Pensée Magique (2)

par Gerald Gardner (traduction Ameth)

 

J’ai lu que beaucoup de gens décrivent la magie, ou « la tentative de magie », comme étant exécutée en imitant le résultat souhaité, c’est à dire en « montrant au Pouvoir ce qu’il faut faire » et en répétant une formule rimée pour que cela marche. Je présume qu’ils pensent que l’imitation fait que l’effet se produit, lorsqu’il est « déclenché ailleurs » ce que ferait la formule rimée. Je préfère penser que faire l’acte imitatif, faire une représentation de la chose, etc., ne sont que des moyens utiles pour focaliser l’esprit. Ceci est renforcé et mené à l’inconscient par une répétition des mots (le Charme). Cela n’a pas besoin d’être sous forme rimée, mais le rythme ou l’allitération sont une aide pour la mémoire, en effet, vous ne pouvez pas envoyer une idée à votre inconscient et fixer votre esprit exactement sur votre objet si vous devez vous arrêter et réfléchir à quel sera le mot suivant. Le fait de lire distrait votre attention même si ce n’est que légèrement. En fait, vous voulez quelque chose qui s’exprime presque tout seul. Je ne peux pas pour le moment retrouver de charme sous la forme d’un limerick, bien que cela existe sans aucun doute, mais ils se disent presque tous seuls et l’impact de la rime finale est très efficace. Je pense aussi que le « Charme » devrait faire textuellement référence au travail en cours, même si certains disent que ce n’est pas nécessaire et que les mots d’une langue inconnue, particulièrement « l’Enochien », comme ceux employés par le Dr. Dee et Edward Kelly (et plus tard par Aleister Crowley) ou une série de mots dont la signification est inconnue, « les noms barbares d’évocation » ont le meilleur des effets même si pour les employer efficacement vous devez les apprendre par cœur de manière à ce qu’ils « sortent tous seuls » à l'instant approprié sans aucun effort de mémoire. Il y a une pratique sorcière qui consiste à lever le maximum de pouvoir puis de dire clairement ce qui est exigé et de terminer avec une formule dont je peux donner les deux dernières lignes. Ca se « dit tout seul » en terminant par une grosse expiration en disant : « Comme je le veux, qu’il en soit ainsi, chante le charme et que ce Soit Fait ! ». Une personne qui pratique la magie qui a découvert cette formule m’a dit tristement, «  J’aime cela bien plus que nos formules. Je suis si fatigué de bêler, « j’exige ceci » et « j’exige cela » en finissant docilement par « Si c’est Ta Volonté » et « Ta Volonté sera Faite ».

Mme Nesbit a écrit il y a de nombreuses années que pour faire de la magie vous devez exprimer votre veux dans une formule rimée inédite composée à ce moment, et pire sera la poésie meilleurs seront les résultats,  mais je ne pense pas qu’elle ne l’ait dit sérieusement ! C’est comme dans une histoire humoristique de H. G. Wells où il émettait l’idée que tous les ingrédients pour faire de la magie devaient invariablement être les pires. Il prenait en exemple le cas d’un œuf, s’il fallait en utiliser un dans la recette il devait être pourri. Mais ce n’est pas tout à fait aussi stupide qu’il n’y paraît en ce qui concerne certaines formes de magie. Le défunt Aleister Crowley a affirmé que les sentiments soudains de dégoût pouvaient avoir un grand effet sur certaines natures et il n’y a aucun doute qu’il a fait en ce sens les expériences les plus extraordinaires. Les « grands secrets Tantriques » qu’il a utilisés dans son ordre secret, l’O.T.O. (Ordo Templi Orientis ou Ordre des Templiers d’Orient) étaient de cette nature et il n’y a aucun doute qu’il a occasionnellement produit des résultats, même si je pense que c’était parce qu’il avait lui-même naturellement des pouvoirs exceptionnels. Mais il était fasciné par ces pratiques dont je ne peux que dire que ce sont des pratiques révoltantes qui convenaient à sa nature. Comme il m’a dit un jour : « les pratiques des sorcières sont très bien pour des personnes qui aiment ce genre de choses, des gens de cette nature, mais j’aime quelque chose où je peux me vautrer et y rester pendant huit heures » et je pense qu’il le pouvait. Mais il devait prendre une quantité croissante de drogues dangereuses pour y parvenir et bien qu'il les ait employées de manière intelligente et pouvait en supporter des quantités inimaginables il a fini par en souffrir. C’était un vieil homme quand il est mort mais il avait conservé toutes ses facultés.

 

 

 

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