Dans tous les procès de sorcière, il semble que de nombreuses réponses données étaient exactes, si vous réalisez que « le Diable » était tout simplement un homme qui portait souvent un masque. Il était le Grand Prêtre, qui, comme lors de rares cérémonies actuelles porte un casque avec des cornes, qui sont probablement ce qui reste du masque. Il semble que, lors de certaines cérémonies sorcières en Australie de vrais masques sont parfois portés, mais comme ces cérémonies ont, dit-on, lieu dans des « studios » il s’agit peut être seulement d’une licence artistique, même si je pense qu’il s’agit probablement d’une tentative de renouer avec l’ancienne pratique. Par exemple, Jeanne Belloc, sous le règne d’Henri IV de France, a été inculpée pour sorcellerie alors qu’elle avait 80 ans. Elle a dit avoir assisté à un Sabbat en 1609, où elle a été présentée au Diable, qui l’a embrassée, une marque d’acceptation qu’il n’accorde qu’aux plus grandes sorcières. Elle a déclaré que le Sabbat était vraiment une sorte de bal masqué, auquel les gens se rendaient souvent déguisés en chiens, chats, ânes, porcs et autres animaux, alors que d’autres venaient sans être déguisés. Si vous prenez cela comme une réunion du Peuple des Bruyères et d’autres croyants qui portaient des déguisements d’animaux pour obtenir une chance magico religieuse et la fertilité de leurs animaux domestiques, comme les hommes préhistoriques des grottes avaient l’habitude de faire, et en même temps pour s’amuser et qu’elle, comme membre éminente du culte, a été naturellement présentée au leader, qui l’a embrassée, tout comme cela peut se produire de nos jours, alors son histoire est tout à fait compréhensible.
Il y a même une histoire écossaise où une jeune sorcière qui en avait assez d’écouter le « Diable » essayer de jouer de la musique à danser sur une sorte d’harpe juive, lui a arraché l’instrument des mains et lui a collé une claque amicale sur la joue avec lui disant qu’elle pouvait jouer bien mieux que lui. Cette histoire à elle seule démolit l’idée selon laquelle le « Diable » qui présidait aux Sabbats était une sorte d’être surnaturel. Imaginez le Satan de Milton giflé par une domestique écossaise!
George L. Gomme, dans « Folklore as a Historical Science » (p. 201 et suivantes), souligne l’importance de l’initiation dans le culte des sorcières. Il met l’accent sur l’existence d’une caste à l’écart de la population. Cette caste est très ancienne et développe ses pouvoirs, nous renvoie à cette initiation siècle après siècle. Il est clair que de temps en temps des étrangers à ce groupe étaient initiés dans la caste des sorcières et perpétuaient leurs pratiques et assumaient des fonctions dans la caste, même s’ils n’y étaient entrés que comme novices et étrangers. Nous arrivons donc à ce qu’on pourrait qualifier de moyen artificiel pour créer des superstitions dans un groupe particulier. Ceci fut influencé au Moyen-âge par la croyance de la survivance dans certaines familles et groupes de personnes, de pratiques traditionnelles acquises, par l’initiation et l’enseignement familial. C'est exactement ce qui s'est passé. C'est un groupe familial, si vous voulez, mais toute la famille n’en faisait pas partie, seulement ceux qui était initiés et d’autres personnes issues de familles non sorcières rejoignaient parfois la caste et étaient initiées. Aujourd’hui, les membres du Culte ne se considèrent généralement plus comme faisant partie d’une caste, ils estiment plutôt faire partie d’un genre de « famille » à part. Lors d’une réunion de sorcières, où j’étais présent, nous avons parlé d’une visite à un club naturiste et une femme a dit: « je n’aimerais pas ça ». J’ai dit : « Pourquoi pas ? » Et la réponse a été: « Ici ça ne me dérange pas d’être nue, bien sûr, mais je ne voudrais pas être nue devant d’autres personnes ». Exactement le sentiment de « caste »!
