images universel de la vie contemporaine pour une congrégation qui ne savait pas lire » ou que « les sculptures étaient destinées à représenter le vice, une sorte de conte d’avertissement, pour montrer ce qui devait être évité. » Le lecteur jugera lui-même de la pertinence de ces explications à mesure que nous avancerons, mais même si c’était bien le cas pour les représentations les plus rabelaisiennes et scandaleuses, cela n’explique pas la présence de symboles qui sont manifestement païens.

Deux des plus intéressantes d’entre elles sont celles qu’on appelle la « Sheila-Na-Gig » et « L’Homme Vert ». La première est une représentation crue d’une femme nue, avec les organes sexuels délibérément mis en avant. Il n’est pas question ici d’obscénité, mais d’une simple représentation du principe féminin de la fertilité. De façon rude et primitive, c’est une représentation de la Grande Mère, comme les petits dessins paléolithiques de la grotte dont il a été question précédemment. Le nom « Sheila-Na-Gig » signifie « Sheila la Frivole », ou « La Joyeuse Sheila », selon Payne Knight, qui fut l’un des premiers écrivains à décrire ces curieuses représentations. Pourtant le Dr Margaret Murray dit que ce nom signifie « Femme du Château ». C’est, bien sûr, un nom irlandais, ces gravures furent tout d’abord découvertes dans de vieilles églises Irlandaises, mais on en retrouve aussi en Grande-Bretagne, comme nous allons le voir, ainsi que sur le continent.

Selon T. Clifton Longworth, il y a dans le Musée de la Société des Antiquités de Dublin plusieurs exemples de Sheila-Na-Gig, récupérées dans de vieilles églises. Une d’entre elles venait de  Rochestown (comté de Tipperary), une autre de White Island, Lough Erne (comté de Fermanagh) et une troisième du comté de Cavan.

Dans son livre, « The Devil a Monk Would Be », Longworth décrit et montre une Sheila-na-Gig de l’église de Kilpeck, à environ une quinzaine de kilomètres de Hereford. Il dit que cette église est « l’une des églises normandes des plus remarquables de ce pays. On y voit de nombreuses sculptures fantastiques d’hommes et d’animaux et beaucoup d’entrelacs celtiques magnifiques, tous les archéologues s’accordent à dire qu’elle a dû être construite sous l’influence irlandaise. Parmi les sculptures pittoresques, en hauteur près du toit on trouve un exemple cru de Sheila-Na-Gig. » (Mais il est possible qu’elle ait subi une influence galloise ou écossaise.) Il poursuit en disant qu’il y a une sculpture similaire sur le Front occidental de Southwell Minster, mais qu’elle est placée à un endroit si élevé qu’il est difficile d’en voir les détails. Longworth signale qu’il y en a aussi une dans la cathédrale d’York.

Pour Longworth, ces sculptures sont des « obscénités grossières ». Celui qui étudie les anciens cultes pourra pourtant les regarder d’un œil différent. Elles sont certes brutes et primitives, mais elles étaient sacrées pour les hommes qui les ont sculptées comme le serait, par exemple, une statue de la Vierge pour un catholique. En effet, la Vesica Piscis qui entoure le personnage de la Mère de Dieu dans de nombreuses peintures et sculptures est tout simplement une représentation stylisée de la même idée, la porte de la naissance.



 

  

 

 

 

 

 

 

wica          wicca          Gerald Gardner