Le Culte Sorcier en Grande Bretagne (7)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

Le « Pays des Fées » originel était le Paradis des païens, les « fées » des premières histoires étaient très différentes des délicates créatures miniatures des contes plus récents et des histoires pour enfants qui furent conçues lorsque leur signification originelle était déjà oubliée. C’est évident lorsqu’on lit les descriptions données dans un ancien poème anonyme anglais « Sir Orfeo », dont le manuscrit le plus ancien date du début du XIXème siècle. Il s’agit d’une réminiscence de l’histoire grecque d’Orphée et d’Eurydice, mais avec un dénouement heureux à la place de la conclusion tragique habituelle. Cette histoire contient une belle description de « la superbe cour du paradis » où l’on entrait par une colline creuse ou une grotte et dont les dirigeants, « le Roi de féerie et sa cour » et sa Reine, la Déesse Blanche « aussi blanche que le lait » et aussi étincelante qu’Orphée ne pouvait que difficilement la contempler.
Dans son introduction à « Elfin Music, an Anthologie of English Fairy Poetry », A.E. Waite dit: « l’époque élisabéthaine a confondu les fées des superstitions gothiques avec les nymphes antiques qui accompagnaient Diane. La reine des elfes était Diane elle-même et on lui donnait un des noms de la déesse que l’on trouve dans les « métamorphoses d’Ovide », Titana, qui est le titre de la reine d’Urania ». Il dit aussi que « la fée originelle des poèmes francs et des fictions n’était qu’une femme initiée aux mystères et aux merveilles de la magie ».
Un troisième ingrédient de ces contes de « fées » est bien sûr les esprits non humains de la nature, que certaines personnes disent être capables de voir, et il est fascinant pour une personne étudiant le folklore de séparer ces différents niveaux que l’on trouve dans les vieilles histoires et croyances.
Le Grand Prêtre d’un coven sorcier est, comme nous l’avons vu, choisi par la Prêtresse. Il est la personne qu’autrefois les Inquisiteurs et les chasseurs de sorcières appelaient « le Diable », car ils le voyaient comme un Diable surnaturel ou encore son représentant humain. Les sorcières ont été de tout temps accusées « d’adorer le Diable ». Lorsque nous utilisons le mot « Diable », quelle est l’image qui vient automatiquement à l’esprit de gens ? N’est-ce pas celle d’un être à l’apparence étrange, en partie humaine et en partie animale, avec des cornes sur la tête, le corps couvert de poils et un visage humain ? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi cette image vous venait automatiquement à l’esprit ? Il n’y a pas un seul texte dans la Bible qui décrit « le Diable » ou « Satan » de cette manière. Le seul endroit où l’on trouve décrit un tel personnage, c’est curieusement lorsqu’on décrit les Dieux des anciens peuples. Là, vous trouverez un grand nombre de Dieux Cornus et parfois aussi des Déesses Cornues qui n’étaient pas malveillants, mais plutôt bons envers les hommes. Ce qui explique pourquoi « le Diable » est représenté de cette façon, c’est qu’autrefois, au tout début, l’église a dit que les Anciens Dieux qui avaient ces attributs étaient les ennemis du Dieu chrétien ,ils devaient donc être « Satan » et les gens ont adopté ce concept.
Si l’on observe les plus anciennes représentations et descriptions (la plus ancienne étant la célèbre peinture rupestre trouvée en Ariège, dans la grotte des trois frères, peinte par des hommes de l’âge de pierre), on constate que le Grand Prêtre, qui était le représentant du Dieu, portait parfois aussi un masque qui dissimulait ses traits. Cette coutume semble avoir surtout été suivie lors des Grands Sabbats où de nombreuses personnes se rassemblaient à l’extérieur du Cercle et n’étaient pas initiées aux Mystères Sorciers, mais venaient là pour attirer la chance (c'est-à-dire pour être bénies par les Anciens Dieux) ou simplement pour s’amuser. Si le représentant du Dieu était masqué, il était plus impressionnant et, en même temps, plus en sécurité, car il ne pouvait pas être reconnu. L’être cornu, vaguement vu à la lumière de la lune ou éclairé par des torches, pouvait passer pour un être surnaturel aux yeux des profanes et les initiés ne les décevaient pas. Lorsque seuls les initiés étaient présents, l’utilisation du déguisement rituel était moins importante et la coutume de le porter tendait à se perdre.
On verra que la sorcellerie est un système incluant à la fois magie et religion. En cela, c’est une indication d’une grande ancienneté, car à l’époque primitive la magie et la religion étaient étroitement liées. Le prêtre était aussi le magicien et le magicien devait être prêtre. En effet, si l’on y pense, de nombreux rites religieux actuels sont conduits dans des buts que l’on pourrait considérer comme magiques. Qu’elle est la différence, par exemple, entre des prières pour la pluie ou pour une bonne récolte et les anciens rites de fertilité qui avaient les mêmes buts ? Pourquoi un Roi ou une Reine devait se plier au rituel du Couronnement ? Si l’on compare les prières de l’Eglise et un rite de fertilité, la différence semble se trouver dans le fait que, dans le second cas, « Dieu aide ceux qui s’aident », alors que dans le premier cas on se contente de solliciter.


 

  

 

 

 

 

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