Il y a eu des sorcières de tous temps (4)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

La religion des anciens celtes était très différente de celle des scandinaves, mais les druides étaient des prêtres, des médecins et des enseignants responsables des bonnes ou des mauvaises récoltes, ils rendaient les femmes et le bétail fertiles et provoquaient un sommeil (hypnotique) magique.
Les auteurs latins et gaéliques nous donnent une assez bonne idée de la haute opinion qu’avaient les habitants du pays pour leurs Druides et, tant en Gaule qu'en Irlande, on pensait que le culte venait de Grande-Bretagne. Ils y envoyaient leurs « étudiants en théologie » pour apprendre ces doctrines à la source la plus pure. Pline l'Ancien nous dit que la Grande-Bretagne « pourrait avoir appris la magie en Perse ». Nous ne connaissons que peu de leurs enseignements, mais ils croyaient en la réincarnation.
César nous raconte qu’ils croyaient cela : « les Ames ne sont pas annihilées, mais passent -après la mort- d'un corps à un autre... ; par cet enseignement, les hommes gagnent en courage et ne craignent pas la mort ». C'était ce qu’ils croyaient ; ainsi les hommes d'Ulster ont poussé le héros Cuchulain à se marier, car ils ne voulaient pas que la tribu perde un aussi grand guerrier et ils savaient qu'il se réincarnerait à nouveau parmi ses descendants. Le Livre de la Vache de Dun nous raconte que le célèbre Fin mac Coul s’est réincarné en Ulster en la personne de Roi Mongan, deux siècles après sa mort.
Il y avait aussi une classe de devins appelée « Druidesses » que mentionnait César dans son « De Bella Gallica », qui était considérée comme encore plus ancienne que les Druides ; elles se métamorphosaient et semblaient avoir toutes les caractéristiques des sorcières. Elles faisaient pleuvoir en aspergeant d'eau des vierges nues ou autour d’elles. Les chrétiens les accusaient « de baptiser » des enfants en paganisme. On ne pouvait entrer dans leur groupe que par l’initiation et en apprenant et en pratiquant leur savoir secret. Les premiers chrétiens redoutaient beaucoup leurs pouvoirs magiques qu’ils attribuaient au Diable.
Si nous savions vraiment ce que les Druides croyaient et enseignaient, s'il n’y avait qu’une seule forme de croyance et s'il existait diverses églises parmi eux, il serait plus facile de dire s'il y avait ou non un lien avec la sorcellerie. La sorcellerie peut avoir été une forme de pensée purement classique, d’une forme extrêmement élevée ou très basse, la religion imaginaire de nombreuses femmes, une vile hérésie ou plus simplement la religion des habitants du pays, mais qui n’intéressait plus aucune personne convenable. Il est tout à fait possible que ce soit plusieurs de ces éléments à différentes époques et parties du pays.
A mon avis, c’était la religion des peuples proto-celtes qui avaient leurs propres dieux et les Druides pensaient qu’il était bon et juste que les gens aient et adoraient leurs propres dieux.
Mais, lentement, des idées celtiques s’y sont immiscées. Je pense que le mythe de la déesse est clairement une de ces idées. Il s’agissait d'une déesse celtique mineure qui par sa beauté et sa douceur a provoqué de grands changements dans le culte des chasseurs primitifs.
Ce n’est qu’une simple conjecture de ma part et je donne cet avis personnel, car on ne me permet pas de détailler les rites et les prières sur lesquelles je base cet avis. Cela peut aussi, bien sûr, être le contraire, il y a pu y avoir un culte celtique traditionnel où des croyances et des pratiques plus primitives se sont insinuées lorsqu’il y a eu contact après l'invasion romaine et l'introduction du Christianisme, et il faut aussi tenir compte de l’influence des religions à mystères grecques et romaines.
Après l'invasion saxonne, il y a probablement eu un afflux de Chrétiens romano-briton, qui ont adhéré au culte sorcier en pensant que l'invasion était une punition car ils avaient abandonné les anciens dieux et que les dieux des sorcières étaient les vrais anciens dieux sous d'autres noms.

Cela peut être qu’une coïncidence, mais, au Mexique, il y avait à l’époque pré-colombienne un culte sorcier très proche de celui qui existe en Europe. Ils avaient une déesse, ou reine-sorcière, toujours représentée nue et portant ou chevauchant un balai (cela représentait la propreté ou la pureté rituelle au Mexique). Les sorcières européennes attachent une grande importance à la propreté et la pureté.

A leurs réunions, les femmes étaient toujours nues, mais portaient un pendentif ou une courte cape (en Europe, les sorcières femmes attachent une grande importance à leurs pendentifs). Au Mexique, les hommes portaient un pagne de peau, comme les sorcières irlandaises, mais le retiraient pour certaines cérémonies. Les Indiens n'embrassaient pas, mais donnaient une caresse de bienvenu. Ils travaillaient d'habitude dans de petites pièces, où il y avait des peintures murales, qui conservaient la puissance produite. Les sorcières utilisent un cercle dans le même but.

Même s’il n’est pas impossible qu'il y ait eu des contacts de part et d’autre de l'Atlantique avant Christophe Colomb, je pense qu'il est plus probable que des raisons semblables aient produit les mêmes effets des deux côtés de l’atlantique.

 

 

 

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