Le Culte Sorcier en Grande Bretagne (8)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

La question de la nécessité du rituel du couronnement rappelle l’idée que la Reine ou le Roi Divin qui a occupé l’attention des anthropologues depuis de nombreuses années. L’idée qu’il y a des liens entre la religion et la magie peut être refusée avec indignation par certains croyants ; néanmoins, religion et magie sont tous deux de la même origine.
Comme je l’ai expliqué dans mon livre précédent, il y a certains secrets du Culte sorcier que je ne peux révéler, car j’ai prêté serment ; mais de nombreuses personnes m’écrivent et me disent : « Vous dites dans votre livre « Witchcraft Today » que tous les anciens Mystères étaient globalement les mêmes ; ainsi, comme nous savons ce qu’étaient ces anciens Mystères, nous savons exactement ce que sont les secrets sorciers. Alors pourquoi ne pas écrire un autre livre et tout raconter ? ».
Alors que des auteurs de l’antiquité, qui étaient initiés à plusieurs Mystères, admettent qu’ils étaient globalement les mêmes et que les auteurs modernes s’accordent sur ce qu’étaient ces secrets, je ne pense pas qu’un seul d’entre eux ne réalise ce qui se cachait derrière les Mystères, « ce qui les fait marcher » et ce qui fait que cela marche est le secret des sorcières. Je pense que c’était aussi, probablement, le secret pratique des anciens Mystères.
Je ne vais pas en dire plus pour ne pas briser mon serment, ce qui va, je pense, éviter à certains de mes correspondants les plus virulents de m’écrire. Certaines recherches actuelles en matières psychiques, archéologiques, anthropologiques et psychologiques commencent à converger d’une manière qui peu à peu révèle des choses au sujet des anciennes croyances et de leurs effets sur l’évolution humaine et dont on n’avait aucune idée jusqu’à présent. J’espère que ce livre sera une contribution utile dans cette voie et aidera peut être à ce qu’ils se rejoignent.
Lors d’une question posée à la chambre des communes, le major Lloyd-George a répondu que la magie noire était un délit. Lorsqu’on lui a demandé de définir ce qu’était la magie noire, il a dit : « c’est le contraire de la magie blanche –ce qui a déclenché des rires et des applaudissements ironiques– que l’on pratique sans l’aide du diable, donc je pense que la magie noire se pratique avec l’aide du diable».
Si l’on accepte cette définition, la sorcellerie authentique n’est certainement pas de la magie noire, car les sorcières ne croient pas à l’existence du diable et donc ne l’invoquent pas. L’Ancien Dieu Cornu des sorcières n’est pas le Satan des chrétiens et aucun argument théologique ne changera cela. L’Ancien Dieu Cornu est la plus ancienne divinité connue de l’homme et il est décrit comme la plus ancienne représentation de divinité qu’on ait découverte, je fais référence ici à la peinture rupestre de l’âge de pierre trouvée au plus profond de la grotte des trois frères en Ariège. Il est l’Ancien Dieu phallique de la fertilité qui date du matin du monde et qui est bien plus ancien que l’Egypte et Babylone et, bien sûr, que l’ère chrétienne. Mais, il n’est pas mort en entendant le cri annonçant la mort du Grand Dieu Pan. Secrètement, tout au long des siècles, caché de plus en plus profondément avec les années, son culte et celui de la Déesse nue de la Lune, son épouse, la dame du Mystère et de la Magie et des joies interdites, subsiste parfois même chez les puissants du pays, parfois dans les pauvres chaumières ou dans la bruyère et au plus profond des sombres forêts, les nuits d’été lorsque la lune est haute, il est toujours présent.
De temps en temps, le public est confronté à diverses « révélations » peu convaincantes dans la presse populaire ou ailleurs sur la « magie Noire », le « Satanisme » ou d’autres sujets similaires et, parfois, on fait le lien avec la sorcellerie. Laissez-moi préciser que je conserve personnellement une attitude plutôt septique en la matière et, même dans le cas où ça serait vrai, je ne pense pas qu’il y a un lien quelconque avec ce qui reste du culte sorcier. De soi-disant « confessions », surtout lorsqu’on évoque la sorcellerie, se discréditent souvent toutes seules et semblent inspirées par des histoires à sensations et ne révèlent aucune connaissance des vraies pratiques sorcières.
La réalité est cachée bien plus profondément que cela. Les gens, surtout ceux de la campagne, n’aiment pas en parler, mais personne ne peut étudier un certain temps le folklore de ce pays sans être convaincu de la vitalité stupéfiante vitalité et la ténacité des anciennes croyances.
Là où le citadin s’égare habituellement dans ce qu’il pense au sujet du culte sorcier, c’est que ce qu’il pense savoir provient de ces soi-disant « révélations » dont il a été question plus haut ou s’appuie sur des travaux qui associaient la sorcellerie avec des croyances fantastiques, vaguement connues sous l’appellation de « satanisme », et que la sorcellerie est ou était un culte du mal et rien de plus. J’affirme que cette idée n’est pas raisonnable et qu’elle a été développée par des gens qui n’avaient aucune qualification si ce n’est un goût du sensationnalisme ou une perception aveuglée par une bigoterie religieuse. Les gens de la campagne ont conservé au cours des siècles des croyances, car ils pensaient que cela pouvait être utile ou parce que cela leur apportait une certaine satisfaction. Bien sûr, ce qu’ils retiraient de ces croyances peut nous sembler fort peu éthique. Néanmoins, à part un maniaque, qui cultiverait délibérément le mal pour ses propres fins ?
La base des croyances magiques, dont la sorcellerie est une forme, est que les Puissances invisibles existent et que, si l’on se soumet aux rites adéquats, ces Puissances peuvent être contactées et même forcées ou convaincues de vous assister d’une manière ou d’une autre. Les gens croyaient cela à l’Age de Pierre et le croient encore aujourd’hui de manière consciente ou non. On sait maintenant que la plupart des superstitions sont des rituels oubliés.
Les Puissances invisibles, qui ont intéressé l’homme depuis les débuts de son histoire, furent les puissances de fertilité. Elles étaient en contact avec le monde des Esprits, de la Vie et de la Mort. Voila les puissances élémentaires qui sont devenues les divinités des sorcières et le culte de ces divinités est aussi ancien que la civilisation. La signification de la sorcellerie est à trouver, non dans d’étranges théories sur Dieu et Satan, mais dans les couches plus profondes de l’esprit humain, l’inconscient collectif et dans les premiers développements de la société humaine. C’est la profondeur des racines qui ont préservé l’arbre.

 

 

 

 

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