Pour revenir à l’idée selon laquelle tous les Mystères ne sont qu’un, je pense que cela signifie clairement que ce sont ce qu’on pourrait qualifier de formes « naturelles » de religion qui est ressentie comme étant vraie par les européens. Ceux d’Orient et d’Afrique ont aussi leurs propres formes de religions « naturelles », qui peuvent être différentes des formes européennes. Le christianisme, sous la forme que nous connaissons du moins, est une religion orientale qui a été imposée de force par ses dirigeants à l’Occident, et même si il a des côtés positifs, ce n’est pas la Religion Naturelle pour les gens de ces pays. C’est, je pense, une des raisons pour lesquelles le culte des sorcières a survécu aux persécutions les plus cruelles et déterminées que l’humanité n’ait jamais connues.
Platon a écrit, « ce qu’est la maladie de l’esprit, ce qui l’émousse, comment il peut être clarifié, peut être appris par la philosophie. Car par les lustrations des Mystères de l’âme il se libère et atteint une condition divine d’existence. Ainsi, la discipline volontairement endurée est de la plus grande utilité pour la purification .... En entrant dans la partie interne du Temple, impassible et gardée par les rites sacrés, ils recevaient réellement l’illumination divine en leur cœur, et dépouillés de leurs vêtements, ils participaient de la nature divine ». Les mêmes idées se retrouvent dans les spéculations de Thalès. Proclus, dans son livre « Sur la Théologie de Platon » a écrit, « l’esprit est affecté et agité dans la mort, tout comme dans l’initiation aux Mystères, et le mot répond au mot, tout comme la chose à la chose, car mourir et être initié, c’est la même chose. Avec les hymnes, les danses, le savoir sublime et sacré, couronné et triomphant, ils se déplacent dans les régions des pénis ».
Il a un vieux dicton qui dit : « La différence entre orthodoxie et hétérodoxie est que l’orthodoxie est ma doxie et l’hétérodoxie est la doxie de quelqu’un d’autre ». La doxie de Jean Calvin (un homme très laid) a été consacrée dans son célèbre : « Tout plaisir est un péché. » De nos jours, la plupart des gens modifie un peu cela en disant: « Mes plaisirs sont innocents, les plaisirs de tous les autres sont péchés ». Les sorcières ne peuvent comprendre cette mentalité. Elles sont plus proches de la moralité du légendaire Bon Roi Pausol : « Faites ce que vous voulez tant que vous ne nuisez pas à autrui ». Mais elles pensent que certaines lois sont importantes, « Vous ne devez pas utiliser la magie pour tout ce qui va causer du tort à autrui, et si, pour empêcher qu’un plus grand mal soit fait, vous devez importuner quelqu’un, vous ne devez le faire que de manière à réduire le préjudice ». Cela signifie qu’il faut discuter au préalable de chaque action magique, pour veiller à ce que nous ne risquons pas de faire de tort, ce qui crée une façon de penser et d’apprécier les résultats de ses actions, en particulier sur d’autres personnes. Vous pouvez dire qu’il s’agit là de christianisme élémentaire. Bien sûr c’en est, mais c’est aussi du bouddhisme élémentaire, de l’hindouisme, du confucianisme et du judaïsme, pour ne citer que quelques religions.
« Tant de Dieux, tant de croyances,
Tant de chemins qui serpentent et serpentent,
Alors que l’art d’être aimable
Est tout ce dont le monde à besoin. »
Dans son « Gypsy Sorcery » Leland dit, (P.435) :
Une classe de juges et d’Inquisiteurs comme Bodin en France et Sprenger en Allemagne est apparue. Ils ont rédigé de longs traités sur la façon de découvrir les sorcières et leur faire subir la question et, plus généralement, ils présidaient aux procès de sorcellerie. La cruauté de ces manuels ne peut être comprise que si l’on réalise que leurs auteurs estimaient qu’elle se justifiait par des motifs de fidélité à l’Église du Christ et à la religion. La terreur brutale s’est propagée, en particulier chez les plus intelligents qui redoutaient à tout moment d’être accusés de sorcellerie, ce sentiment fut responsable d’une ambiance intolérable. L’intellectuel ou le riche pouvaient être accusés à tout moment par tout coquin qui désirait porter une accusation. Ce qui est curieux c’est que la plus grande partie de la population n’a pas tenté de mettre fin à ce terrible état de choses, mais ils ne le pouvaient pas, car l’ensemble du système était encouragé par l’Eglise qui était responsable de toutes les persécutions.
Nous pouvons comprendre ce que tout cela signifiait pour une sorcière, on peut se demander ce que cela aurait signifié pour le fondateur de la religion chrétienne.
wica wicca Gerald Gardner