Le Culte Sorcier en Grande Bretagne (2)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

On a considéré Charles Godfrey Leland comme un romancier qui parlait de diseuses de bonne aventure italiennes, et que, comme le Dr Margaret Murray était connue comme une bonne anthropologue, on a pensé qu’elle écrivait au sujet d’évènements qui se sont déroulés il y a trois ou quatre siècles, à l’époque où les gens étaient superstitieux et croyaient à des choses idiotes.
Cependant, après la parution des livres du Dr Murray, d’autres personnes furent assez hardies pour admettre qu’il y avait toujours des sorcières, mais elles disaient qu’il ne s’agissait que de diseuses de bonne aventure de village, d’imposteurs qui ne connaissaient rien à ce sujet et qu’il n’y a jamais eu d’organisation et que celui qui pense autrement n’était qu’un rêveur.
Voila quelle était mon opinion en 1939, lorsque, ici en Grande Bretagne, j’ai rencontré des gens qui m’ont forcé à changer d’avis. Ils s’intéressaient à des choses étranges comme la réincarnation et ils se sont aussi intéressés au fait qu’une de mes ancêtres, Grizel Gairdner, a été brûlée pour sorcellerie. Ils me disaient qu’ils m’avaient déjà rencontré. Nous avons parlé de tous les endroits où nous avions été et il était impossible que nous nous soyons déjà rencontrés dans cette vie, mais ils affirmaient que nous nous sommes connus dans une vie antérieure. Même si je crois à la réincarnation, comme beaucoup de ceux qui ont vécu en Asie, je ne me souviens pas clairement de mes vies antérieures, si seulement je le pouvais ! Cependant, ces gens m’en ont dit assez pour me faire réfléchir. Puis certains de ces nouveaux (ou anciens) amis ont dit :
« Tu étais des nôtres dans le passé. Tu es du sang. Reviens là où tu dois être ».
J’ai réalisé que j’étais tombé sur quelque chose d’intéressant, mais, avant d’être totalement initié, le mot « Wica » qu’ils ont utilisé m’a frappé comme la foudre et je savais où j’étais et que l’Ancienne Religion existait toujours. Je me suis trouvé dans le Cercle et j’y ai fait l’habituel serment de secret qui m’interdit de révéler certaines choses.
Ainsi, j’ai découvert que le Culte Sorcier que les gens pensaient qu’il avait disparu existait toujours. J’ai aussi trouvé pourquoi autant de nos ancêtres ont risqué la prison, la torture et la mort plutôt que d’abandonner le Culte des Anciens Dieux et l’amour des anciennes pratiques. J’ai compris la signification cachée de ce qui se trouve dans une phrase d’un livre de Fiona MacLeod : « Les Anciens Dieux ne sont pas morts. Ils pensent que nous sommes».
Je suis membre de la « Society for Psychical Research » et je fais partie du comité de la « Folklore Society ». Je souhaitais parler de ma découverte, mais je me suis vu opposé un refus catégorique. Elles m’ont dit : « Que l’Age des Persécutions n’est pas fini et que les bûchers se rallumeront ». Lorsque j’ai dit à l’une d’entre elles : « Pourquoi conservez-vous toujours toutes ces choses secrètes, il n’y a plus de persécutions de nos jours ? ». On m’a répondu : « Il n’y a plus de persécutions ? Si les gens savaient ce que je suis, chaque fois que dans le village un enfant tombera malade ou que des poulets mourront, ils m’en rendront responsable. La sorcellerie ne paie pas pour les fenêtres brisées ».
Je me souviens qu’enfant j’ai lu un article sur une femme brûlée vive pour Sorcellerie en Ireland du Sud, mais je ne pense pas qu’il puisse y avoir de telles persécutions de nos jours en Angleterre. Les sorcières m’ont tout de même autorisé à écrire au sujet du Culte sous forme d’une fiction, un roman historique où une sorcière parle un peu de ses croyances et de la manière dont elles furent persécutées. Le livre a été publié en 1949 sous le titre de « High Magic’s Aid ».
En 1951 s’est produit un évènement très important, le gouvernement a fait voter le « Fraudulent Medium Act » qui a abrogé et remplacé le « Witchcraft Act » qui permettait encore de nos jours de poursuivre les spirites. Je pense que cette loi est unique, car elle reconnaît légalement l’existence de vrais pouvoirs médiumniques et psychiques.
Je pense que, finalement, le sens commun et la liberté religieuse ont triomphé, mais le vote de cette loi fut très désagréable pour certains groupes religieux qui prêchaient contre le spiritisme depuis des années et essayaient de le faire déclarer illégal, car « œuvre de Satan », tout comme d’autres sociétés qui les dérangeaient comme la Franc-maçonnerie et bien sûr la sorcellerie.
Il y a à peu près un an ce Musée a ouvert ses portes et je me flatte de montrer ce qu’est en réalité la sorcellerie, une ancienne religion, qui n’avait en aucun cas à craindre l’hostilité de qui que ce soit. J’ai dû réaliser combien je me trompais.
Chaque tentative de montrer la sorcellerie sous un visage qui pourrait sembler favorable ou pour contredire l’ancienne représentation qui voyait la sorcellerie comme quelque chose de mauvais et de démoniaque, voire même de la présenter comme un objet légitime d’étude, peut entraîner des réactions les plus inattendues. Les vertus humanistes que Charles Saltman définit comme « sensibilité, intelligence et érudition combiné à l’intégrité, la curiosité et la tolérance » a encore un long chemin à faire pour lutter contre les mentalités issues du Malleus Maleficarum.


 

 

   

 

 

 

 

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