par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

En ce qui concerne l’histoire, la Grande-Bretagne a été très malchanceuse. Même si on y trouve quelques-uns des plus beaux monuments anciens du monde, ils datent surtout d’une époque où l'écriture était rare et ce qui était écrit n’était généralement pas gravé dans la pierre, même s’il y a des inscriptions Oghamiques en Galles du Sud et à Silchester dans le Hampshire. César nous dit que les Druides écrivaient avec des lettres grecques même s’ils utilisaient également deux alphabets qualifiés « d’Alphabets des Arbres ». Mais en raison de l’invasion romaine qui a cherché à briser les tribus britanniques, de l’avènement du christianisme qui a détruit tant d’anciennes traditions, des invasions saxonnes et des luttes qui suivirent pendant des siècles et qui ont conduit à la destruction de bibliothèques comme celle de Bangor Abbey qui a été brûlée par les disciples de Saint Augustin et aussi en raison du climat anglais abominablement humide, il ne nous reste pratiquement aucune trace écrite. L’extermination des Druides par les Romains et l’éclatement général de l’ancienne vie tribale britannique ont aussi fait disparaitre la plupart des traditions orales.

Il y a aussi ces incidents historiques, vraiment pénibles pour les anthropologues, comme ceux où des évêques se sont plaints à Henri VIII, à l’époque où il venait d’être qualifié de « Défenseur de la Foi », qu’il y avait un « prêtre païen » au Pays de Galles nommé Darvell Gadarn comme la grande « idole » en chêne du même nom et que servait ce « prêtre » et à qui les gens avaient l’habitude d’offrir des sacrifices en bovins. Pour sauver de l’enfer les âmes de leurs ouailles, les évêques ont réussi à faire conduire le « prêtre » et son « idole » à Londres où ils furent brûlés ensemble. Ce fut une perte terrible pour notre connaissance car cette « idole » pourrait bien avoir été une relique très ancienne et elle représentait probablement Hu Gadarn, Hu le Puissant, le maître des Enfers Celtiques.

L’Irlande a eu plus de chance, car là les Druides sont restés à la cour du roi comme conseillers et magiciens, et l’Irlande n’a jamais été conquise par les Romains ou les Saxons. Plus tard également, de nombreux prêtres irlandais ont retranscrit les traditions du pays, en partie pour expliquer la venue de Saint-Patrick, et ils ont inclus de nombreuses anciennes légendes. Nous avons donc d’assez bonnes descriptions des anciens Dieux Irlandais avec leurs noms et attributs, même s’ils ont été recouverts d’un verni chrétien.

On trouve d’autres sources d’information sur les Anciens Dieux dans les romans du moyen-âge comme la « Morte D'Arthur », les histoires du Graal, etc., dans lesquels les Dieux et les Déesses apparaissent sous d’étranges déguisements, la Déesse de la Lune, par exemple, apparaissant sous les traits de « Morgan Le Fay » ou l’Ancien Dieu est un « chevalier féérique » comme dans « Sir Huon de Bordeaux ».
Arthur lui-même semble être une forme de l’Ancien Dieu de la Mort et l’Au-delà, car il est évident que, même encore à l’époque de Shakespeare, il était considéré par le peuple comme le Souverain de l’Au-delà. On se souvient comment Shakespeare fait décrire sa mort à l’hôtesse de Sir John Falstaff lorsqu’elle dit : « Il a eu une bonne fin et s’en est allé dans le giron d’Arthur. » Roi Arthur était, dans certaines contrées, considéré comme le chef de la Chasse Sauvage, ce qui l’identifie définitivement avec le Dieu des Sorcières. T. Crofton Croker dans son « Fairy Legends and Traditions of the South of Ireland » nous dit:

Les légendes populaires sont pleines de récits de chasseurs sauvages et de personnages qui ne connaissent pas le repos. On nous dit que le Roi Arthur chassait dans les forêts anglaises: personne ne pouvait voir le monarque lui-même, mais on entendait clairement le son des cors et les cris de la meute et quand on les apostrophait on se voyait répondre : « Nous sommes le Roi Arthur et les siens ».

L’épitaphe sur la tombe du Roi Arthur à Glastonbury telle qu’elle nous est donnée par Sir Thomas Malory est une illustration de l’ancienne croyance en la réincarnation : « Hic jacet Arthurus, Rex quondam, Rexque futurus » c’est-à-dire « Ci git le Roi Arthur, qui était roi et qui sera roi à nouveau. » Dans son roman : « Wife to Mr. Milton », Robert Graves décrit comment, à une période de sa vie, le poète John Milton croyait fermement que le roi Arthur se réincarnera règnera à nouveau sur la nation britannique et qu’il faisait des calculs astrologiques afin de déterminer le moment le plus favorable pour qu’un tel enfant soit conçu et fournisse un corps dans lequel l’esprit d’Arthur pourrait se réincarner. Il choisissait donc ces moments pour avoir des rapports sexuels avec sa femme et tenter d’engendrer un fils qui devait être le Roi Arthur réincarné.

De tout cela il ressort que le roi Arthur était considéré à la fois comme un héros, qui se réincarnera un jour et comme un Dieu. Il semblerait que le Dux Brittanorum qui a rassemblé la nation britannique brisée contre les envahisseurs saxons après le retrait des légions a été associé dans l’esprit du peuple à un ancien Dieu. Ce phénomène est bien connu des étudiants en religions comparées qui se souviendront de la façon dont des mythes divins de toutes sortes, tels que la naissance miraculeuse, etc., sont intégrés à la vie d’hommes célèbres lorsque le temps passe et que leur histoire est racontée et re-racontée. Ces héros qui s’en sont allés dans le royaume des Dieux sont devenus comme des Dieux, même dans l’ancienne Egypte, l’âme de l’homme juste devenait comme celle d’Osiris.



 
 

 

 

 

 

 

 

 

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