par Gerald Gardner (traduction Ameth)
Il est, je pense,
assez connu que les sorcières ont quatre grandes fêtes : la veille de Mai, la
veille d'Août, la veille de Novembre (Halloween) et la veille de Février. Ces
fêtes semblent correspondre aux divisions de l’ancienne année gaélique qui était
entrecoupée par les quatre fêtes du feu de Samhaim ou Samhuin (le 1er novembre),
de Brigid (le 1er février), de Bealteine ou Beltene (le 1er mai) et de Lugnasadh
(le 1er août). Les fêtes correspondant au milieu de l’hiver et au milieu de
l'été étaient toutes deux dites avoir été fondées en l'honneur des déités
féminines : Brigid est une très ancienne déesse des tâches ménagères et du
foyer, Lugnasadh fut fondé par Lugaidh en l'honneur de sa « nourrice » Taillte.
D’un autre côté, les fêtes sorcières estivales étaient célébrées en l'honneur de
la déesse et c’est elle qui y est mise en avant, alors que lors des fêtes
hivernales c’est le dieu qui est mis en avant.
Il me semble qu’en pratique la déesse est mise en avant en été, elle chevauche
un manche à balai (ou un autre bâton) devant le dieu, s'il est présent ; mais,
en hiver, il ne lui est pas supérieur, il a juste la même place qu’elle, ils
chevauchent tous deux côtes à côtes. Mais, il est vrai qu'en été les prières
sont adressées principalement à la déesse, alors qu'en hiver elles le sont
principalement au dieu.
Le dieu est représenté par le grand prêtre (s'il y a un) et c'est lui qu’on
appelait le diable autrefois. J'étais très curieux à son sujet et quand je fus «
des leurs », j’ai immédiatement demandé à un membre du culte : « Qui et qu’est
ce qui est appelé le diable ? ». Les membres du culte n'emploient jamais ce mot
et ils n’aiment pas ce terme, mais ils savaient de quoi je voulais parler et ils
ont dit : « Vous le connaissez, le leader. Il est le grand prêtre, le mari de la
grande prêtresse ».
Cette réponse, bien que bonne, n'était pas la réponse exacte. Elle aurait dû
être : « c’est celui que la grande prêtresse désigne pour ce rôle ». Dans la
pratique, elle choisit toujours son mari s'il a le rang suffisant, mais elle
peut nommer n'importe qui, s’il en a la capacité, y compris elle-même. Elle
portera alors une épée au côté et agira comme un homme. Autrefois, on nommait
souvent un visiteur qu’on voulait honorer.
A l’époque où ceux des bruyères tenaient leurs réunions, le grand prêtre était
un homme très instruit dans les matières concernant le culte, probablement un
chef tribal, ou peut être un druide, et chacun savait très probablement de qui
il s’agissait. Il était le dieu cornu, il recevait les honneurs divins et avait
probablement priorité sur la grande prêtresse. Mais, à l’époque où les sang-mêlé
sont devenus majoritaires dans le culte, je pense qu’un homme masqué (inconnu) a
pris sa place. Il s’agissait probablement du seigneur normand du manoir ou d’un
ecclésiastique local qui protégeait le culte en secret.
Il est très probable qu'il pouvait être convenu qu’à une rencontre l'inconnu
masqué (que j’appellerai par convenance « le diable ») occupait cette place
puis, lors de la rencontre suivante, c’est l’ancien chef tribal connu de tous
qui la prenait.
Il semble très probable aussi que cela dépendait des conventions locales. On a
rapidement constaté que les assemblées de fermiers, de pêcheurs et autres
personnes non initiées craignaient le grand inconnu et, ainsi, le culte est
devenu plus puissant. Ensuite, même lorsque l’ancien chef tribal tenait ce rôle,
il se masquait et demeurait anonyme. L'église l'a appelé le « diable » et on l’a
désigné sous ce nom.
J’ai demandé : « Si cet homme mystérieux se présentait, comment le
reconnaîtriez-vous ? » et j'ai constaté que les sorcières plaisantaient à ce
sujet. Elles ne sauraient pas s'il était réellement ou pas ce qu’il prétendait !
Cela n’était jamais arrivé à leur connaissance, mais il est toujours possible
qu’un membre d’un autre coven se présente et revendique ce droit. La grande
prêtresse a dit : « Je lui parlerai et si je constatais qu’il a vraiment un
grand savoir et que je l’apprécie et que je le trouve intéressant, alors je le
traiterais comme un visiteur important et je le désignerais pour ce jour. Une
autre grande prêtresse pourrait réagir autrement » et a poursuivi : « j’aimerais
qu’un grand prêtre comme autrefois se présente, un grand mécène avec une grande
maison et des terres où l’on pourrait se réunir. S'il était vraiment des nôtres,
je ne me soucierais pas trop au sujet de ce qu’il sait. Je le désignerais et lui
enseignerais la tâche ».
Ainsi, voila une opportunité pour qui veut tenir le rôle du Diable !
Je pense que je dois être clair. Le diable est, ou plutôt
fut, une invention de l’Eglise. Les sorcières ont constaté que lorsque les gens
pensaient que Satan était l'un d'entre eux cela renforçait leur puissance, elles
l’ont accepté sans vraiment l’adopter, même si elles ne lui ont jamais donné ce
nom, si ce n’est peut-être, sous la torture, et encore, comme l’a précisé le Dr
Murray, parfois dans une confession faite sous la torture, les sorcières le
désignaient comme leur dieu ; mais, dans la transcription produite devant le
tribunal, il était noté le mot DIABLE. Mais vous ne pouvez pas blâmer la pauvre
sorcière pour cela.
Les tortures qu’ont endurées les sorcières feraient admettre n'importe quoi à
n'importe qui. J'ai entendu qu'un grand homme a dit alors : « s'ils me faisaient
cela, ils pourraient me faire admettre que j’ai assassiné Dieu le Père, le Fils
et le Saint Esprit ainsi que la Vierge ».
Avant de terminer, j’aimerais mentionner un ou deux sujets qui peuvent être liés
avec le sujet de la sorcellerie, dans l'espoir que quelqu'un puisse m’en
apprendre un peu plus.
wica wicca Gerald Gardner