Le Culte Sorcier en Grande Bretagne (4)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

Cependant, il y a un facteur auquel les opposants au Culte ne pensent pas et qui joue pour la continuité de la tradition. Les sorcières croient fermement en la réincarnation et elles disent « sorcière une fois, sorcière toujours ». Elles pensent que les gens qui ont été initiés au Culte et ont réellement accepté l’Ancienne Religion et les Anciens Dieux en leur cœur, y retourneront vie après vie, même si elles n’ont aucun savoir conscient de leur lien antérieur avec la sorcellerie. Il doit y avoir quelque chose de vrai là dedans, car je connais personnellement trois personnes dans un coven qui ont découvert, suite à leur entrée dans le Culte dans cette vie, que leurs ancêtres avaient des liens avec le culte et j’ai déjà parlé à des sorcières qui m’ont recommandé.
Bien sûr, les rites sorciers sont aujourd’hui différents de ce qu’ils furent il y a des siècles. A l’époque, lors des grands rassemblements appelés Sabbats, de très nombreuses personnes se retrouvaient. Ils venaient avec de quoi se faire à manger (d’où les « feux d’enfer des Sabbats » dont on a beaucoup parlé) et se préparaient à passer une nuit à s’amuser dans la lande une fois que les rites les plus sérieux seraient achevés. En fait, les fêtes campagnardes les plus traditionnelles ont des liens avec l’Ancienne Religion. Le puritain Philip Stubbes, dans son « Abuse Anatomy », dénonce les gens qui passaient toute la nuit dans les bois et Christina Hole, dans «English Folklore », remarque que les « Guisers » du Northamptonshire, des danseurs folkloriques habillés de costumes fantastiques, sont appelés de nos jours « Hommes-Sorcières ».
De tels exemples peuvent être multipliés à l’envie.
Le climat anglais, bien sûr, n’a pas toujours permis que ces rassemblements se tiennent dans la lande et je pense que, dans ce cas, ils avaient probablement lieu dans la grange de quelqu’un ou dans le hall d’une grande demeure appartenant à un ami du Culte. Au pays de Labourd au Pays Basque, en 16O9, l’enquêteur officiel de Parlement de Bordeaux, Pierre de Lancre, fut horrifié de constater que le Sabbat avait parfois lieu dans l’église du village, avec apparemment l’accord du prêtre. Il fut tout particulièrement scandalisé de constater qu’un grand nombre de prêtres basques sympathisaient avec l’Ancienne Religion.
On raconte souvent d’horribles histoires de rassemblements de sorcières dans les cimetières et de sorcières qui, selon Robert Burns, « dans les cimetières renouvellent leurs vœux sur la tombe des morts ». Mais, autrefois, on faisait régulièrement la fête dans les cimetières. A l’époque, les cimetières n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui, un lieu où il y a des pierres tombales, mais une simple pelouse verte. Dans « Looking for History in British Churches », M.C. Anderson écrit qu’il était autrefois facile de danser dans les cimetières, car on n’y érigeait pas de pierres tombales comme on le fait aujourd’hui, « les personnes importantes étaient enterrées sous des tombes sculptées dans les églises », les petites gens restaient anonymes dans la mort avant le XVIIème siècle.
Dans son livre « Mediaeval Poeple », Eileen Power raconte au sujet des paysans :

Ils passent leur temps libre à danser, chanter et autres facéties, comme l’ont fait les gens des campagnes depuis une époque plus sombre jusqu’à nos jours. Ils étaient très joyeux, mais pas très raffinés, et ils choisissaient toujours le cimetière pour y danser et, malheureusement, les chants qu’ils chantaient et dansaient en cercle étaient de très anciens chants païens de leurs ancêtres et qui venaient des anciennes festivités de mai, qu’ils ne pouvaient oublier ou des chants d’amour paillard que l’église exécrait. Encore et encore, nous rencontrons des assemblées presbytérales se plaignant que les paysans (et parfois aussi des prêtres) chantaient des « chants pervers avec un chœur de femmes qui dansent » ou « des ballades, des danses et des chants licencieux diaboliques ». Encore et encore les évêques ont interdit ces chants et ces danses, mais en vain. Dans chaque pays d’Europe depuis le Moyen Age, jusqu’à l’époque de la réforme, et après elle encore, les gens des campagnes ont continué à chanter et danser dans les cimetières.

Elle dit aussi :

Une autre vieille histoire raconte qu’un prêtre du Worcestershire a été empêché de dormir par les gens qui, dans son cimetière, dansaient et chantaient un chant dont le refrain était « Chérie ai pitié » et ce chant ne voulait plus sortir de sa tête et, le lendemain à la messe, au lieu de dire « Dominus Vobiscum », il a dit « Chérie ai pitié » et ce fut un scandale effroyable dont on a beaucoup parlé.


 

 

  

 

 

 

 

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